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colombe de la paix

drapeau des Nations-Unies


PHILOSOPHIE DE LA VIE 

ET L’ENGAGEMENT POUR LA PAIX  ?


~o ~ Quelques Réflexions liées ~o ~



Faut-il donc un archétype de  la paix ou continuer de la positionner vis-à-vis de la guerre ? Telle est la question fondamentale posée !

Trouverons-nous, le sens à cette existence apaisée qu’Herbert MARCUSE assigne à l’homme comme fin de l’histoire ?

La paix, n’exclut pas les rivalités, les luttes et les conflits. C’est le mode de  leur résolution qui est posée ! Dans ses réflexions sur l’amitié, ARISTOTE, définissait la CONCORDE comme un équilibre auquel doivent sans cesse  veiller les hommes de bien, attentifs à ce que jamais l’intérêt particulier vienne à l’emporter sur l’intérêt général.

L’innovation du dépassement par la créativité (C.F.John GALTUNG) ou celle de l’harmonie proposée par la tetrasociologie chère à Léo SEMASHKO,  consiste à penser la paix  en soi et entre structures, et non plus sur la base de traités consignant un rapport de forces. Léo SEMASHKO combine l’idée structurelle fonctionnelle occidentale de sphères sociales avec l’idée de valeur d’harmonie de l’Orient. Il envisage la création d’Académies de l’harmonie basée sur l’harmonie sociale comme l’unité et le consentement de la diversité humaine. Il pense qu’il s’agit d’une aspiration consciente pour atteindre un équilibre au niveau structurel le plus fondamental des sphères de la société ?

Le Professeur GALTUNG l’a démontré : le compromis, loin d’apaiser les tensions, les reportent, les déplacent, les conduit à se maturer davantage. Ceci, car le compromis ne règle pas les tensions qui demeurent ; il ne règle pas fondamentalement la logique du gagnant et du vaincu.

Le recours à l’expert : juge, police, Instances diverses des Etats ou continents, crée une frustration car la décision dite finale, est tranchée par un tiers extérieur aux parties du conflit. L’insatisfaction demeure et peut engendrer de nouveaux troubles ou l’esprit de revanche.

De nos jours avec le terrorisme, nourri en grande partie par la pauvreté et l’écart croissant de la répartition des richesses entre le Nord et le Sud, il est évident que les consciences individuelles sont prégnantes à la condition sociale et l’idéologie de haine ou d’affrontement qu’elle soit d’essence du fondamentalisme religieux ou autre, se nourrit de ce constat. Cette situation crée une situation inédite éloignée de la conception du rôle de l’Etat telle qu’analysée par HOBBES, puis par le droit positif de LOCKE, ROUSSEAU, …

C’est l’éducation à la paix et à la non-violence dés le plus jeune âge par l’éducation familiale et scolaire qui peut créer cet esprit de concorde. Mais pour cela, les adultes eux-mêmes, doivent être aptes à maîtriser la logique de paix. Ceci, car la vie est mouvement. Il y aura toujours des contradictions à résoudre, des maux à combattre. En ce sens, être homme et femme, sont des efforts sans fin… Sinon, l’être humain est toujours balloté par les phénomènes extérieurs changeants. Cependant, il y a 2 façons de comprendre cette contradiction : celle du changement intérieur qui intériorise la réalité de l’autre, ou celle de voir dans l’autre, l’extérieur, l’étranger, la cause de  tous ses problèmes et de vouloir régler cette crainte, cette peur de l’autre, par le conflit et la victoire de l’un des camps sur l’autre qui peut aller jusqu’à sa suppression physique ou l’aliénation physique, morale, psychologique par des tels : la torture, les brimades, les privations alimentaires, l’expropriation de territoires ou leur altération, l’atteinte aux libertés individuelles et collectives……

Le très spirituel Jean de la CROIX dans la strophe X de son cantique a écrit que le cœur ne peut-être en paix ni en repos sans quelque possession, et lorsqu’il est affectionné, il n’a plus de possession de soi ni d’autre chose.

Ainsi, l’art par son langage, ses formes, couleurs et sa musicalité, universels, a ce pouvoir de synthèse d’unir les cœurs et de toucher les âmes par l’émotion qu’il procure  et qui transcende  et apaise les esprits. L’amour, qu’il concerne une relation entre deux êtres ou l’amour universel pour le genre humain  et son environnement a ce pouvoir d’harmonie et de paix pour déboucher sur l’harmonie entre les cultures, mais cet état d’amour absolu est souvent temporaire et perturbé par les turbulences de l’existence.

Le philosophe Jacques DERRIDA, dans son adieu à Emmanuel LEVINAS (éditions Galilée p.152 -1997), à propos du visage, mentionne que de l’autre, en tant qu’autre, n’aura pas été de quelque façon accueilli dans l’Epiphanie, dans le retrait ou la visitation de son visage, il ne saurait y avoir de sens à parler de paix. Avec le même, on n’est jamais en paix.

NIETZSCHE, a écrit des propos qui, pour certains, ont contribué à la volonté de puissance des nazis ou autres dictatures tels : «  Il faut être riche en opposition, ce n’est qu’à ce prix que l’on est fécond, on ne reste jeune qu’à condition que l’âme ne se repose pas, que l’âme ne demande pas de paix. » L’homme est-il voué à n’être qu’un loup pour l’homme comme le pensait HOBBES ?

Même Pascal dans ses pensées (298) a rédigé que la justice sans la force est impuissante.

C’est du dépassement par la créativité que le conflit toujours potentiel peut être transmuté d’une contradiction antagonique en contradiction non antagonique.

COMMENT ?

La véritable paix, suppose un courage qui dépasse celui de la guerre, elle est activité créatrice, énergie spirituelle, nous dit JUNGER, dans son ouvrage : « La Paix » -Editions de la table ronde p.151.

Aucune paix extérieure ne peut-être assurée sans paix intérieure entre les hommes, décline Karl JASPERS, dans son essai relatif à origine et au sens de l’histoire.

La paix a toujours été jusqu’à présent une préparation à la défense ou même à l’attaque, en tout cas à la guerre, indique Henri BERGSON p.27 de son livre : « Les Deux sources ».

L’idée de paix perpétuelle chère à KANT dont je parlerai plus loin, ne peut qu’être discréditée par les faits de guerre ; ainsi, il n’y a pas d’absolu et le doute devient la croyance en le caractère inéluctable de la guerre. La guerre d’ailleurs, ce n’est pas qu’entre Etats, ethnies, idéologies religieuses ou politiques, elle débute déjà dans sa famille, auprès de ses voisins, collègues de travail, ……

Si la paix, suppose que l’état de guerre n’est pas l’état normal des relations humaines, Raymond ARON à la page 696 de son ouvrage : « Guerre et paix » précise que la doctrine de paix ne doit pas s’attacher premièrement aux enjeux et aux acteurs, mais, au fondement de la situation hobbesienne.

En relisant le LEVIATHAN, chapitre XXVIII, HOBBES, pense que le but de cette institution est la paix et la défense de tous, et que quiconque a droit à la fin aux droits et aux moyens.

HOBBES, mentionne le rôle de l’Etat et ce dernier peut recourir à la force. Cependant, l’histoire des civilisations nous rappelle que l’Etat peut aussi être un belligérant de la guerre.

Déjà, les appellations de : Ministère de la défense, des armées, de la marine, de la sécurité collective, il a même existé l’appellation de Ministère de la guerre, sont dans la logique de l’affrontement proclamé ou possible.

L’appellation d’un Ministère de la paix respecterait, dès l’appellation, cette volonté politique d’œuvrer à la paix et symboliserait une démarche d’Etat tournée vers cet objectif.

Pour Emmanuel KANT, la  paix n’est pas l’état naturel entre deux guerres et n’a de signification qu’en étant perpétuelle. Il convient d’unir les Républiques libres, en les réunissant en une fédération qui ferait respecter le droit des gens choisis par et pour les différents peuples, puis, en définissant le droit cosmopolite et le droit doit être basé sur la morale et la raison. ?

L’ONU peut sembler correspondre à cette ambition, mais présentement, l’aspect de la nation l’emporte exclusivement sur les considérations d’intérêt général et à mon sens, au IIIe millénaire, certes sans ambiguïté dans les attributions, et avec un contrôle de la cour internationale de justice lorsque la question du respect de la vie est bafouée par un Etat ou des groupes sociaux, l’ONU devrait disposer d’un pouvoir de sanction et de coercition, international.

Le respect des droits ne peut s’exercer sans la contrepartie des devoirs.

C’est bien par l’éducation, que l’on peut agir sur les consciences car réduire ou limiter les armements, puis les supprimer ; sont-ils des objectifs réalisables en dehors de la création d’un nouvel état d’esprit pour l’humanité ?

De ce point de vue, l’UNESCO et l’ONU ont d’importantes responsabilités. Il existe actuellement (le 21 septembre) une journée internationale de la paix des Nations Unies, mais, cette journée peu ou pas médiatisée (hélas !), est connue des seuls initiés : élus des communes, membres des clubs UNESCO ou de mouvements pacifistes.

L’UNESCO pourrait proposer un programme scolaire et université diffusable pour toutes les cultures, langues et nations, adopté par son conseil exécutif, validé par les Etats, lequel, au cours de la 3e semaine annuelle de septembre proposerait  cette invitation à l’esprit de paix, à cette "révolution de l’esprit" (expression de Guy CREQUIE) à toutes les consciences des enfants et adolescents, avec bien entendu, une adaptation du programme selon les tranches d’âge.

Les peuples sont à représenter directement par un conseil des peuples admis avec voix délibérative au sein de l’Assemblée générale des Nations Unies.

Indépendamment des Etats, chaque citoyen devrait disposer de la possibilité de participer au financement des activités des Nations Unies en connaissant le rôle de cette vénérable institution au cours d’une journée annuelle télévisée et popularisée dans la presse écrite et les radios.

De même, que l’ancienne société des nations dans les années 1930, a organisé des semaines d’éducation à la paix, l’ONU pourrait reprendre ce type d’initiative dont la responsabilité pourrait être confiée aux réseaux de l’association mondiale des Maires, départements et régions pour la paix. Ceci afin que, dans chaque pays, le maximum de citoyens participent à ce mouvement  humaniste de proximité.

L’OIT (organisation internationale du travail)  dispose de la possibilité de signer une convention avec les Etats pour l’élaboration de la présentation d’une conférence relative à la nécessité de la paix (texte validé ensuite par les représentants nationaux des organisations patronales et syndicales.) Cette conférence annuelle d’une durée de 2 heures serait présentée par site aux salariés par un représentant de l’entreprise ou l’établissement.

Peut-être avec cette prise de conscience que nous sommes tous des citoyens universels, appartenant tous au même genre humain, viendra le jour, dans 200 ou 300 ans, où comme l’espérait MARX dans les manuscrits : la transparence des rapports sociaux sera telle qu’il suffira d’être un être aimant pour être un être aimé……

C’est donc bien l’archétype de la paix qui devrait prévaloir avant la riposte en réaction.

La vie est sans arrêt équilibre/déséquilibre, c’est donc la pédagogie de la conscience de l’intelligence de la nécessité de survie qui est l’enjeu comme concept unificateur des consciences.

Cette volonté passe par un engagement de la famille à l’entreprise, des élus municipaux aux médias, des structures de la société et de L’Etat, de l’école primaire à l’université…jusqu’aux responsables de gouvernements et de continents.

Il y faut une culture appropriée comme élément de la survie du genre humain de la paix. Alors seulement,  les armes nucléaires, les sommes colossales dispensées à l’armement, les appels la haine, d’origine religieux ou idéologique partisan, cesseront sous l’angle de la fin du pouvoir sur l’autre ou les autres qui passe par son agression ou sa suppression.

Ainsi, au traditionnel et célèbre : 
« Au commencement il y a le verbe…»  André MAUROIS suggéra cette formulation : « Au commencement, il y a l’action. »

En ce début de millénaire, l’engagement pour la paix a besoin du Verbe et de l’Action.



© Guy CREQUIE, 2009
Poète  et écrivain  français
Messager de la culture de la paix du Manifeste 2000 popularisé par l’UNESCO
Docteur Honoris Causa de l’Académie mondiale de la culture et des arts.
Blog http://guycrequie.blogspot.com






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