INTERNET-TRIBUNE-LIBRE

Du mercredi 12 septembre 2012



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Sommaire

Article 1 : NOUVELLE MENACE POUR LA CREATION CULTURELLE

par Jean-Jacques REY

Article 2 : HAITI : HOMMAGE COMPROMETTANT A DES CELEBRITES LITTERAIRES

par Claude SAINNECHARLES

Article 3 : REFUS DE LEGION D'HONNEUR : décision de Madame Annie THEBAUD-MONY

par Annie THEBAUD-MONY  (envoi de Martine BOICHOT CAMARA)

Article 4 : MONDIALISATION-NATIONS…ET ENJEUX PLANETAIRES !

par Guy CREQUIE

Article 5 : AMI, ENTENDS-TU LE VOL NOIR DES CORBEAUX SUR BOLLENE ?

par Mathilde FILLOZ

Article 6 : POUR SORTIR DU PIEGE DE LA DETTE PUBLIQUE

par ATTAC FRANCE / FONDATION COPERNIC  (envoi de Martine BOICHOT CAMARA)

Article 7 : MANIFESTE DE L'HOMME RESOLU : Pour changer le monde, changez-vous et proclamez-le !

par Marc JUTIER

Article 8 : LE SOUFRE DES ÉLECTIONS !

par Robert BIBEAU

Article 9 : SERVITUDE DU XXIème SIECLE

par Françoise Marie BERNARD  (envoi de Guy CREQUIE)



Article 1





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NOUVELLE MENACE
POUR LA CREATION CULTURELLE
 
 

     En guise de préambule, j’affirme ne pas être stimulé par l’appât du gain, et,  la concurrence « libre » (non faussée mais forcée) m’apparaît un jeu vain et stupide, tel qu’il peut être inventé par des gens qui s’ennuient sur Terre ! D’ailleurs je ne suis pas un « homme plante » et je refuse de consommer pour faire plaisir à des marchands d’engrais !
     L’information, la création culturelle, peuvent être vues comme des services rendus à la collectivité, à son intelligence et à la civilisation, mais certainement pas vues comme des marchandises… Et j’ajoute que l'Art, sous toutes ses formes, fait partie du patrimoine de l'humanité, c'est un bien commun, universel, que personne ne devrait s'approprier ! Au même titre que l'éducation et la santé, mais aussi l'air et l'eau, il devrait être déconnecté du commerce des services et marchandises.
     Fin du fin pour en finir là-dessus -au moins dans ce texte et provisoirement- je déclare que l'Art n'a pas être utile, il est une manifestation de l'esprit qui s'exprime, propre à la condition humaine, et partant de là, à la Vie.
     Cela admis, on sape un des paliers de la domination de l’idéologie néolibérale qui est à l’agonie, mais menace d’autant plus la Vie qui se charge de nous le rappeler ! …
 
     Néanmoins, les artistes y compris dans l’écrit, créateurs culturels par excellence, sont souvent méprisés parce qu’ils se font exploiter ; précisons : une majorité d’entre eux acceptent de se faire exploiter par besoin de reconnaissance ! En somme ils se font avoir pour se faire voir, mais ils sont mal vus, et il s’agit d’un phénomène qui a pris beaucoup d’ampleur ces dernières années !
     Soyons clair : pour ce qui touche le revenu des créateurs culturels : nous sommes dans un système complètement archaïque, en plus, nageant dans une escroquerie générale et généralisée, tellement bien qu’il en devient ubuesque…
     En prétendant édicter le « bon goût » et en l’exploitant sans vergogne, les tenants de l’industrie culturelle (y compris l’édition) ont gravement nuit à l’épanouissement de la culture et à la libre expression de la créativité, le tout évidemment sous le diktat des considérations financièresIls ont imposé la rareté de l’offre mais c’était plus pour garantir le profit que la qualité !
 
     Pour cibler encore mieux, comme j’ai déjà confié dernièrement à quelques uns, l’industrie culturelle et ses lobbies devraient arrêter de s’acharner sur les « sacrilèges » internautes… Leur modèle est devenu caduc. Et, en France, côté grand public, nous avons dix ou quinze ans de retard dans l’usage d’Internet, c’est pour cela que les Américains nous imposent leurs façons et services si facilement...
     Pourtant c'est le chantier du Futur et l'outil qui va permettre de recomposer les relations sociales, surtout s'il n'est pas confisqué par les marchands... Là, je pense que moult acteurs sociaux n'ont rien vu venir et, pire, ont fait semblant d'ignorer...
 
     Par exemple, tous ces gens anti-livre numérique, généralement anti-culture numérique et même anti-évolution tout court, sont prêts à faire ou laisser (plus commode) crever tous ceux qui ne pensent pas comme eux ; faisant ainsi dans le droit style de nombreux simplistes et conservateurs. Par conséquent, ils deviennent mes ennemis déclarés, digne de prendre la suite du « Sarko-band » qui nous a affligé ces dernières années, en France tout particulièrement mais pas seulement...
     Je leur dirai d’abord (poliment) : au sujet des usages culturels, faites ce que vous voulez, à votre aise et quand il vous plaira, mais laissez vivre les autres selon leurs choix !
Et deuxièmement : le boycott n’est pas qu’à sens unique et il peut être réciproque, il conforte toujours ceux qui ont le moins à perdre !
 
     Ces jalons étant posés, je veux attirer l’attention sur une menace autrement plus grave que les sensualistes du papier qui maudissent le progrès, croyant tout perdre avec le délaissement de leur jouet…
 
     Il y a des enjeux de pouvoir terribles sur Internet et par Internet. Les intermédiaires s’affolent ainsi que tous ceux qui tenaient les clefs du pouvoir jusqu’alors. Mais de nouveaux « ogres » arrivent. Ils veulent confisquer les possibilités de ce nouveau média à leur profit, pour faire la pluie et le beau temps comme les joueurs de filtres d’avant. C’est marrant, mais il y a un paquet de monde qui se fait engluer dans leur stratégie : avant tout commerciale, y compris des chantres de la libre expression et autres divers apprentis, qui se croient « affranchis » !
 
     Les seuls vrais défenseurs (et promoteurs) des outils du Web sont ceux du dit « logiciel libre » (GNU/Linux, etc.) et certainement pas les grosses sociétés, cotées en bourse, comme Google, Microsoft ou Facebook qui utilisent la « Toile » pour faire de l’argent, en pompant et aspirant la créativité des autres acteurs pour ce faire…
     Je suis pour le Web égalitaire et indépendant, compris l’Internet, avec sa neutralité intangible qui en est un principe de base, et non pour des plates-formes –privées– qui s’y incrustent, posant verrous et péages, etc. exigeant en plus d’accepter l’exploitation de nos documents et données personnelles. Ces plates-formes se superposent à un réseau conçu pour être libre et ouvert, le dénaturant. Mais il s’agit surtout d’imposer en douce des techniques pour favoriser le marketing ciblé… On dirait que cela interroge peu et beaucoup de gens ne le conçoivent même pas ; ce qui revient à dire : c’est toujours bien d’apparaître « in et branché » et de travailler pour des intérêts qui nous dépassent …
 
     Entre Google et Amazon, l’édition traditionnelle est prise en sandwich et menacée. Cela ne leur fera pas de mal de réviser leur stratégie de toute manière, ils ont trop abusés de leur complexe de « supériorité », conformisme aidant ! Mais la création culturelle et le patrimoine qui en découle, francophone entre autres, est en grand danger de captage. Cette manœuvre est opérée par des sociétés privées, étrangères qui plus est (la plupart sont américaines) qui n’ont pas d’équivalent en France : allusion déjà faite, nous sommes complètement à la remorque au niveau des services et procédés sur Internet. Et sur le plan mondial, ces société n’ont pas de véritable concurrence, si l’on excepte celle naissante des Russes et des Chinois qui ont bien compris les enjeux futurs pour le leadership mondial. Il y a bien des pays qui ont du personnel hautement qualifié, comme le Brésil ou l’Inde, mais ils se font acheter, et c’est pareil pour les meilleurs Européens.
     Les grosses maisons d’édition, engluées dans leurs visions passéistes, ont loupé le coche en ce qui concerne les technologies du numérique, et tout occupées à sauver ce qui peut encore l’être pour leurs espérances de profits, elles ne font pas grand chose d’efficient, à mon avis, pour défendre la culture française et par extension francophone ; cela après avoir exploité de manière éhontée les auteurs avec un système de contrats léonins… Au contraire, maintenant ils passent des deals avec les nouveaux « parrains » et ils deviennent à leur tour des utilités ! Les petits éditeurs, eux, ils ont eu le tort de vivre à l’ombre du système, de l’admettre par défaut, se payant les joies de faire pour des menus plaisirs… Quant aux organismes, chargés de représenter et défendre les intérêts des artistes et auteurs, par charité, je resterai discret sur l’opinion que je me suis forgé là-dessus ces dernières années : pour résumer, ils subissent l’évolution, de plein fouet, mais là n’est pas, la question principale… Les services étatiques, pour leur part, me semblent complètement dépassés, avec la circonstance atténuante si l’on peut dire, d’avoir des moyens ridicules pour agir et d’avoir eu des ministres qui l’étaient encore plus, en particulier cette dernière décennie !
     Ainsi la situation des créateurs culturels, dans leur ensemble, est loin de s’améliorer, et je dirai même que nous nageons en eaux troubles, passant d’un écueil à l’autre… Mais la responsabilité nous en incombe aussi ; car beaucoup trop de créateurs culturels, se contentant de gloriole et de médailles en chocolat, préfèrent se décharger, par facilité et paresse, sur les autres de ces tâches qui les ennuient ou ne maîtrisent pas dans la présentation de leurs œuvres au public, quitte à se faire plumer ensuite, qu’ils soient paons ou moineaux ! …
     En effet, ces grosses sociétés américaines qui veulent dicter leurs lois et développer leur emprise sur les cultures de monde entier, par le biais de l’Internet, sont loin d’être philanthropes : comme certains couillons en mal d’idéal l’ont cru, je répète, qui se croyaient confirmés ! Et on en trouve parmi ceux-là qui veulent changer le monde : en jouant sur le terrain de leurs adversaires et en employant les outils que ceux-ci mettent à leur disposition… Ben  au mieux, ils auront toujours un coup de retard, et ils sont plus sûrement manipulés que les billes !
     Mais revenons aux intérêts des créateurs, c’est même une très mauvaise nouvelle que l’industrie culturelle soit transformée en auxiliaire avant de devenir intermédiaire inutile, dans le cadre de la marchandisation mondiale. Dans le cas qui m’intéresse, celui de la littérature, les auteurs auront encore moins les moyens de vérifier les comptes et encore moins ceux de contrôler les ventes (nombre de téléchargement, etc.) : pris en otage qu’ils seront ainsi que les éditeurs, contraints par des formats numériques, propriétaires : (le contraire du logiciel libre) avec des outils informatiques qui sont gérés hors des installations domestiques par des tiers, (nonobstant leur subordination salariale), implantés sur des plates-formes privées (ou serveurs), couramment hébergées à l’étranger, appartenant à des multinationales. Faites-vous confiance au requin pour se contenter de l’appât que vous lui tendez ?… Quant aux artistes et auteurs indépendants, ils seront sacqués encore plus et cela commence déjà… Evidemment le talent là-dedans compte pour peu de choses, à moins d’être issu d’une personne déjà morte et dont l’œuvre est rendue dans le domaine public !
 
     A probablement parler, c’est devenu invivable le métier d’écrivain dans « l’empire » des marchands. Pour mon compte personnel, quand je pense à la somme d’emmerdements et de misère : jusqu’à dénier mon existence, que l’on m’a fait vivre parce que j‘avais juste la prétention d’assumer ma vocation (sans me faire plumer…) je dis : quelle puanteur, socialement parlant ! Et je ne remercierai jamais assez ma Mer-e de m’avoir fait devenir ce que je suis.
 
Jean-Jacques REY
http://www.jj-pat-rey.com/INTERNET-TRIBUNE-LIBRE/index.html


 
DOSSIER : Quelques articles consistants pour illustrer la problématique Internet et Culture
(enjeux de civilisation) :
 
La part d’ombre de Google Livres
http://owni.fr/2012/06/13/la-part-dombre-de-google-livres/
 "Officiellement, depuis lundi, Google Livres n'est plus un objet de querelles entre les métiers de l'édition et la société californienne. Mais derrière l'apparente satisfaction qui règne entre les dirigeants de Google et les éditeurs français, l'accord-cadre qu'ils ont signé comporte des zones d'ombre sur des sujets majeurs. Décryptage détaillé de ce nouveau Yalta de l'édition numérique."
 
Hadopi : les lobbies à l’assaut du nouveau gouvernement
http://www.rue89.com/rue89-culture/2012/05/24/hadopi-les-lobbies-lassaut-du-nouveau-gouvernement-232403
 "Les défenseurs des libertés numériques s’inquiètent : au regard des nominations dans les ministères, rien ne semble changer. La gauche est-elle en train d’imiter l’UMP sur la culture et les questions numériques, en réveillant le conflit violent qui, dès 2008, avait entouré la discussion puis l’adoption de la loi créant la Hadopi ? En tout cas, l’inquiétude grandit au sein des opposants historiques au texte, qui voient d’un mauvais œil certaines nominations dans les cabinets de François Hollande et d’Aurélie Filippetti, nouvelle ministre de la Culture."
 
Laurent Chemla : « l'industrie culturelle n'est pas notre avenir économique »
Le fondateur de Gandi n'a pas la langue dans sa poche
http://www.pcinpact.com/news/73233-laurent-chemla-industrie-culturelle-nest-pas-notre-avenir-economique.htm
 "Jérémie Nestel de Libre Accès a interviewé Laurent Chemla, le fondateur de Gandi et auteur de « Confessions d'un voleur : Internet, la liberté confisquée ». Sévissant déjà sur le minitel puis très tôt sur Internet, Laurent Chemla nous livre ci-dessous son avis éclairé sur les sujets du moment, d'Hadopi à Megaupload en passant par l'économie du web."
 
La 3ème révolution industrielle
« Le numérique est sous-exploité en France »
http://www.lenouveleconomiste.fr/le-numerique-est-sous-exploite-en-france-15711/
 "Plaidoyer pour une nouvelle industrie autour du numérique, avec Guy Mamou-Mani, président de la Chambre professionnelle des SSII.
L’industrie est morte. Vive l’industrie. Pour le président de la chambre professionnelle des sociétés de l’informatique, cette industrie sera
numérique ou ne sera pas. .../... Industries et services sont profondément impactés par la technologie. Pour le meilleur comme le pire."
 
« La France connectée » : une tribune de Martine Aubry
http://www.rue89.com/2011/06/22/la-france-connectee-une-tribune-de-martine-aubry-210341
 "La première secrétaire du PS donne sur Rue89 sa vision d’une « France connectée », « augmentée » par l’apport d’Internet. Tribune 22/06/2011 à 02h26.
L’Internet a changé nos vies, au travail comme dans la vie personnelle. .../... Mes usages – simples et désormais quotidiens – du numérique sont ceux de dizaines de millions de Français. Il ne s’agit pas seulement de technologies à maîtriser, mais de nouvelles manières de créer, de se former, de communiquer ou de se soigner. Les technologies numériques s’installent dans notre proximité, se collent à notre oreille. Elles sont aussi le moteur d’une économie nouvelle, qui depuis plus de trente ans est devenue « notre » révolution industrielle."
 
Internet, facile bouc émissaire
http://www.internetactu.net/2012/07/05/internet-facile-bouc-emissaire/
 "Il est frappant de constater combien les transformations liées au numérique sont souvent le facile bouc émissaire de tous les maux de notre société contemporaine. Le numérique est accusé de tout : de l’individuation de la société, de l’infobésité contemporaine, d’être le caniveau de l’information, de tuer le livre, le cinéma, la musique, de favoriser les échanges (non-marchands au détriment des échanges marchands), d’avoir déstructuré le travail, de la désindustrialisation, de tuer le lien social, de favoriser la violence, le terrorisme, la solitude, de détruire notre cerveau… La liste des reproches anxiogènes qu’on lui adresse semble sans fin – à l’image des espoirs qu’il cristallise en miroir."
 
Internet 1.0 : le rêve oublié
http://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/internet-1-0-le-reve-oublie-120566
 "Le web d'aujourd'hui ressemble à une rivière gelée. Les choses se sont stratifiées et figées : quelques gros sites concentrent l'essentiel du trafic et l'innovation ne se rencontre plus que dans la création de nouveaux modèles de rentabilité, de nouveaux concepts lucratifs. L’effervescence créatrice et l'enthousiasme désintéressé des débuts du web ne sont plus qu'un souvenir lointain."
 
En finir avec la gratuité. L’idée que tout doit se payer n’est pas neuve.
http://exergue.over-blog.com/article-en-finir-avec-la-gratuite-96110524.html
 .../..."Le lecteur aura reconnu des extraits du pamphlet célèbre de Frédéric Bastiat, qui ferraillait contre les protectionnistes de son temps. Ce libéral conséquent avait pressenti le principe économique de notre modernité néo-libérale, la croissance illimitée, quelqu’en soit le coût : toute activité gratuite, parce qu'elle lèse le secteur marchand correspondant, devra être soit interdite soit taxée à son profit. Les êtres vivants commettent un crime impardonnable: ils se reproduisent et se multiplient gratuitement. Certains en éprouvent même du plaisir. Depuis plus de deux siècles, notre société livre à cette gratuité une guerre longtemps secrète dont la dernière bataille est en cours."
 
La gratuité est-elle l’avenir de l’économie ?
http://www.internetactu.net/2008/03/10/la-gratuite-est-elle-lavenir-de-leconomie/
 "La gratuité est l’avenir de l’économie clame Chris Anderson (blog) qui prépare dans cet article pour la revue Wired, dont il est rédacteur en chef, son prochain livre intitulé Free. Chris Anderson rappelle tout d’abord que la gratuité s’inscrit dans un processus commercial classique, comme l’a exploré avec succès Gillette, en offrant ses rasoirs et en faisant payer ses lames. Mais avec l’internet, une nouvelle gratuité s’est développée, fondée sur des coûts de reproduction nuls du fait de la numérisation, et sous la pléthore de l’offre qui tire encore plus les prix vers le zéro absolu."
 
La Culture doit-elle être libre et gratuite ?
http://scinfolex.wordpress.com/2012/04/20/la-culture-doit-elle-etre-libre-et-gratuite/
 "Le magazine Usbek et Rica organisait une conférence à la Gaîté Lyrique sur le thème de “La Culture doit-elle être libre et gratuite ?“. Il s’agissait de la cinquième édition du Tribunal pour les générations futures, dont voici le pitch : Parce que l’avenir n’est pas encore mort, nous avons plus que jamais besoin de l’explorer ! Chaque trimestre, accusé, procureur, avocat, témoins et jury populaire statuent sur un enjeu d’avenir… pour identifier les bouleversements d’aujourd’hui et les défis de demain.
    La culture doit-elle être libre et gratuite ? La philosophie hacker dessine une nouvelle société du partage, dans laquelle la culture doit trouver un modèle économique à la fois stable et ouvert. Militants du libre et représentants des industries culturelles seront là pour en
débattre, dans ce nouveau Tribunal pour les générations futures."
 
Je n’ai pas le droit de lire le livre que j’ai acheté
http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2012/06/10/je-nai-pas-le-droit-de-lire-le-livre-que-jai-achete/#more-1961
 "Quand on achète un livre papier, on peut le lire à l'œil nu, ou avec des lentilles, des lunettes, et ce quelle qu'en soit la marque. Quand on achète un livre numérique, son éditeur vous oblige généralement, non seulement à porter des lunettes, mais également à acheter telle ou telle marque de lunettes, sans quoi vous ne pouvez pas lire le livre que vous avez pourtant acheté... "
(voir [aussi] Lisez, vous êtes surveillés).
http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2012/01/21/lisez-vous-etes-surveilles/
 Plus récemment, un autre éditeur m'a expliqué que je n'avais effectivement pas le droit, ni la possibilité, de lire le livre numérique que je lui avais pourtant acheté... Mon tort : n'utiliser que des logiciels libres, ce que ne semblent guère goûter nombre d'éditeurs de livres numériques."
 
Médias sociaux: les 7 mensonges qu'on essaie de vous faire avaler
http://www.journaldunet.com/ebusiness/expert/51459/medias-sociaux--les-7-mensonges-qu-on-essaie-de-vous-faire-avaler.shtml
 "Le web social est souvent mal compris et se révèle donc un espace où des personnes essaient de vous vendre tout et parfois n'importe quoi. Cette chronique propose un tour d'horizon des mensonges les plus courants afin que vous sachiez les reconnaître lorsqu'on vous les servira. Il semble assez évident que chaque fois qu'une nouvelle technique apparaît, on essaie de croire qu'elle va tout révolutionner, que tout va être plus simple, plus rapide et moins cher."
 
Facebook, réseau asocial
http://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/facebook-reseau-asocial-120862
 "Au fil de cet article, je souhaiterais aller au-delà de l’aspect « Big Brother » que l’on prête au site de Mark Zuckerberg. L’idée ici est plutôt d’évoquer la sensation d’étouffement provoquée par le réseau de Palo Alto. Un étouffement qui m’a conduit à désactiver mon compte … avant peut-être de le supprimer pour de bon."
 
Google, une suprématie dangereuse
http://www.acturevue.com/google-une-suprematie-dangereuse,fr,4,google.cfm
 "Depuis sa création en 1998 par deux jeunes étudiants américains,  Google n’a cessé de croître à une vitesse vertigineuse pour devenir, en l’espace de quelques années seulement, l’une des entreprises les plus influentes de la planète. Moteur de recherche, système d’exploitation mobile, publicité en ligne, numérisation numérique ou encore télévision connectée, l’entreprise élargit constamment son influence dans les technologies de l’information et des télécommunications. Mais la domination de Google est-elle vraiment sans danger ? Stock d'informations privées, collaboration douteuse avec des gouvernements, la question se pose. Dossier."
 
Google et la transparence obscure...
http://www.abondance.com/actualites/20120822-11794-google-et-la-transparence-obscure.html
 
Pertinence et publicité sur Google : un marché de dupes ?
http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/02/13/pertinence-et-publicite-sur-google-un-marche-de-dupes-par-renaud-chareyre_1305166_3232.html
 
Cher Google, plus frais ne veut pas dire plus pertinent
http://www.numerama.com/magazine/20689-cher-google-plus-frais-ne-veut-pas-dire-plus-pertinent.html
 
L'objectivité de l'algorithme de Google en question
http://www.journaldunet.com/ebusiness/le-net/google-antitrust/google-est-il-objectif.shtml
 
Google, pas si juste que ça !
http://pexiweb.be/monopolegoogle/objectivitedesresultats.php








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Article 2

Envoi par Claude SAINNÉCHARLES






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HAITI : HOMMAGE COMPROMETTANT
A DES CELEBRITES LITTERAIRES
 
 

A vous les poètes, les écrivains, les artistes médaillés de la cour du Roi, spécialement à Francketienne et à Georges Castera.
 
Qui ne connaît pas Francketienne, cet arbre géant dont les racines parcourent des milliers kilomètres carrés de la littérature haïtienne ? Qui ne connaît pas ce Roi lion de la grande forêt amazonienne des mots ?
 
Et Georges Castera, qui peut prétendre ne pas connaître ce génie de la langue créole qui laboure ses entrailles par son énergie poétique et la rend fertile par ses productions littéraires ? Ces deux écrivains militants ont une histoire commune : ils ont mené une lutte plus que littéraire qui consistait par un noble parti pris pour les démunis, pour les opprimés. Leurs œuvres littéraires telles que : Dezafi ( Francketienne) ; Wòdpote (Georges Castera), témoignent à haute voix leur position contre le régime de Duvalier qui tuait des gens comme des gibiers. Georges Castera, pas trop longtemps, lors du festival "Etonnant voyageurs", a pu réaffirmer, le  premier jour de cet évènement, dans la soirée, au public gourmand de littérature, de culture… qu’il est toujours marxiste, communiste jusque dans l’âme. Francketienne, pour sa part, a pu braver l’hostilité, la cruauté, l’injustice dudit régime. Il refusait l’exil et se servait du théâtre, de la poésie, du roman…pour aller à l’assaut de ce régime sanguinaire. Ces écrivains méritent vraiment, sans contestation, comme tant d’autres d’ailleurs, qu’on les célèbre partout : dans les bibliothèques, dans les clubs culturels, dans les écoles et pourquoi pas sur les places publiques, dans les marchés !
 
Ils sont le fruit d’ Haïti littéraire. Ce cercle de créations a engendré de grands intellectuels marqués par des productions littéraires, tranchantes. Avec eux, la littérature haïtienne vient de connaître de véritables créateurs par excellence qui réveillent l’intérêt des grands spécialistes en littérature.
 
Qui ne connaît pas non plus Jean-Claude Duvalier ? Dois-je aussi parler de ce génie obscur ?
 
Parler de ce personnage sanguinaire qui est dans nos murs, juste après le tremblement de terre, et déambulant dans nos rues, comme si de rien n’était, dont la présence insulte la mémoire des femmes, des hommes, des enfants qu’il a tués, ce serait envenimer cette plaie béante qu’il a laissée en moi : mes proches portés disparus, battus, humiliés, torturés, massacrés ! Ce personnage est un terrible tremblement de terre qui n’a épargné aucune famille haïtienne. Si l’une n’a pas eu un parent mort, elle a eu un proche battu ou un ami porté disparu. Ce cyclone inhumain a démembré l’économie haïtienne et a laissé traîner, croupir tout un peuple dans la misère exécrable.
 
Encore une deuxième fois, si je chevauche ma plume, ce n’est pas comme un chevalier de guerre, mais c’est juste comme un simple chevalier de mots contre maux, à charge de citoyenneté reconnaissant ses droits : droit de dire ses maux, droit de cracher sur la face de la bêtise humaine, droit d’être droit là où l’honnêteté n’est plus à la mode, là où l’exercice de celle-ci n’est qu’un signe de danger par celui qui la pratique. Ce monstre géant, le voilà mêlé dans la politique du pays avec le sang de toute une population innocente sur sa main. Voilà que le petit prince, Nicolas Duvalier / Machiavel, fils d’un grand Roi tortionnaire, se trouve conseiller au cabinet présidentiel de Sweet Mickey !
 
Qui ne connaît pas cette vedette, ce Tonton Macoute tout en rose, ce président tête kalée qui, pour la moindre chose, met ses fesses en vedette ? Voilà le représentant de Roi Jean-Claude Duvalier venait de médailler les cavaliers des lettres de la littérature haïtienne le 7 juin 2012 ! Acte héroïque, monsieur le Roi ! Vous êtes dans votre royaume, que vos sujets se courbent humblement devant vous !
 
Messieurs, quel sens donnez-vous à vos œuvres littéraires qui dénonçaient la monstruosité de ce bourreau s’il arrive, après 25 ans, à vous faire vous agenouiller, par votre propre volonté, à ses pieds ? Je ne vais pas vous vouvoyez, mes écrivains. Je tutoie tous ceux que j’aime. Et en plus, je suis pour une littérature là où la fraternité entre créateurs règne. La notion de fraternité bannit le rapport de dominé et dominant. C’est la même vie poétique qui lie notre corde ombilicale. Georges Castera, toi qui avait témoigné, avec fierté, au public du Festival "Etonnants Voyageurs" comment tu contribuais au renversement du régime Duvaliériste, comment te sens-tu en face de ces victimes pour qui tu as lutté ? Avec quel cran, regarderas-tu tes amies, victimes, qui t’ont vu te courber pour prendre le prix du Baby Doc ? C’est vrai, Georges, tu es un génie de la langue créole, tes œuvres le témoignent plus fort que toi. Ce poids pèse vraiment lourd dans la littérature haïtienne.
 
En dépit de ta position clanique, je n’ai jamais cessé de parler de toi à haute voix. Je t’ai toujours regardé avec révérence, avec fierté. Mais sache que tu viens de ravager les plaies des victimes ! Sache que tu viens de piétiner la mémoire des immolés, des innocents pour qui tu as combattu dignement !
 
Comment veux-tu que cette folie d’amour que j’ai eu pour toi, ne s’écroule pour le respect de la mémoire des immolés, pour le respect des victimes vivantes ? C’est un acte de citoyenneté que je pose. Maintenant tout le monde peut le constater que Georges Castera, contrairement à ce qu’on a l’habitude de dire, est celui qui trahit sa poésie !
 
Francketienne, amour de mon cœur ! Mon Mapou de référence ! Jusqu'à présent je n’arrive pas à comprendre comment est ce que tu te fais abattre à ce niveau.  Pourquoi as-tu signé ce pacte avec ce Diable contre qui tu t’acharnais ? Tu risquais ta vie sous ce régime obscur qui mangeait des personnes comme une machine infernale. Je me noyais dans mes larmes, regardant à la télé le Dieu de Dezafi, de Pèlentèt, de H’eroschimère, de Oiseau schizophrène, de Ultravocal, se prosterner devant Lucifer, baisant ses pieds.
 
Pourquoi descends-tu du trône suprême de ta création pour aller fraterniser avec ces démons ? Par souci de louange, de gloire, de reconnaissance, tu blasphèmes tes propres chefs-d’œuvre, tu massacres les victimes, les violés, les portés disparus de Fort Dimanche, de titre en rien, du cimetière de Port-au-Prince et tant d’autres lieux anonymes. Ta justification n’est ni plus ni moins qu’une malhonnête de grande renommée ! Tu as dit lors de cet hors marge qu’on devrait valoriser les travaux des artistes, des écrivains, etc… Francketienne, quelle reconnaissance pourrais-tu espérer de la part de ce gouvernement dont la famille Duvalierienne est le conseiller ? Je vois ! L’hommage du bourreau à ses victimes, à ses aliénés, à ses avares de reconnaissance après les avoir battus, maltraités, humiliés pour qu’ils se consolent comme un bon enfant restavec ! Quelle sottise ! Quelle bêtise ! Quelle bévue !  Les défenseurs de la dignité sont devenus du jour au lendemain les défenseurs du bourreau pour une poignée dommage !
 
Franck, je t’aime ! Je parlais de toi, comme un amoureux dans des débats sur la littérature haïtienne aux étudiants dominicains, à mes amis à l’université de UTESA (Universidad tecnologica de Santiago), j’ai fait découvrir cet ogre de lettres que tu es dans le club de Clarc, dans la Petite école, dans Mediclub, à l’Alliance française de Santiago de los Caballeros. Je parlais de toi à des amis écrivains dominicains. Aurai-je toujours ce premier amour ? Aurai-je toujours la même boulimie de te lire ? Pour le respect de la mémoire des morts et pour le respect des victimes vivantes, les livres qui sont nés de ces souffrances ne méritent ils pas d’être brûlés, Franck ? Tu viens de changer ta plume-fusil de pôle et dès maintenant elle est pointée sur eux et contre eux.
 
Georges Castera, l’hommage qui t’a été rendu le vendredi 29 juin à l’Ecole Normale Supérieure, hommage qui était digne, tu le méritais bien et je félicite les étudiants pour cette initiative positive. Seuls, eux, ont l’autorité de le faire -pas ces spécialistes en torture !- Tu m’avais traité de quelqu’un qui cherche de la visibilité. Ecoute ! Je suis un simple citoyen. Un poète à gage, payé par l’honnêteté, par l’amour, par le respect, par une littérature prônant l’égalité de la fraternité –que toi, tu qualifies de chercher de la visibilité– pour avilir, dénoncer, acculer le mal dans toute la diversité de son expression. Je tâche de rappeler à tous ceux qui auront lu ces lignes que devant toute une multitude composée de plusieurs nationalités, lors du festival "Etonnants Voyageurs", au commencement du mois février, à l’Institut Français d’Haïti que Georges Castera et Lyonel Trouillot déclaraient avec impertinence que les jeunes poètes qui publient de nos jours sont ceux dont les travaux ont été supervisés par eux. En dehors de cette faveur, ceux qui ne les lisent, ceux qui n’ont reçu aucune bénédiction de leur part, ceux-là ne peuvent produire que de la merde ! Ceux qui veulent vérifier mes propos n’auront qu’à aller chercher dans les archives sonores de la Radio Magik9, qui a été témoin en la circonstance, et celles de l’Institut Français d’Haïti. Claude C. Pierre, l’un des écrivains qui présentait le prélat de la littérature haïtienne, en l’occurrence Georges Castera, par son analyse sémiotique de l’œuvre de ce dernier,  a écarté la logique du clan et l’analyse de Bonel Auguste aussi.
 
Le pire encore, un étudiant conséquent en sociologie de la FASCH (Faculté des sciences humaines), Saintil Stephane, a posé à Georges Castera une question très pertinente qui stipulait ainsi : pourquoi, avez-vous accepté un tel hommage de la part du gouvernement quand vous savez pertinemment que le dictateur, contre qui tu luttais, est en Haïti et aucune mesure sérieuse n’a été prise par le gouvernement Martelly (lequel avait publiquement dit que Duvalier était son idole) Georges Castera de répondre, comme s’il avait été zombifié pour qu’il accepte ce trophée d’humiliation : ‘’ Bon ! On m’a invité, je suis allé, et quand je suis arrivé, je n’ai rien dit, contrairement à Franckétienne qui fit un discours brillamment éloquent, et l’on m’a médaillé, et j’ai dit merci tout court !’’ Alors tu as dit merci à Papi Duvalier en renonçant à la lutte noble que tu menais contre lui ! Je peux te comprendre, Georges, qu’en vieillissant cette sacrée érection littéraire, et résistance, que tu avais, tu la perdes, mais ce n’est pas une raison pour que tu laisses dévaloriser, détruire ce que tu as pris du temps pour construire : ta création littéraire, ta militance, ta résistance contre ce régime. C’est ta soif maladive, c’est ton envie pathologique de reconnaissance qui t’a traîné dans cette condition. Je dis merci à Anthony Phelps, l’auteur de ’Mon pays que voici’’, qui a décliné cet hommage -non pas pour lui, mais pour les opprimés du Tonton Macoute- que Duvalier soit jugé pour ses crimes contre la population haïtienne !
 
Vidanger mon cœur de toutes ces purges, de toutes ces matières, voilà ce que Georges Castera qualifie de chercher de la visibilité. C’est pour ne pas être corrompu que je procède de la sorte.
 
Peut-être, les fanatiques de cet hommage qui auront lu ces lignes me traiteront d’insolent, d’arrogant, d’impertinent ? cela m’importera peu !
 
Seuls, les sans humanités, les aliénés, les mémoires courtes, se comporteront ainsi.
 
C’est une honte de haute portée à tous les autres écrivains ‘’j’approuve’’ qui ont accepté cet hommage, et à tous ceux qui ont participé en chair et en esprit à cet hommage. Vous êtes tous complices du crime contre l’humanité !
 
Pour mettre un terme à mes propos.
Francketienne, Georges Castera, c’est un élan d’amour qui m’anime à vous écrire ainsi.
 

Claude SAINNÉCHARLES,
poète écrivain.








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Article 3

Envoi de Martine BOICHOT CAMARA






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REFUS DE LEGION D'HONNEUR
 :
décision de Madame Annie THEBAUD-MONY
 
 
 
Annie Thébaud-Mony
Directrice de recherche honoraire à l'Inserm
11 rue Gaston Charle
94120 - Fontenay-sous-bois
France
annie.thebaud-mony(mettre arobase)wanadoo.fr
 

Fontenay-sous-bois, le 31 juillet 2012
 

A Madame Cécile Duflot
Ministre de l'égalité, des territoires et du logement
Hôtel de Castries
72 rue de Varenne - 75 007 Paris
 
 
Madame la ministre,
 
Par votre courrier du 20 juillet 2012, vous m'informez personnellement de ma nomination au grade de Chevalier de la Légion d'Honneur et m'indiquez que vous êtes à l'origine de celle-ci. J'y suis très sensible et je tiens à vous remercier d'avoir jugé mon activité professionnelle et mes engagements citoyens dignes d'une reconnaissance nationale. Cependant- tout en étant consciente du sens que revêt ce choix de votre part - je ne peux accepter de recevoir cette distinction et je vais dans ce courrier m'en expliquer auprès de vous.
 
Concernant mon activité professionnelle, j'ai mené pendant trente ans des recherches en santé publique, sur la santé des travailleurs et sur les inégalités sociales en matière de santé, notamment en matière de cancer. La reconnaissance institutionnelle que je pouvais attendre concernait non seulement mon évolution de carrière mais aussi le recrutement de jeunes chercheurs dans le domaine dans lequel j'ai travaillé, tant il est urgent de développer ces recherches.
 
En ce qui me concerne, ma carrière a été bloquée pendant les dix dernières années de ma vie professionnelle. Je n'ai jamais été admise au grade de directeur de recherche de 1è classe. Plus grave encore, plusieurs jeunes et brillant.e.s chercheur.e.s, qui travaillaient avec moi, se sont vu.e.s fermer les portes des institutions, par manque de soutien de mes directeurs d'unité, et vivent encore à ce jour - malgré la qualité de leurs travaux - dans des situations de précarité scientifique. Quand au programme de recherche que nous avons construit depuis plus de dix ans en Seine Saint Denis sur les cancers professionnels, bien que reconnu au niveau national et international pour la qualité scientifique des travaux menés, il demeure lui-même fragile, même s'il a bénéficié de certains soutiens institutionnels (1). J'en ai été, toutes ces dernières années, la seule chercheure statutaire. Pour assurer la continuité du programme et tenter, autant que faire se peut, de stabiliser l'emploi des jeunes chercheurs collaborant à celui-ci, il m'a fallu en permanence rechercher des financements - ce que j'appelle la « mendicité scientifique » - tout en résistant à toute forme de conflit d'intérêts pour mener une recherche publique sur fonds publics.
 
Enfin, la recherche en santé publique étant une recherche pour l'action, j'ai mené mon activité dans l'espoir de voir les résultats de nos programmes de recherche pris en compte pour une transformation des conditions de travail et l'adoption de stratégies de prévention. Au terme de trente ans d'activité, il me faut constater que les conditions de travail ne cessent de se dégrader, que la prise de conscience du désastre sanitaire de l'amiante n'a pas conduit à une stratégie de lutte contre l'épidémie des cancers professionnels et environnementaux, que la sous-traitance des risques fait supporter par les plus démunis des travailleurs, salariés ou non, dans l'industrie, l'agriculture, les services et la fonction publique, un cumul de risques physiques, organisationnels et psychologiques, dans une terrible indifférence. Il est de la responsabilité des chercheurs en santé publique d'alerter, ce que j'ai tenté de faire par mon travail scientifique mais aussi dans des réseaux d'action citoyenne pour la défense des droits fondamentaux à la vie, à la santé, à la dignité.
 
Parce que mes engagements s'inscrivent dans une dynamique collective, je ne peux accepter une reconnaissance qui me concerne personnellement, même si j'ai conscience que votre choix, à travers ma personne, témoigne de l'importance que vous accordez aux mobilisations collectives dans lesquelles je m'inscris. J'ai participé depuis trente ans à différents réseaux en lutte contre les atteintes à la santé dues aux risques industriels. Ces réseaux sont constitués de militants, qu'ils soient chercheurs, ouvriers, agriculteurs, journalistes, avocats, médecins ou autres... Chacun d'entre nous mérite reconnaissance pour le travail accompli dans la défense de l'intérêt général. Ainsi du collectif des associations qui se bat depuis quinze ans à Aulnay-Sous-Bois pour une déconstruction - conforme aux règles de prévention - d'une usine de broyage d'amiante qui a contaminé le voisinage, tué d'anciens écoliers de l'école mitoyenne du site, des travailleurs et des riverains (2)
 
Ainsi des syndicalistes qui - à France Télécom, Peugeot ou Renault - se battent pour la reconnaissance des cancers professionnels ou des suicidés liés au travail. Ainsi des ouvrières d'Amisol - les premières à avoir dénoncé l'amiante dans les usines françaises dans les années 70 - qui continuent à lutter pour le droit au suivi postprofessionnel des travailleurs victimes d'exposition aux cancérogènes. Ainsi des travailleurs victimes de la chimie, des sous-traitants intervenants dans les centrales nucléaires, des saisonniers agricoles ou des familles victimes du saturnismes... Tous et chacun, nous donnons de notre temps, de notre intelligence et de notre expérience pour faire émerger le continent invisible de ce qui fut désigné jadis comme les « dégâts du progrès », en France et au-delà des frontières du monde occidental.
 
La reconnaissance que nous attendons, nous aimerions, Madame la ministre, nous en entretenir avec vous. Nous voulons être pris au sérieux lorsque nous donnons à voir cette dégradation des conditions de travail dont je parlais plus haut, le drame des accidents du travail et maladies professionnelles, mais aussi l'accumulation des impasses environnementales, en matière d'amiante, de pesticides, de déchets nucléaires et chimiques... Cessons les vraies fausses controverses sur les faibles doses. Des politiques publiques doivent devenir le rempart à la mise en danger délibérée d'autrui, y compris en matière pénale.
 
Vous avez récemment exprimé, à la tribune de l'Assemblée nationale, votre souhait d'écrire des lois « plus justes, plus efficaces, plus pérennes ». En qualité de Ministre chargée de l'Egalité des territoires et du logement, vous avez un pouvoir effectif non seulement pour augmenter le nombre de logements mais légiférer pour des logements sains, en participant à la remise en cause de l'impunité qui jusqu'à ce jour protège les responsables de crimes industriels.
 
En mémoire d'Henri Pézerat qui fut pionnier dans les actions citoyennes dans lesquelles je suis engagée aujourd'hui et au nom de l'association qui porte son nom (3) , la reconnaissance que j'appelle de mes vœux serait de voir la justice française condamner les crimes industriels à la mesure de leurs conséquences, pour qu'enfin la prévention devienne réalité.
 
Pour toutes ces raisons, Madame la ministre, je tiens à vous renouveler mes remerciements, mais je vous demande d'accepter mon refus d'être décorée de la légion d'honneur. Avec l'association que je préside, je me tiens à votre disposition pour vous informer de nos activités et des problèmes sur lesquels nous souhaiterions vous solliciter.
 
Je vous prie d'agréer, Madame la ministre, l'expression de ma reconnaissance et de mes respectueuses salutations.
 

Lettre signée par
Annie THEBAUD-MONY
 
 
__________________________
Notes :
 
(1) http://www.univ-paris13.fr/giscop/
 
(2) http://www.ban-asbestos-france.com/
 
(3) http://www.asso-henri-pezerat.org








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Article 4

Envoi par Guy CREQUIE : http://guycrequie.blogspot.com/






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MONDIALISATION-NATIONS…ET ENJEUX PLANETAIRES !
 
 
 
De nos jours, certains dirigeants politiques semblent découvrir, avec désappointement, les incidences du système qu’ils ont construits ou le plus souvent, qu’ils ont contribué à faire perdurer.
 
Avec l’écroulement du système communiste (lequel avait certes bien des tares)  l’avènement  sans concurrence du marché roi : tout puissant et auto-suffisant  sous l’appellation pompeuse de "libéral", a été présenté comme un modèle achevé sans autre perspective.
Or justement, avec les caractéristiques de ce qui a été appelé : « la mondialisation », le développement du marché débordant transcende les
frontières nationales et les normes établies, espérées, ou exposées : Pourquoi ?
 
Avant d’entrer dans le débat, j’ai encore en mémoire des désillusions provoquées lors de l’éclatement des anciennes URSS et Yougoslavie. D’avoir nié et brimé la spiritualité, a accumulé des rancœurs  et des frustrations lesquelles = libérées, en l’absence d’éducation au respect d’autres réalités, ont provoqué des rejets d’autres ethnies, du nationalisme, du repli identitaire. Lorsque la cocotte-minute a été ouverte = tout a explosé !
 
L’Union Européenne a basé sa construction  à un certain stade historique de son histoire = non sur la culture, des coopérations nationales, mais sur la monnaie unique : l’Euro !
 
Cependant, sauf par naïveté ou utopie, mais ses fondateurs ne pouvaient l'ignorer, ce choix de fondation, à plus ou moins long terme, allait poser la question de la gouvernance et donc d’une intégration plus poussée ; laquelle était la conséquence logique de leur choix.
Présentement certains s'étonnent : que des Chinois puissent acheter des pas de vigne célèbres en France ; ou ; que des investisseurs russes
possèdent de belles résidences en des lieux prisés de la côte d’azur…
Mais tout ceci, est la conséquence naturelle du système adulé et mis en œuvre.
[Autre exemple de concaténation], il a été conçu Internet, certes un outil rapide et fabuleux de communication, cependant ses dérives, possibles et actuelles, ont débordé les perspectives de ses concepteurs…
Or, les grandes Institutions internationales : ONU, UNESCO, OMC,…restent basées sur la responsabilité des Etats Nation. Ceci, alors que les
structures financières, économiques, bancaires, échappent en partie aux contrôles nationaux.
 
Un aspect caricatural et désolant, est donné avec ce spectacle affligeant du Conseil de sécurité de l’ONU par ces 5 membres permanents ; lesquels ne parviennent pas à s’entendre sur des questions aussi primordiales et majeures que les droits et devoirs humains, le respect de la dignité de la vie, de toute vie.
 
Ceci, car l’esprit humain est au-delà des normes établies. Nous-mêmes, nous n’imaginons pas, les potentialités qui sont les nôtres, nous limitons nos possibilités à quelques choix !
Or, comme déjà au VIe siècle le philosophe chinois T’IEN T’AI  l’a démontré, à chaque instant, l’être humain a un potentiel de
choix de 3000 possibilités : ceci, avec la loi des 10 états de vie, des 10 modalités d’expression de la vie, et des 3 principes de différenciation, lesquels modulables et s’interpénétrant, aboutissent à ces 3000 mondes ou choix.
 
Alors : la véritable question qui existe de fondement avec l’ homo sapiens, est celle de savoir quel est notre projet pour l’humain, en faire le centre ou s’en servir pour assouvir les volontés de puissance et de pouvoir de certains ?
 
L’interpellation kantienne de traiter la personne humaine comme une fin et non  comme un simple moyen reste plus que jamais actuelle, avec les prodigieux développements des progrès technologiques et scientifiques. Cependant : la gestion et la science = sans éthique : ne règlent pas, en profondeur, la question de notre avenir commun et de notre harmonie avec l’environnement naturel.
 
C’est pourquoi : avant  toute mise en œuvre d’un modèle ou système, il convient de procéder à un travail avec des compétences interdisciplinaires, sans supériorité affichée aucune d’une discipline : l’économie par exemple ; ceci, car si l’avenir ne peut pas totalement être prévisible, bien des garde-fous peuvent être envisagés.
 
 
© Guy CREQUIE
Ecrivain français à finalité philosophique
 
 
Pour compléter son info :
 
Huit propositions urgentes pour une autre Europe
http://www.cadtm.org/Huit-propositions-urgentes-pour
 "La crise secoue l’Union européenne jusque dans ses fondations. Pour plusieurs pays, le nœud coulant de la dette publique s’est refermé sur eux et ils sont pris à la gorge par les marchés financiers. Avec la complicité active des gouvernements en place, de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne et du FMI, les institutions financières à l’origine de la crise s’enrichissent et spéculent sur les dettes des États. Le patronat profite de la situation pour lancer une offensive brutale contre une série de droits économiques et sociaux de la majorité de la population".
 
Rassembler contre une guerre double : contre les peuples-classe et contre la nature
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article2322
 "Rassembler contre une guerre double : contre les peuples-classe et contre la nature.
Les nationalistes et autres xénophobes, obsédés de recherche de boucs émissaires, ne porteront jamais la critique et les revendications
transitoires vers les responsables du la guerre systémique. Quand ils se disent anti-système, c’est un mensonge. Ils défendent agressivement le système capitaliste avec une version nationaliste ou identitaire."
 
Comment s’enrichir en prétendant sauver la planète
http://www.bastamag.net/article2484.html
 "La planète, nouvel objet à but lucratif ? Demain, des ONG pourront acheter des quotas de baleines pour les protéger. Les parcs naturels pourront être évalués par des agences de notation. Les performances des forêts en matière de recyclage du carbone seront quantifiées. Des produits financiers dérivés vous assureront contre l’extinction d’une espèce. « Nous sommes en train d’étendre aux processus vitaux de la planète les mêmes logiques de financiarisation qui ont causé la crise financière », dénonce le chercheur Christophe Bonneuil, à l’occasion de la conférence Rio+20. Entretien."
 
Contrôle des armes et droits humains
http://www.amnesty.org/fr/campaigns/control-arms
Des militants disent stop au commerce mondial des armes en amont de négociations historiques sur le TCA
http://www.amnesty.org/fr/news/campaigners-call-time-global-arms-trade-ahead-historic-treaty-talks-2012-06-11
 "Depuis des décennies, le commerce mondial irresponsable et mal réglementé des armes contribue à ce qu'un million de personnes par an, voire plus, soient victimes d'homicides, de blessures, d'actes de torture ou d'autres graves violations des droits humains – violences sexuelles, notamment."








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Article 5

Envoi par Mathilde FILLOZ






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AMI, ENTENDS-TU LE VOL NOIR DES CORBEAUX
SUR BOLLENE ?
 
 
 
      La Mairie de Bollène a mobilisé sa police municipale pour interdire aux anciens Combattants de la Résistance de chanter «  LE CHANT DES PARTISANS » à l’issue  de la commémoration de l’Appel du Général De Gaulle du 18 juin 1940 ! La Mairie a fait saisir leur Sono !
 
      Cet acte barbare réveille les plaies ouvertes, jamais cicatrisées par les calomnies répandues pour diviser la Résistance.
 
      Ce chant de la Résistance au fascisme est classé monument historique, section objet, du Patrimoine National. C’est un chant sacré écrit en hommage à tous les anciens de la Résistance contre le fascisme durant la guerre de 1939 à 1945. Il fut présenté à Londres le 30 mai 1943. Joseph Kessel et Maurice Druon en ont écrit les paroles et Anna Marly, la musique. C’était l’air qu’on sifflait comme indicatif sur la BBC, la radio de Londres qu’on écoutait clandestinement sous l’occupation nazie. Il est un hymne de tous les Résistants, de tous les Patriotes.
 
PERSONNE N’A LE DROIT DE L’INTERDIRE !
 
      La presse a imprimé des extraits du communiqué que la Ville a divulgué devant l’émotion créée par cette interdiction. Elle a déclaré : «  Les Combattants de la Résistance qui chantaient le chant des Partisans, c’était une provocation proposée depuis longtemps par les communistes et qui aurait été initiée par une poignée d’agitateurs. Il faut préciser, ajoute le rédacteur, que les communistes ne sont entrés dans la Résistance qu’en juin 1941, après l’invasion de l’Union Soviétique et la rupture du Pacte germano-soviétique ».
 
      Il semble bien que  les édiles municipaux font une fixation haineuse qui les amène à falsifier l’enchaînement historique des événements qu’il est bon de rappeler, sans polémiquer avec les Révisionnistes qui ont appris leurs leçons dans les organismes spécialisés à cet effet.
 
   *Depuis les années 1930, les Patriotes et les Républicains luttaient contre la montée du fascisme proposé par Hitler, Mussolini, Franco, Salazar, et les Croix de Feu en France. 

   *Le 23 septembre 1939 :  Les Députés Communistes Français sont chassés de l’Assemblée Nationale par Daladier parce qu’ils s’étaient prononcés contre la guerre... Ils sont déportés sur le Transsaharien.  Des milliers de Communistes  sont pourchassés, incarcérés. Ils seront
plus tard livrés aux Allemands. Le Parti Communiste est alors clandestin. 

   *Le 16 juin 1940 : C’est la débâcle ! Le Maréchal Pétain est nommé Président du Conseil dans la soirée après la fuite de Paul Raynaud.
(Voir Internet) 

   *Le 17 juin 1940 : Appel -oublié- de Charles Tillon, Responsable National  du Parti Communiste Français (Internet).

   *Le 18 juin 1940 : Appel du général De Gaulle (Internet).

   *Le 10 juillet 1940 : Appel du Parti Communiste Français :  Thorez, Duclos (Internet). 
En juillet, Appel de Jacques Duclos et de Pierre Villon (Voir Internet).
De nombreux communistes, répondant aux appels ou le décidant tout seuls, s’organisent en petits groupes isolés et clandestins pour lutter contre l’occupant. Ils agissent tout de suite. Ils distribuent des tracts, organisent des manifestations : Champs Elysées, Sorbonne,
manifestations de rues. Ils établissent des faux papiers. Ils ramassent des armes et passent aux attentats.
Ils sont déjà pourchassés et condamnés à mort.
Le développement de l’action se déroule en zone Nord et en zone Sud. 

   *Le 03 avril 1941, l’ordre clandestin est donné afin que les nombreuses organisations de base se préparent à se regrouper sur tout le
territoire. 

   *Le 15 mai 1941, le Parti Communiste crée le FRONT NATIONAL de lutte pour la Libération et l’indépendance de la FRANCE (Internet et « le Petit Robert).
 
      Cet appel du Front National de la Résistance a été imprimé dans l’Humanité clandestine du 20 mai 1941.
       Le comité Directeur est constitué de personnalités de toutes tendances politiques, philosophiques, religieuses, patriotiques. Il est
présidé par Joliot–Curie. On y trouve le père Philippe, provincial des Carmes, l’abbé Sage, Robert Debré, Debu-Bridel, MauriacAragon, etc. 

      Ce fut le premier mouvement de Résistance en France, le plus grand, le plus actif. Il donna naissance à son bras armé : «  Les Francs
Tireurs et Partisans Français » Il a été homologué  après la Libération par décision ministérielle (Journal officiel du 22juillet 1948  page 7173 ; sur Internet : voir Front National de la Résistance qui n’a rien à voir avec le Front national des LE PEN)...

      C’est seulement le 22 juin 1941 qu’ Hitler envahit l’Union Soviétique ! 

      Ce rappel des faits et des dates historiques fait mentir la Mairie de Bollène dans le déroulement de l’histoire. Rien d’ailleurs ne peut
servir d’excuse à ces agissements sacrilèges.
      Restons vigilants car nos libertés sont en danger !
 
                                    
Le Comité Orangeois de L’ ANACR
(Association des Anciens combattants et amis de la Résistance)
Mathilde FILLOZ, Présidente d’honneur,  Résistante centenaire,
Jeannine MILESI, Présidente. Monique CROSNIE, Trésorière.
Toutes deux filles de Vital CHAUVIERE, Résistant fondateur du groupe FTPF d’Orange,
et de Claudia CHAUVIERE, tous deux membre du comité local de Libération orangeois.
Serge AYME , Vice-Président, fils de Gabriel AYME, Résistant.
Danielle ROSEAU, Secrétaire, amie de la Résistance.
Simon PARENT, Résistant du groupe Bayard de Bourgogne.








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Article 6

Envoi de Martine BOICHOT CAMARA

pour
ATTAC-FRANCE : http://www.france.attac.org/






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POUR SORTIR DU PIEGE DE LA DETTE PUBLIQUE
 
 
 
Une source (plus complète : article intégral)  : http://www.france.attac.org/articles/pour-sortir-du-piege-de-la-dette-publique
 
Les mécanismes à l’origine de la dette publique
 
Dénonçons tout de suite une idée reçue dont on nous rebat les oreilles à longueur de journée dans les médias : non, le budget d’un État ne peut pas être comparé au budget d’un particulier. Pour au moins deux raisons essentielles : un État peut dans une large mesure décider du montant de ses recettes par sa politique fiscale, et ses dépenses auront un impact sur ces recettes. Elles financent des infrastructures, des investissements, des salaires : le budget de l’État est un instrument de politique économique.

La comparaison du budget de l’État avec celui des ménages est un exemple parmi d’autres de ces grossières manipulations qui ponctuent le
discours « officiel » sur la dette. De sommets européens « exceptionnels » en plans d’austérité « urgents », la dette publique est devenue cet épouvantail, destiné à effrayer l’opinion publique et promouvoir des politiques régressives, en court-circuitant le débat démocratique. Les dépenses publiques, la protection sociale, les services publics, font ainsi l’objet d’attaques incessantes, alors que le problème est ailleurs.

Trop de dépenses ?

Nicolas Sarkozy et l’ensemble du gouvernement attribuent les déficits publics en France à «une préférence pour la dépense publique » : trop
de prestations sociales, trop de services publics, trop de fonctionnaires. Déjà, en 2006, le rapport Pébereau assénait cette doxa néolibérale : « Ce sont fondamentalement nos pratiques politiques et collectives, notamment notre préférence pour la dépense publique, qui sont à l’origine de notre situation financière actuelle ». La réalité est tout autre.

Un examen des chiffres montre que la part dans le PIB des dépenses publiques dans leur ensemble (budget de l’État, des collectivités
territoriales, des administrations de sécurité sociale qui rassemblent les hôpitaux publics et l’ensemble des régimes de sécurité sociale) est globalement stable depuis plusieurs années. Elle a même diminué par rapport à son point le plus haut atteint en 1993 avec 55 % du PIB, alors qu’en 2007, elle ne représente plus que 52,3 % du PIB. Cependant, la structure de ces dépenses publiques a évolué.
 
Les dépenses des collectivités territoriales ont augmenté, conséquence des lois successives de décentralisation et des transferts de charge, aujourd’hui non compensés intégralement par les dotations de l’État (bâtiments scolaires, réseau routier, logements sociaux, gestion du RMI/RSA...). Aujourd’hui, l’essentiel des investissements publics repose sur elles. Les dépenses des administrations de Sécurité sociale ont également continué à augmenter : elles ont représenté 70 % de la hausse des dépenses publiques entre 1980 et 2005, et ce malgré les attaques répétées des gouvernements successifs. Les raisons en sont l’augmentation des besoins sociaux, les progrès des techniques médicales, ainsi que la résistance de la population aux mesures régressives. En revanche, les dépenses de l’État ont fortement diminué. Leur part est passée de 25,5 % du PIB en 1993 à un peu moins de 20 % en 2008.

Trois facteurs sont donc à l’origine de l’augmentation de la dette publique :
   1) la baisse des recettes fiscales avec les cadeaux fiscaux successifs aux entreprises et aux contribuables les plus riches,
   2) l’interdiction que les gouvernements se sont imposée de faire financer les déficits publics par la banque centrale,
   3) les variations des taux d’intérêt.
 

Les politiques d'austérité et leurs conséquences
 
Face à l’accroissement de la dette publique et sous la pression des marchés financiers, les gouvernements des différents États mettent en œuvre des politiques d’austérité, sous forme de diminution des dépenses publiques et augmentation des recettes à travers la fiscalité. Les coupes budgétaires concernent la fonction publique avec le blocage ou la baisse du salaire et/ou des effectifs de fonctionnaires, les diminutions de services publics et de la protection sociale, la mise en œuvre de « réformes » des retraites et de l’assurance maladie. La tendance générale, en France comme ailleurs, est à la privatisation : l’objectif est de diminuer les pensions de retraite et les remboursements de soins de santé, et de présenter le recours aux assureurs privés comme l’inéluctable complément... pour ceux qui en auront les moyens. Dans un certain nombre de pays, des baisses des salaires des fonctionnaires et des pensions ont été appliquées. En Grèce, les baisses de salaires atteignaient, en octobre 2011, entre 15% et 40 % selon les sources (suppression des treizième et quatorzième mois et des primes). Les baisses de salaires sont également significatives dans des pays comme le Portugal (jusqu’à 27 %), la Roumanie (25 %), l’Espagne (15 %), l’Irlande (de 5 à 15 %), etc. Le Royaume-Uni connaît la plus forte baisse de pouvoir d’achat depuis trente-cinq ans avec un recul de 7 % en trois ans et une hausse de la pauvreté préoccupante, qui touche encore plus fortement les moins de quinze ans.
 
En outre, le FMI et la BCE exigent de privatiser une bonne part de ce qui restait d’entreprises publiques, et de démanteler le code du travail : assouplissement des licenciements en Grèce et en Italie, suspension des conventions collectives au Portugal et en Italie, allongement de la durée légale du travail au Portugal… Ces mesures n’ont rigoureusement rien à voir avec le remboursement de la dette et montrent clairement la nature de classe de la politique menée.
 
Côté recettes fiscales, les hausses d’impôt pèsent essentiellement sur les revenus du travail, même si l’affichage gouvernemental prétend équilibrer avec la taxation du capital. Les quelques mesures augmentant l’impôt sur les revenus financiers ou les ménages les plus riches ne sont rien en comparaison de celles qui pèsent sur les moins aisés. L’augmentation de la TVA sur un certain nombre de biens pèsera par exemple beaucoup plus lourdement sur les budgets modestes.
Le bouclier fiscal, particulièrement inique, a certes été supprimé : mais il rapportait 600 millions d’euros et en même temps, l’ISF a été baissé de près de 2 milliards !
 
Ces politiques épargnent donc les responsables que sont les grandes banques et la finance et font payer la crise aux salarié-es, retraité-es, chômeur-euses, catégories modestes. Elles sont doublement injustes, car leurs effets sont aussi particulièrement négatifs sur les femmes : le secteur public étant composé majoritairement de femmes, ce sont elles les plus touchées par les mesures sur les salaires, comme par les réductions d’effectifs, qui se traduisent en réductions d’embauches. De même, en tant que responsables principales de la famille, les femmes sont les premières concernées par les coupes dans les services sociaux (gardes d’enfants, services d’aide aux personnes dépendantes), les baisses de prestations (aux familles, aux personnes dépendantes, les congés de maternité), les fermetures de maternités, de centres d’IVG ou encore de classes maternelles qui se multiplient. En ce qui concerne les retraites, les pensions des femmes sont déjà largement inférieures à celles des hommes, souvent insuffisantes, et les mesures appliquées ne font qu’aggraver cette situation. La Commission européenne note en 2010 : « la paupérisation menace les retraités, et les femmes âgées constituent un des groupes les plus exposés au risque de pauvreté ». De l’art de promouvoir des réformes et en même temps d’en pointer les effets néfastes…
 
En plus d’être socialement inacceptables, ces politiques sont incohérentes du point de vue économique. Alors que les pays ayant un plus fort niveau de protection sociale et de services publics ont mieux résisté à la récession et à la montée de la pauvreté liée à l’augmentation du chômage et du sous-emploi, ce sont précisément ces bases de l’État social qui sont ciblées par les restrictions budgétaires ! En plus, de telles politiques appliquées simultanément à de nombreux pays européens ne peuvent qu’entraîner une récession aggravée qui aboutira à abaisser encore les recettes fiscales. Les déficits publics augmenteront, à l’opposé de l’objectif visé.
 
 
Une contre-révolution fiscale
 
Au cours des deux dernières décennies, le déficit budgétaire s’est creusé, malgré la stabilité globale des dépenses en proportion de la richesse nationale. La cause essentielle : la contre- révolution fiscale menée depuis plusieurs années par les gouvernements successifs, et considérablement aggravée par Nicolas Sarkozy. Les impôts progressifs ont vu leur part dans les recettes fiscales diminuer. L’impôt sur le revenu est devenu de moins en moins progressif, passant de 13 tranches à 5 entre 1986 et aujourd’hui, et son taux marginal de 65 % à 41 % en vingt ans. L’imposition sur le patrimoine a connu un démantèlement accéléré sous l’ère Sarkozy : les droits de succession ont été largement allégés, et le rendement de l’ISF a été fortement amoindri, suite à sa réforme après la suppression du bouclier fiscal en 2011.
 
Les revenus financiers ont continué à bénéficier de faibles taux d’imposition au cours des dernières années. Il faut ajouter à cela les quelque 500 niches fiscales dont le coût total est estimé à 145 milliards d’euros pour 2010. L’impôt sur les sociétés a vu son taux passer de 45 % en 1989 à 33 %, sans compter les différentes dérogations et méthodes diverses d’optimisation fiscale (utilisation des prix de transfert, bénéfice mondial consolidé) qui profitent davantage aux grandes firmes multinationales qu’aux PME : le taux implicite 2 d’imposition des entreprises du CAC40 n’est que de 8 % quand celui des petites entreprises est de 28 % en moyenne. Il faut aussi ajouter, depuis trente ans, les multiples mesures d’exonération des cotisations sociales patronales, mesures presque totalement financées par le budget de l’État.
Tout cela s’est effectué dans un contexte de dumping fiscal, dans l’Union européenne comme dans le monde, un cas emblématique étant l’Irlande avec un taux d’impôt sur les sociétés de seulement 12,5 % !

On a donc pu assister à un appauvrissement programmé des finances publiques. Par exemple, les recettes de l’État représentaient 15,1 %
du PIB en 2009 contre 22,5 % en 1982 (voir graphique ci-dessous). Les rapports officiels eux-mêmes le reconnaissent : en avril 2010, dans un Rapport sur la situation des finances publiques pour le gouvernement, J.-P. Cotis et P. Champsaur, respectivement directeur et ancien directeur de l’INSEE, notent que :  « Depuis 1999, l’ensemble des mesures nouvelles prises en matière de prélèvements obligatoires ont ainsi réduit les recettes publiques de près de 3 points de PIB : une première fois entre 1999 et 2002 ; une deuxième fois entre 2006 et 2008. Si la législation était restée celle de 1999, (…) la dette publique serait environ 20 points de PIB plus faible aujourd’hui » (p13).

Le rapport d’information pour le débat d’orientation budgétaire du député UMP G. Carrez (juillet 2010) montre qu’en l’absence des cadeaux
fiscaux, le budget de l’État aurait connu un léger excédent de 2006 à 2008, et le déficit n’aurait été que de 3,3 % au lieu de 7,5 % en 2009.
 

L’État s’est remis entre les mains des marchés financiers
 
Pour financer les déficits publics, l’État peut, outre augmenter ses recettes fiscales, emprunter à un taux très faible ou nul à la banque centrale dont ce devrait être en principe le rôle ; il y a alors création monétaire. Or cette possibilité a été bannie en France en 1973 : une réforme de la Banque de France, votée sous l’impulsion de Valéry Giscard d’Estaing, ministre des finances de Georges Pompidou, interdit au Trésor public d’emprunter directement à la Banque de France, ce qu’il faisait à des taux d’intérêt nuls ou très faibles. La Banque de France ne peut donc plus financer les déficits publics par de la création monétaire. Il s’agit d’un acte fondateur, et destructeur, car il inaugure la mainmise des marchés financiers sur les États. Cette disposition a été intégralement reprise lors de la création de la Banque centrale européenne (BCE), puis dans tous les traités européens (article 123 du traité de Lisbonne).
 
Cette interdiction ouvre donc la porte à un processus de titrisation des déficits publics. En effet, deux des modalités possibles de financement des déficits publics étant écartées (les recettes fiscales et le financement par la banque centrale), ne restait que la troisième, l’emprunt sous forme d’émission d’obligations publiques auprès des marchés financiers, c’est-à-dire des banques privées, et ce, aux taux d’intérêt de marché. La déréglementation et la libéralisation totale des mouvements de capitaux permettant aux États de s’adresser aux épargnants du monde entier !
 

L’ « effet boule de neige »de la dette publique
 
Entre 1980 et 1995, le taux d’intérêt réel (qui est la différence entre le taux nominal qui dépend de la politique des banques centrales et le taux d’inflation) devient supérieur au taux de croissance du PIB. Ces taux d’intérêt élevés sont également la conséquence de la politique monétaire restrictive de la Banque de France, puis de la BCE, orientée vers la seule lutte contre l’inflation. En conséquence, le poids de la dette dans le PIB a augmenté mécaniquement. Ainsi, concernant la France, entre 1981 et 2003, plus de la moitié de l’accroissement du ratio dette/PIB est dû à l’effet « boule de neige ». On a, de plus, pu calculer qu’en l’absence d’effet boule de neige, et même avec les intérêts, le stock de la dette publique aurait été en 2008 de 43,8 % du PIB au lieu de 67,4 %.
 
 
Qui détient la dette publique ?
 
La dette publique est détenue quasi exclusivement par les grands opérateurs financiers (banques commerciales, compagnies d’assurances, gestionnaires d’actifs financiers). Les banques détiennent des titres de la dette publique pour gérer leur besoin de liquidités, pour constituer leurs fonds propres, pour assurer à leurs clients des placements a priori sans risque. Les titres de la dette publique sont de plus utilisés par les banques comme dépôt de garantie – ils sont mis en pension – lors de leur refinancement auprès des banques centrales. Les compagnies d’assurances et les gestionnaires d’actifs détiennent aussi des encours importants de dette publique car ils constituent des supports d’investissement pour les contrats de long terme, l’assurance-vie par exemple.
 
La dette publique française est détenue à plus de 70 % par des investisseurs non résidents. Cette part n’était que de 59 % en 2007. Elle est nettement supérieure à la moyenne de la zone euro (53 %). Au vu du poids de l’assurance-vie en France, ce sont les compagnies d’assurance qui sont le premier détenteur domestique de la dette publique (20 %). La dette publique française est donc essentiellement placée sur les marchés financiers internationaux et la zone euro apparaît comme la région la plus ouverte aux investisseurs étrangers pour l’acquisition des titres de la dette publique.
 
Ce n’est pas le cas du Japon et des États-Unis. La dette publique japonaise, bien que très importante (plus de 200 % du PIB), est essentiellement détenue par des résidents (92 %) et par des institutions financières publiques. Elle est donc hors du marché financier mondial et n’est pas soumise aux attaques spéculatives. C’est aussi le cas de la dette des États-Unis qui représente 100 % du PIB en 2011. Elle est détenue à 70 % par des investisseurs résidents et le secteur financier privé n’en possède qu’une petite part, la plus grande partie étant dans les mains d’institutions publiques. Ainsi, en 2009, les émissions de la dette fédérale américaine ont été souscrites seulement à la hauteur de 6 % par les banques commerciales. De plus, au vu du rôle du dollar, ce sont les banques centrales, en particulier la Banque centrale chinoise qui en sont les principaux acheteurs au niveau international : 42 % des avoirs de la Banque centrale chinoise sont constitués de titres de la dette américaine.
 
Les banques de la zone euro possèdent des encours très importants des dettes publiques des États membres de l’Union européenne. Selon une étude de Natixis, les banques françaises possèdent ainsi plus de 45 milliards de titres de la dette allemande, 53 milliards de celle de l’Italie, 10 milliards de titres grecs et plus de 118 milliards de titres de la dette française. Les banques allemandes possèdent plus de 36 milliards de la dette de l’Italie, plus de 13 milliards de la dette de la France, plus de 10 milliards de la dette grecque, près de 19 milliards de la dette de l’Espagne et 315 milliards de titres de la dette allemande. Cette imbrication importante des banques et des États membres est porteuse d’un risque systémique en cas de défaut de paiement d’un pays important de la zone euro. Plus de 80 % de la dette des pays en difficulté comme la Grèce, le Portugal, l’Espagne, l’Irlande et l’Italie sont détenus par des banques européennes.
 
 
Le poids de la crise
 
Si la dette publique ne date pas de la crise, elle a connu une forte aggravation depuis 2008. Avec le ralentissement de la croissance, les recettes de l’État ont diminué encore davantage (de 51 milliards d’euros entre 2007 et 2009, soit une baisse considérable de 15 % !), et les dépenses publiques se sont accrues de 27 milliards d’euros. Le déficit budgétaire a donc augmenté de 78 milliards d’euros, soit 4 points de PIB supplémentaires. Ainsi, en 2009, les dépenses de l’État ne sont plus couvertes qu’à 71 % par ses recettes. Le processus est général dans l’Union européenne, avec un impact violent : entre 2007 et 2010, le déficit a augmenté en moyenne de 6 points de PIB au niveau européen. Parmi les pays plus touchés, on retrouve ceux qui sont aujourd’hui soumis aux attaques spéculatives avec une montée des taux d’intérêt imposés par les grandes firmes de la finance.
 
Les plans de relance et les plans de sauvetage des banques mis en œuvre par les gouvernements y ont largement contribué. Les gouvernements ont injecté des masses d’argent souvent considérables, ou pris des engagements, pour renflouer les banques et autres institutions financières menacées de faillite – même s’il n’est pas aisé d’en faire le bilan chiffré global car ces différentes mesures peuvent se recouper en partie ou être très provisoires. Au niveau de l’Europe, cette aide représente 589 milliards d’euros de 2008 à 2009, soit 5,4 % du PIB, avec des différences importantes selon les pays. Dans le cas français, il faut noter le rôle du sauvetage de Dexia et du groupe BPCE, de la création de la SFEF (Société de financement de l'économie française) et du transfert en faveur des banques de 22 milliards en provenance du livret A.
 
Il s’agit bien d’une socialisation des pertes, aboutissant à renflouer des établissements financiers qui aujourd’hui prêtent aux États européens en crise à des taux d’intérêt prohibitifs, tout en se refinançant à bon marché auprès de la BCE, qui a toujours interdiction de prêter aux États !
 
 
Pas une affaire de générations mais une affaire de classes
 
Comme pour les retraites, on essaie de nous faire croire que la dette publique est un « fardeau pour les générations futures ». En réalité, l’affaire se joue bel et bien aujourd’hui au sein de la génération actuelle : il s’agit d’une redistribution à l’envers des revenus, de la majorité de la population vers les plus riches. Une logique imparable s’est donc mise en place. Les ménages les plus riches bénéficient d’allègements fiscaux conséquents, que ce soit en matière d’impôt sur le revenu, d’imposition moindre de leur patrimoine et des revenus de ce dernier. Ils dégagent ainsi des liquidités qu’ils peuvent prêter à l’État, qui en a justement besoin à cause de ces allègements fiscaux et qui leur verse une rétribution pour cela. Ils touchent un « double dividende » : moins d’impôt et plus de rente. Tout cela est payé par la majorité de la population: fiscalité injuste pour compenser (TVA dont le taux réduit augmente aujourd’hui de 5,5 à 7 % avec le plan Fillon, impôts locaux) et politiques d’austérité pour rembourser la dette.

De plus, la dette de la France doit être mise en relation avec le patrimoine correspondant. Ainsi, selon les comptes de patrimoine de l’INSEE,
l’actif de l’État est valorisé en 2010 à 2500 milliards d’euros, soit 131 % du PIB, à comparer au montant de la dette qui était à la même date de 82,3 % du PIB. Les générations futures devront certes s’acquitter d'une dette, mais elles auront en contrepartie collectivement un patrimoine qui se sera accru. Il paraît légitime qu’un investissement utilisé par plusieurs générations soit financé par elles à travers un endettement s'étalant également sur plusieurs générations.
 
 
La crise de la dette publique dans la zone euro
 
Alors que la crise de la dette publique a des conséquences désastreuses sur l’ensemble des pays européens, beaucoup saisissent l’occasion pour faire de la monnaie unique le bouc émissaire de cette crise. Ce n’est pourtant pas le fait d’avoir une monnaie unique qui explique la crise : c’est bien la manière dont a été conçu l’euro qui pose problème. Dès le début, la monnaie unique européenne a été un instrument de soumission des peuples à la finance et au néolibéralisme. La BCE s’est vu interdire d’accorder des crédits aux pouvoirs publics et n’a comme seul objectif que la stabilité des prix. Les traités ne fixant aucune cible en matière d’inflation, c’est la BCE qui, de sa propre autorité, s’est fixé comme objectif un maximum de 2 % d’inflation. Son unique instrument est le pilotage des taux d’intérêt et elle le met au service de la finance et des grands groupes capitalistes.
 
Bien avant la crise de 2008, les économies européennes connaissaient déjà une croissance faible et un taux de chômage important. La BCE a préféré tout de même maintenir des taux d’intérêt élevés et un euro surévalué, à la grande satisfaction des spéculateurs sur les marchés obligataires européens. À partir de 2008, l’aberration des statuts de la BCE apparaît encore plus clairement ; en rupture avec un de ses dogmes comme avec le traité de Lisbonne, la BCE est obligée d’injecter massivement des liquidités dans l’économie européenne en rachetant des obligations des États les plus menacés.
 
Les États de la zone euro voient donc leur dette exploser, d’autant plus que les banques privées profitent de l’impossibilité pour les États d’emprunter directement à la BCE pour imposer des taux d’intérêt très élevés. La moindre dégradation de note de la part des agences de notation suffit à justifier des hausses considérables de taux. Les pouvoirs de ces agences n’ont cessé d’être élargis par l’Union européenne ces dernières années. Par exemple, le règlement 513/2011 sur les agences de notation de crédit postule notamment que ni l'Autorité européenne des marchés financiers, ni la Commission européenne, ni aucune autorité publique d'un État membre n'a le droit d’interférer avec le contenu des notations de crédit ou avec les méthodes utilisées. Les trois entreprises privées (Standard & Poor’s, Fitch et Moody’s), à la rentabilité défiant toute concurrence (plus de 40 % de marge opérationnelle), baignent dans des conflits d’intérêts surprenants : elles se font rémunérer par les entités qui souhaitent recevoir une note. Pour les satisfaire, elles peuvent donc avoir tendance à maintenir leur note à haut niveau. Rappelons que la société Enron, le fonds Madoff, les crédits subprime ou la banque Lehman Brothers ont été très bien notés jusqu’à leur effondrement.
 
En se soumettant à la finance, – l’article 63 du traité de Lisbonne interdit toute restriction aux mouvements de capitaux entre les États membres de l’Union européenne ou avec des pays tiers –, la politique monétaire européenne aggrave donc la crise de la dette et la concurrence entre les pays. Les traits distinctifs des pays de la zone euro sont accentués : aux fortes coopérations industrielles des années 1980 (Ariane et Airbus par exemple) succèdent une concurrence et une hétérogénéité entre dix-sept pays aux réalités bien différentes. Les pays dits périphériques (Portugal, Italie, Grèce, Espagne, Irlande) ont été déstabilisés par la stratégie de la classe dominante allemande basée sur l’exportation, la déréglementation ainsi que le gel des salaires. Cette politique contraint l’ensemble des pays européens à l’austérité budgétaire et salariale pour retrouver de la compétitivité et, pour les plus favorisés d’entre eux, espérer garder leur triple A. Chaque jour qui passe est un désaveu de plus à la stratégie de la BCE et à sa mission fixée par les traités. La BCE, qui refuse de financer directement les États, a en revanche ouvert depuis l’été 2011 l’accès des banques à une liquidité illimitée, à des taux d’intérêt très faibles (1 % en décembre 2011). En pleine crise économique, avoir une monnaie unique qui n’est pas adossée à une Europe politique démocratique disposant d’un budget conséquent et qui est gérée dans le seul intérêt des banques, mène droit à la catastrophe. La BCE est donc obligée de désobéir elle-même à ses propres règles en rachetant des titres de la dette sur le marché secondaire pour éviter que la crise de la dette publique ne fasse exploser la zone euro.
 
 
Quelles réponses face à la dette ?
 
La dette publique sert aujourd’hui de prétexte pour imposer une régression sociale sans précédent. Non seulement les plans d’austérité sont socialement inacceptables, mais ils sont économiquement stupides. Les marchés veulent que les déficits publics soient réduits pour être sûrs que les États puissent payer la charge de la dette, mais ils s’inquiètent du fait que les mesures prises vitrifient l’activité économique. La récession généralisée est en effet au bout du chemin, avec pour conséquence un accroissement des déficits que l’on voulait réduire. Apporter d’autres réponses à la question de la dette est donc aujourd’hui décisif.
 

Une dette illégitime
 
Peut-on considérer la dette publique existante comme illégitime ? Quels sont les critères qui permettraient de l’établir ? La réponse est simple dans le cas de régimes dictatoriaux qui s’endettent pour des objectifs contraires à l’intérêt des populations (achat massif d’armes, dépenses de prestige…). Une telle dette peut être qualifiée au moins en partie de dette illégitime.

La Grèce se rapproche de ce cas de figure. Sa dette a d’abord explosé sous la dictature des colonels entre 1967 et 1974. Elle a continué à
augmenter par la suite grâce à un régime fiscal exemptant les plus riches et favorisant l’évasion fiscale, le tout sur fond de corruption importante et de dépenses militaires exorbitantes. L’Église orthodoxe, propriétaire d’un patrimoine foncier considérable, ne paye pas d’impôt, de même que les armateurs. Les dépenses d’armement sont, en pourcentage de la richesse produite, parmi les plus élevées du monde et les travaux somptuaires pour les Jeux olympiques, à quelques rares exceptions, n’ont absolument pas profité à la population. On peut donc avancer qu’une bonne partie de la
dette de la Grèce est illégitime, ce d’autant plus que son accroissement récent - elle est passée de 120 % du PIB en 2010 à 160 % aujourd’hui –, est essentiellement dû aux taux d’intérêt usuraires des préteurs et aux politiques d’austérité qui lui ont été imposées paradoxalement pour la réduire.
 
Le problème est plus complexe en France, dans le cas présent où les dettes ont été souscrites par des gouvernements élus démocratiquement et où les sommes empruntées ont été utilisées dans les dépenses courantes ou l’investissement des administrations publiques ou de la Sécurité sociale. Cependant, la question se pose aussi. Le gonflement de la dette publique a, on l’a vu, trois sources : les cadeaux fiscaux faits aux ménages les plus riches et aux entreprises, en particulier les plus grandes ; les intérêts versés avec notamment l’effet « boule de neige » ; la crise financière avec l’intervention de l’État pour sauver les banques et bloquer la récession, qui a entraîné par ailleurs une baisse des recettes fiscales.

La question de l’illégitimité de la dette se pose donc aussi en France et d’ailleurs dans tous les pays européens qui sont peu ou prou dans
une situation similaire. C’est pourquoi la dette doit être évaluée par un comité d’audit citoyen qui devra déterminer la part de la dette illégitime devant être annulée et celle qui devra être remboursée.
 

Sortir la dette publique des mains des marchés financiers
 
Les États sont obligés aujourd’hui d’emprunter sur les marchés financiers. C’est, comme on l’a vu, le résultat d’une politique délibérée. L’Union européenne se place ainsi volontairement sous l’emprise des marchés financiers. Il faut rompre radicalement avec cette situation et mettre en œuvre une nouvelle politique monétaire. La BCE et les banques centrales nationales doivent pouvoir financer directement par création monétaire les déficits publics. Elles doivent pouvoir le faire à partir d’objectifs économiques, sociaux et écologiques démocratiquement débattus et décidés. Concernant le stock de la dette existant qui n’aurait pas été annulé suite à l’audit, la BCE pourrait le racheter sur le marché secondaire, amplifiant une politique qu’elle mène depuis la crise (depuis mai 2010, la BCE a acheté 207 milliards d’euros sur le marché secondaire).
 
Cette nouvelle politique monétaire suppose deux conditions. D’une part, l’indépendance de la BCE et des banques centrales nationales doit être remise en cause. Cette indépendance n’a d’autre but que de garantir aux marchés financiers qu’elle échappera à tout contrôle démocratique et restera fixée sur le seul objectif de faible inflation tout en tolérant que le crédit soit abondant pour nourrir les activités purement financières. D’autre part, il faut que les politiques économiques européennes soient réellement coordonnées afin d’éviter le chacun pour soi. La politique monétaire doit redevenir l’objet de débats politiques et de décisions démocratiques au niveau national comme au niveau européen.

Deux objections sont soulevées à cette mesure. La première brandit le spectre de l’inflation. Une création monétaire incontrôlée serait
porteuse d’une inflation qui le serait aussi. Outre qu’il ne s’agit pas dans notre proposition d’une création monétaire incontrôlée, mais au contraire politiquement et démocratiquement contrôlée, cet argument s’appuie sur la vieille théorie quantitative de la monnaie qui relie directement accroissement de la masse monétaire et inflation. Or, contrairement à ce qu’affirme cette théorie, il n’y a aucun effet d’automatisme en la matière. L’effet d’un accroissement de la masse monétaire dépend essentiellement de l’utilisation de cette augmentation et de la façon dont elle est répartie. Au-delà, durant les « Trente Glorieuses », la plupart des pays européens ont vécu avec de l’inflation et cela ne les a pas empêchés de connaître une certaine prospérité économique. De plus, Le risque inflationniste serait contenu si les sommes injectées servaient à enclencher des activités productives nouvelles. Un peu d’inflation pourrait d’ailleurs aider au désendettement des ménages – il faudrait toutefois pouvoir garantir leur pouvoir d’achat –,ainsi qu’à celui des entreprises. Enfin, avec la récession qui s’annonce en Europe, le danger n’est pas l’inflation, mais la déflation qui entraînerait l’économie dans un cycle dépressif. Le dogme anti-inflationniste de la BCE répond avant tout aux exigences du capital financier dont l’inflation érode les revenus !
 
La seconde objection est politique et met en avant le fait que cette solution est aujourd’hui refusée par la plupart des pays européens et notamment l’Allemagne. Elle renvoie à la stratégie. Cette nouvelle politique monétaire constituerait une rupture avec l’emprise des marchés financiers. Elle suscitera donc l’opposition des gouvernements conservateurs ou de ceux dominés par le social-libéralisme. Un gouvernement progressiste devrait alors engager un bras de fer avec les autres gouvernements européens comme cela s’est fait à quelques reprises dans l’histoire de la construction européenne. Il devrait prendre des mesures unilatérales en rupture avec les traités européens. Il mettrait fin à l’indépendance de la Banque de France et imposerait à cette dernière de créer des euros pour financer le déficit public. Il s’adresserait aux peuples européens en tenant un discours tourné vers la construction d’une Europe démocratique et sociale et en expliquant qu’il refuse que les populations payent le prix de la crise. Nul doute que l’écho en serait important et permettrait de créer un rapport de forces au niveau européen. D’un point de vue juridique, un tel gouvernement pourrait s’appuyer sur le « compromis de Luxembourg » qui prévoit que les États peuvent déroger aux règles européennes s’ils estiment que leur « intérêt vital » est en jeu. Cette clause dite de l’opt out a d’ailleurs été utilisée par certains pays européens (le Royaume-Uni, la Pologne, la République tchèque) pour refuser l’application de la Charte des droits fondamentaux intégrée au traité de Lisbonne.
 
 
Reprendre le contrôle des banques
 
Les banques jouent un rôle central dans le fonctionnement de l’économie. Elles ont été sauvées lors de la crise financière de 2008 par l’intervention des États. Or, le paradoxe, c’est qu’elles n’ont jamais été aussi puissantes. Les gouvernements, en particulier en France, ont aidé les banques sans aucune contrepartie. Les banques en ont profité pour se restructurer et pour se refaire une santé financière, notamment en spéculant sur la dette des États. La concentration bancaire a atteint un niveau sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. Le too big to fail, qui induitqu’une banque est trop grosse pour faire faillite, et qui est la garantie donnée aux banquiers qu’ils seront sauvés quoi qu’ils fassent, a encore de beaux jours devant lui.

Dans cette situation, il faut aujourd’hui reprendre le contrôle des banques. La création monétaire qu’elles opèrent en accordant des crédits
ne peut être laissée dans les mains des actionnaires privés et décidée suivant des critères de rentabilité financière. Au too big to fail doit succéder le too big to exist. Les conglomérats bancaires doivent être démantelés et leurs filiales dans les paradis fiscaux fermées. Le système bancaire ne peut pas être régulé par la concurrence. L’activité des banques doit être tournée vers le financement de l’activité productive visant prioritairement la satisfaction des besoins sociaux et la transformation écologique de la société.

Ces mesures supposent de déprivatiser le système bancaire et d’instaurer sur les banques un contrôle public démocratique. Une
nationalisation qui laisserait en l’état le système bancaire actuel serait sans effet sur sa place et son rôle dans la société. C’est à sa refondation et à sa socialisation qu’il faut s’attacher, et ce à l’échelle européenne, même s’il faudra bien commencer quelque part.
 

Engager une réforme fiscale d’ampleur
 
Une des racines de la dette se trouve être le manque de recettes dû à la contre-révolution fiscale en œuvre depuis une trentaine d’années. Une réforme fiscale d’ampleur devrait permettre de réduire l’ampleur du déficit et de redonner des marges de manœuvre aux politiques publiques.
 
 
Se mobiliser contre l’épouvantail de la dette
 
Le rouleau compresseur médiatique de la dette justifie aujourd’hui la mise en place de mesures injustes, qui mettent en péril le cœur même de nos sociétés. Pour lutter contre la résignation et ouvrir de nouvelles perspectives pour les luttes sociales, un appel pour un audit citoyen de la dette publique a été lancé à l’initiative de plusieurs associations et syndicats, et il est soutenu par des partis politiques :
( www.audit-citoyen.org ).
Dans le sillon creusé par les mobilisations de 2005 contre le TCE et des mobilisations contre la réforme des retraites, de nombreux collectifs citoyens se forment sur la base de l’appel. Face aux arguments massues du discours officiel, le collectif formule des analyses critiques, alternatives qui doivent être discutées, débattues : il est essentiel de faire vivre le débat citoyen au niveau local.
Des pistes de mobilisation existent aussi au niveau des collectivités locales : certains prêts toxiques, négociés ces dernières années par les collectivités avec Dexia, peuvent avoir des conséquences tragiques en termes de coupes dans les services publics locaux. Des collectifs locaux ont ainsi entrepris des démarches pour faire la lumière sur la nature de ces dettes, et dénoncer les mesures d’austérité qui sabotent le fonctionnement des hôpitaux, écoles, etc. En 2005 et 2010, les mobilisations citoyennes ont contribué à changer la donne dans le débat public. Aujourd’hui, les enjeux sont encore plus cruciaux. Face à l’ampleur de l’entreprise de destruction de la protection sociale et des services publics en Europe, il faut lutter contre la résignation, et faire monter la pression populaire pour qu’elle s’exprime avec les syndicats, les partis, par des mouvements sociaux et dans la rue. En 2012, il faudra bien leur faire comprendre, de gré ou de force, que nous ne paierons pas leur dette !
 

ATTAC FRANCE / FONDATION COPERNIC
(Ont participé à l’élaboration de ce document :
Thomas Coutrot, Guillaume Etievant, Jean-Marie Harribey, Pierre Khalfa,
Frédéric Lemaire, Marc Mangenot, Christiane Marty, Stéphanie Treillet).
 
 
Pour compléter son info :
 
Il n’y a pas la "Crise de l’euro" mais la Crise des banques en faillite depuis 2008 / Solvency 2, Bâle III et MiFID2 annulés
 http://www.renovezmaintenant67.eu/index.php?post/2012/06/21/Il-n%E2%80%99y-a-pas-la-Crise-de-l%E2%80%99euro-mais-la-Crise-des-banques-en-faillite-depuis-2008-/-Solvency-2%2C-B%C3%A2le-III-et-MiFID2-prorog%C3%A9s
 "Les financiers spéculateurs ont réussi cette semaine un coup, qui n’est qu'un coup de maître pour les observateurs étourdis. Ce coup n’est
qu'une simple étape technique dans un programme et une politique éprouvés. Les banques et assurances se font en effet massivement adoucir depuis 2008 par les États dits souverains la charge de leurs positions toxiques illiquides et irrécouvrables. Elles transfèrent massivement une grosse part de leurs dettes pourries sur la dette publique des États. Ces États mettent à la disposition des banques par l’intermédiaire de leur enfant illégitime, la BCE "indépendante", des liquidités à un taux voisin de zéro ou en réalité à un taux très négatif (jusqu'à -25% en taux annuel), et ces banques prêtent aux mêmes États des liquidités à des taux excessifs voisins de 7% ou supérieurs."
 
Troïka : tout ce qui est à nous est à nous…
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/troika-tout-ce-qui-est-a-nous-est-122452
 "Tout a été dit de l’aspect inique, injuste et, tout compte fait, inefficace, sur le fond et la manière avec laquelle la troïka gère le problème grec. Les toutes dernières recommandations, suivies du traditionnel chantage consistant à remettre aux calendes grecques la nouvelle tranche du prêt européen à ce pays depuis longtemps à bout, indiquent, une fois de plus, que les comptables sont surtout des idéologues ivres de libéralisme."
 
Le néo-libéralisme : unité, diversité, divergences
http://www.laviedesidees.fr/Le-neo-liberalisme-unite-diversite.html
 "Serge Audier répond aux trois lectures de son ouvrage et en réaffirme les enjeux : le néo-libéralisme n’est pas un courant univoque, son histoire est faite tout autant de ruptures, de désaccords, d’évolutions que de convergences. Nier ainsi la diversité des « néo-libéralismes », c’est confondre les époques et se laisser aveugler par un terme devenu, à force de critiques, un peu fourre-tout.
Le terme « néo-libéralisme » est aujourd’hui omniprésent. Il semble désigner les grandes mutations de notre époque depuis les années
1970 : dérégulation, privatisations, retrait de l’État, explosion des inégalités, mise en concurrence généralisée."








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Article 7

Envoi par Marc JUTIER : http://www.jutier.net/






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MANIFESTE DE L'HOMME RESOLU

Pour changer le monde, changez-vous et proclamez-le !
 
 
 
Sources : http://bit.ly/NQpBFf 
http://marcjutier.over-blog.fr/article-manifeste-de-l-homme-resolu-pour-changer-le-monde-changez-vous-et-proclamez-le-108642356.html
 
  Le temps du soulèvement des hommes résolus et pacifiques est arrivé. Ce n’est pas la révolution mais la Résolution Pacifique ! L’heure n’est plus à la démonstration que l’idéologie dominante, le néolibéralisme, le capitalisme, est un système fondamentalement nocif pour l’humanité et son habitat : la planète Terre. Persuadé de cette vérité depuis une vingtaine d’années, j’écris pour proposer des solutions alternatives. L’idée ici est de rassembler propositions d’actions et liens vers des documents subversifs. Bref, un mémento pour l’homme (et la femme) Résolu et Pacifique du 21e siècle.
 
   La lutte politique de Gandhi est l’exemple par excellence comme quoi la non-violence active (ahimsa) est la forme la plus subversive et la plus efficace de contestation et de transformation. La non-participation à la société de consommation (une limitation au nécessaire) et le refus de tout travail néfaste sont les deux jambes pour aller vers une nouvelle civilisation. Comme dit le dalaï-lama : si vous pensez que vous êtes trop petit pour changer quoique ce soit, essayez donc de dormir avec un moustique dans votre chambre...
 

  1/ Consommons et travaillons autrement.
 
100 sites pour consommer sans posséder :
http://www.terraeco.net/100-sites-pour-consommer-sans,39894.html
 
Refuser tout travail non véritablement utile aux autres ( publicité, marketing, etc. ).
 
Les actes les plus subversifs : consommer un minimum, n’acheter aucun produit présenté à la TV, éviter d’acheter la presse écrite afin d’éviter de se faire laver le cerveau, ne faire aucune demande de prêt, ne conserver en banque que le minimum pour les paiements courants, acheter local … bref ! le changement, c’est chaque jour dans chaque acte de chacun. Vivez, prospérez, consommez :
http://www.dailymotion.com/video/xdvxwi_vivez-prosperez-consommez-1-3_news
 

  2/ Informons-nous, découvrons et faisons connaître la vérité.
Par exemple, allons sur : http://jaiundoute.com/ Une sélection des meilleurs documentaires (en français) disponible sur la toile sur l’escroquerie monétaire, la dette, les banques, big pharma, Food inc, GasLand, Monsanto, Thrive, Collapse, Zeitgeiss, 11 septembre, etc.
 
 
  3/ Occupons les espaces publics et pratiquons la non-violence.
La non-violence, c’est ce qui motive « The Revolution Is Love http://occupylove.org/videos/  ) » aux USA par exemple, mais aussi le mouvement Colibris ( http://www.colibris-lemouvement.org/ ) en France ainsi que des millions de citoyens à travers la planète. Ce mouvement est planétaire et il est bien au-delà des clivages gauche/droite franco-français. Aujourd’hui, l’exemple efficace de cette révolution non-violente c’est Occupy Wall Street (OWS) : ( http://occupywallst.org/ ). Occupons les espaces publics, chantons, dansons, discutons, mangeons, dormons devant les lieux du pouvoir (Assemblée Nationale, Sénat, préfectures, conseils généraux, sièges de banques). Depuis quelques années, une profonde remise en question du paradigme dominant est partagée par de plus en plus de citoyens à travers le monde. Awakening - 2012 - A Message of Hope :
( http://www.youtube.com/watch?v=6H7rk1rfp7c ).
 
 
  4/ Signons la pétition « Pour que l'argent serve au lieu d’asservir ! » :
( http://www.public-debt.org/index.php?lng=fr ). Formulaire en ligne : ( http://www.public-debt.org/soutien.php ).
 
Page d’info relatif à cette campagne nationale de sensibilisation sur l’escroquerie monétaire : http://bit.ly/KmPGGI
 
Faisons connaître cette vérité à l’ensemble de nos concitoyens.
 
 
  La Résolution Pacifique (petit manifeste de l’homme résolu) :
 
Nous choisissons de consommer un minimum.
 
Nous rejetons le bonheur artificiel vendu par la télévision – le bonheur n’est pas dans la consommation.
 
Nous avons compris l’immense escroquerie dont nous sommes victimes – le système monétaire à réserves fractionnaires.
 
Nous sommes conscient du potentiel de l’immense richesse de notre société technicienne et de la vulnérabilité de notre patrimoine naturel.
 
Nous refusons tout discours médiatique qui tenterait de nous faire croire à la nécessité de l’austérité et de la « croissance » pour sortir de la crise.
 
Nous refusons de nous faire manipuler par les dominants et de nous battre tous contre tous pour être esclaves.
 
Nous en avons assez d’être considéré par l’oligarchie – banquiers, technocrates et politiques – comme du bétail et des abrutis, c’est pourquoi, à partir d’aujourd’hui, nous ne demandons plus, nous ne réclamons plus, nous ne crions plus, nous ne revendiquons plus,
mais « nous EXIGEONS » !
 
Nous EXIGEONS que la monnaie soit dorénavant émise par la nation et non plus par les banques privées.
 
Nous EXIGEONS un dividende sur la richesse nationale – un dividende citoyen.
 
Nous EXIGEONS que les transports en communs soient gratuits pour tous.
 
Nous EXIGEONS en impérieuse priorité un moratoire sur le commerce de l’armement.
 
Nous EXIGEONS qu'il n'y ait plus de revendications de la colère, le poing levé, mais que nous fassions « TOUS » la fête en clamant nos EXIGENCES, le ventre plein, en riant, en dansant, en chantant avec nos casseroles, nos sifflets, nos ukulélés, nos guitares, nos flûtes et nos djembés, devant tous les palais présidentiels, les hauts commissariats de la planète ; et que nous refusions systématiquement de participer à tout conflit, à toute guerre conçue, développée, organisée, entretenue, imposée par nos politiques, nos banksters et leurs médias !
 
En totale priorité, nous EXIGEONS que le travail (mot ayant pour origine torture) devienne partout et pour chaque intervenant une récréation, un plaisir, un moment privilégié et agréable pour tous, sans condition. Dans des environnements et des conditions valorisants de confort, de sécurité, sans rendements intempestifs, sans compétitions, sans pressions morales, physiques ou psychologiques. Et pourquoi ne pas remplacer définitivement ce mot travail, ne pas désormais effacer ce mot dégradant de notre vocabulaire à tout jamais en le remplaçant par « activité professionnelle ».
 
Plus vous prenez du recul et observez l'étendue de ce que nous pourrions techniquement fournir à la population humaine, de mettre fin aux guerres, d'éradiquer la famine, d'éradiquer la pauvreté, d'éradiquer 95 % des crimes qui, soit dit en passant, sont liés à l'argent, plus vous réalisez que nous pourrions adopter une approche entièrement nouvelle.
 
On reconnaît avant tout les véritables esclaves, non pas aux chaînes, mais à la force et l'énergie qu'ils procurent à protéger leurs maîtres. Le citoyen n'a depuis longtemps plus besoin de chaînes, en tant qu’esclave n’ayant pas conscience de son état. L'occidental est un esclave qui s’ignore, qui ignore le moyen de contrôle qu'exerce l'argent, sur lui et le monde, et vit dans l’illusion qu’il est "libre" et protégé par des acquis et des droits.
 
Le temps du soulèvement des hommes résolus et pacifiques est arrivé. Ce n’est pas la révolution mais la Résolution Pacifique !
 
  Partout sur Terre des millions d’humains imaginent le monde de demain. (exemple :
http://sacred-economics.com/film/ etc.)... Une civilisation basée sur la vérité et la non-violence. Imaginons ce monde pour définir plus concrètement ce que nous voulons. Réforme monétaire, réforme de la démocratie, réforme de l’éducation et de la santé, réforme de l’agriculture, ... construisons ensemble la civilisation qui va immanquablement remplacer la civilisation de la marchandise.
 
  D'abord ils vous ignorent, puis ils se moquent de vous, puis ils vous combattent, puis vous gagnez. … … La civilisation, au vrai sens du
terme, ne consiste pas à multiplier les besoins, mais à les limiter volontairement. C'est le seul moyen pour connaître le vrai bonheur et nous rendre plus disponible aux autres [...] Il faut un minimum de bien-être et de confort ; mais, passé cette limite, ce qui devait nous aider devient une source de gêne. Vouloir créer un nombre illimité de besoins pour avoir ensuite à les satisfaire n'est que poursuivre du vent. Ce faux idéal n'est qu'un traquenard. … … There is no God higher than truth.  Gandhi
 
 
  5/ Partageons ! la base même de l’efficacité, c’est le partage, alors si vous êtes d’accord avec ce texte, copiez-le, modifiez-le (rajoutez votre grain de sel si vous voulez), mais faites circuler l’information ! sinon, continuez à aller bosser pour con-sommer les saloperies que l’on vous vend à la TV ! Bien à vous.
"Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire." A. Einstein 
 

Marc JUTIER
http://marcjutier.over-blog.fr/
 
 
 
Lecture conseillée par l'auteur :
 
Paul Craig Roberts : Mort de la constitution des Etats-Unis, les Américains peuvent-ils échapper à la supercherie ?
 [URL : http://www.reopen911.info/News/2012/07/25/paul-craig-roberts-mort-de-la-constitution-des-etats-unis-les-americains-peuvent-ils-echapper-a-la-supercherie/ ]
 
 
Pour compléter son info :
 
L’affaire du Libor : ce qu’un (énorme) scandale financier nous apprend du fonctionnement des marchés
 [URL : http://alternatives-economiques.fr/blogs/parienty/2012/05/05/l%E2%80%99affaire-du-libor-ce-qu%E2%80%99un-enorme-scandale-financier-nous-apprend-du-fonctionnement-des-marches/ ]
 
Les affaires au secret
http://owni.fr/2012/01/24/les-affaires-au-secret/
 
Amnesty International et Human Rights Watch : les mercenaires de l’Empire
http://humeursdemarisse.blogspot.fr/2012/07/amnesty-international-et-human-rights.html
 
Les indignés ! Combien de divisions ?
http://www.legrandsoir.info/les-indignes-combien-de-divisions.html
 
Nous n’avons pas mis fin à la croissance, la nature va s’en charger
http://www.les-crises.fr/dennis-meadows-croissance/








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Article 8

Envoi par Robert BIBEAU : http://www.robertbibeau.ca/








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Origine de l'image : Wikipédia

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Origine de l'image : http://www.nonauxhausses.org/
Coalition opposée à la tarification et la privatisation des services publics
GROUPES SOCIAUX MOBILISES EN APPUI AU MOUVEMENT ÉTUDIANT


LE SOUFRE DES ÉLECTIONS !
 
 
 
Page d'origine (indiquée par l'auteur) : http://les7duquebec.com/2012/08/15/le-soufre-des-elections/
 
15.08.2012

LE MANIFESTE DE LA CLASSÉ REVU ET CORRIGÉ
 
            La démocratie populaire directe,  qui rassemble des fragments du peuple délaissé,  est possible à l’intérieur d’une unité syndicale, d’une association étudiante, d’une organisation populaire militante, de ce que les altermondialistes et les anarcho-syndicalistes appellent la « société civile citoyenne à la base ».  Mais cette illusion démocratico-petite-bourgeoise s’effondre dès que cette démocratie directe confronte les intérêts de l’oligarchie dominante, la classe capitaliste monopoliste, qui mobilise alors son parlement législatif, ses tribunaux d’injustice (Loi 78-12), sa police, ses prisons, ses services de sécurité, voire l’armée s’il en est besoin (Loi des mesures de guerre), pour écraser toute velléité de pouvoir démocratique directe-citoyenne-populiste-à la base.
 
            Le manifeste de l’association étudiante la CLASSÉ « Nous sommes avenir » est pourtant lucide sur ce point puisqu’il y est écrit : « Quand se fait entendre la grogne populaire, on applique les lois spéciales (Loi 78-12) et on nous impose les  bâtons, le poivre et les gaz lacrymogènes. Lorsque l’élite se sent menacée, elle trahit les principes qu’elle dit défendre : leur démocratie ne fonctionne que lorsque nous nous taisons » (1).
 
            Erreur, chers amis de la CLASSÉ, ce n’est pas l’élite intellectuelle qui gouverne cette société capitaliste, qui commande au législatif, à la justice, à la police et au milieu carcéral et qui administre cette société d’injustice. C’est la classe des riches capitalistes monopolistes – les Péladeau, Bouchard, Sirois, Desmarais, Beaudoin, Coutu, Chagnon, Sabia, Lessard, Vandal, Vachon, Saputo – énergumènes qui n’ont rien d’une « élite », plutôt des requins de la finance et de l’industrie qui ont ordonné à leur État québécois de faire en sorte que l’université serve pour ce qu’elle doit – non pas pour éduquer les gens du peuple, les fils et les filles d’ouvriers – non pas « pour paver la voie à l’émancipation de toute une société d’égalité et de respect des différences (..)  Une éducation libératrice qui jette les bases de l’autodétermination (…) comme un lieu d’épanouissement universel. » (2) ; mais plutôt, une université de la marchandisation du « savoir » – de la force de travail – une université qui fournisse, comme elle l’a toujours fait, une main-d’œuvre qualifiée « juste à temps ».
 
            Dans chaque société (esclavagiste romaine – féodale européenne – capitaliste contemporaine), les systèmes d’éducation et d’université ont été érigés pour servir les besoins de la classe dominante. De nos jours, les capitalistes financiers de l’industrie et de la banque demandent à leur système éducatif de fournir la main-d’œuvre qualifiée requise à chaque étape historique de la crise impérialiste. 
 

À CHAQUE ÉPOQUE, SON ÉPÉE ET SON GOUPILLON
 
            Et quelle est l’étape présente du développement impérialiste ?  En cette période de concurrence féroce entre les anciens impérialistes décadents et les nouveaux impérialistes montants, il n’est plus requis de produire en société occidentale de grandes quantités d’érudits – « élite intellectuelle formée en partie de bobos ex-soixante-huitards », des philosophes, sociologues, enseignants, journalistes ou théologiens, historiens ou littéraires, géographes ou urbanistes, psychologues ou archéologues et autres pontifes chargés d’endoctriner la «populace» et de lui servir l’opium pour panser ses plaies, comme disent les porte-faix.
 
            Le curé, missel en main, et l’intellectuel, grimoire en chevalet, ces élites et sommités sont aujourd’hui remerciées pour leurs services devenus superfétatoires, car maintenant c’est le juge, la police et le garde chiourme qui ont pris le relais – l’heure est grave et la bourgeoisie n’a plus le temps de faire dans la dentelle. Charest est en élection pour plébisciter cette orientation, c’est-à-dire, pour demander au peuple de choisir son bourreau et d’accepter son sort misérable via la mascarade électorale qui décidera qui, de Charest ou des autres prétendants (Marois ou Legault), dirigera la parade des affaires d’État pour le bénéfice des milliardaires ? Charest s’apprête à être sacrifié par ceux qu’il a si bien servis ; ainsi va la vie chez les thuriféraires de sacristie. Il n’a pas su mâter les étudiants, il sera répudié par les possédants. Dans cette élection onéreuse et frauduleuse, bien des votants ne sont que des figurants manipulés qui apposeront leur croix à l’endroit qu’on leur dira.
 
 
NOUVELLE ÉTAPE – NOUVELLE TACTIQUE DE PROFITABILITÉ
 
            Aujourd’hui, la plus-value absolue est produite plus aisément en pays émergents (Chine, Inde, Russie, Brésil, Iran). Impossible de contrevenir aux lois inéluctables de l’économie capitaliste – les plus bas salaires permettent d’engranger la plus forte plus-value absolue. Par contre, dans les anciens pays capitalistes en difficulté (USA, Canada, France…) il est encore possible de concurrencer les impérialistes montants sur le front de la plus-value relative issue de l’innovation technique et technologique. Qu’à cela ne tienne, la voie de l’université est toute tracée.
 

LA MARCHANDISATION DE L’ÉDUCATION
 
            C’est le nouvel objectif de marchandisation de l’école et de l’université ici au Québec, au Canada, comme dans tous les pays impérialistes d’Occident. Voilà pourquoi les frais d’accès à l’université sont partout rehaussés dans le but de transférer le fardeau de la crise économique sur le dos des fils et des filles d’ouvriers et dans le but également de chasser des milliers d’étudiants des universités vers le marché du travail où la main-d’œuvre semi-qualifiée doit être abondante afin de créer les conditions de concurrence qui en fassent baisser le prix absolu et relatif pour le bénéfice des industriels et des financiers. Ce plan capitaliste est logique, rationnel et réaliste. Le malheur, c’est qu’il va à l’encontre des intérêts du peuple et des ouvriers. Voilà ce que le Manifeste de la CLASSÉ aurait dû souligner plutôt que de pleurer sur « la gratuité perdue des services publics, et l’abolition des entraves à la pleine réalisation de notre humanité et du bien le plus précieux collectivement…la gratuité de ce que l’on possède ensemble. » (3).
 
            Encore une fois, illusion et mystification de nos amis confus de la CLASSÉ. Les services publics ne nous appartiennent nullement, à nous, l’ensemble du peuple, ni à la classe ouvrière. Il est de notoriété publique justement, qu’en société capitaliste, le capital et les richesses minières, pétrolières, gazières, hydroélectriques, les moyens de production et d’échanges, et les biens mobiliers et immobiliers, sont la propriété privée des monopoles et des oligopoles et jamais au grand jamais la propriété sociale collective du peuple et des ouvriers qui ne possèdent que leur force de travail – une marchandise – à vendre. Même les fonds de retraite des ouvriers peuvent-être expropriés ou fondre au soleil spéculatif des marchés boursiers privés.
 
            L’Hydro-Québec, ce joyau d’État, est propriété de l’État des riches et fournit à bas prix aux entreprises privées l’énergie requise pour produire le titane, l’acier et l’aluminium, à exporter vers leurs filiales à l’étranger. Aucun parti politique bourgeois ne s’oppose à cette expatriation massive du patrimoine collectif (emplois, capitaux et ressources).
 

DILAPIDATION DU PATRIMOINE COLLECTIF
 
            Ce n’est pas « la vente à rabais de nos ressources » qui fait tort et qui nous détruit collectivement (4). Ce n’est pas le prix fixé pour la dilapidation du patrimoine québécois et canadien qui hypothèque l’avenir collectif, celui de la  classe ouvrière et du peuple québécois. C’est la propriété privée capitaliste de ces ressources et de ce patrimoine (minerais, eau, énergie, force de travail) qui entraîne, quel que soit le prix fixé pour cette braderie, la spoliation des ouvriers, des peuples autochtones, de la petite-bourgeoise paupérisée et des pauvres, tous alliés.
 

LA JUSTE PART, C’EST DE TOUT EXPROPRIER
 
            À la fin de leur manifeste, nos amis de la CLASSÉ introduisent cette question cruciale pour notre avenir collectif : « La tarification, la «juste-part» à payer est une discrimination (…) une surtaxe à ceux qui sont négligé-e-s. En quoi est-ce juste de demander le même montant pour franchir les portes de l’hôpital à un avocat et à une emballeuse ? Ce qui pour l’un est un montant minime est pour l’autre un fardeau insupportable » (5).  Que d’agréables raisonnements effectivement, Charest, le premier Ministre Libéral du Québec le disait justement pendant le conflit étudiant, et il promettait des mesures d’équité en haussant les prêts et les bourses destinés aux écoliers des familles déshéritées. À vouloir «corriger» les malversations du système capitaliste on en vient à embrasser Charest et à le supporter, amis de la CLASSÉ, épivarder !
 
            De fait, dans une société socialiste, tous les services publics seront étatisés, librement accessibles sans discrimination d’aucune sorte et totalement gratuits, les transports en commun étant les premiers de la série. C’est par l’imposition et la taxation et la propriété totalement collective des moyens de production, de distribution et d’échanges de toutes les marchandises – excluant le travail humain qui ne sera jamais plus une marchandise, ni une source de profits – profits qui seront abolis – que nous pourrons réaliser ce miracle collectif. Inutile de chercher à réaliser cet exploit sous le capitalisme monopoliste d’État qui en est l’exact opposé, comme nos amis de la CLASSÉ en conviennent, eux aussi, dans cet extrait :  
 
            « Or, la convoitise d’une poignée de gens redevables à personne, est en train de ravager ces espaces en toute impunité, du Plan Nord aux gaz de schistes. Pour ces gens dont la vision est réduite au profit du prochain trimestre, la nature n’a de valeur que mesurée en retombées économiques (…) heureusement, les peuples autochtones, déportés par chaque nouvelle prospection, résistent à ce vol continuel (…) notre survie économique dépend de l’exploitation rapide, à tout prix, de notre sous-sol disent-ils. » (6)
 
            Militants de la CLASSÉ, Partisans et Partisanes, ces «gens» comme on les appelle ci-dessus, sont redevables à leurs actionnaires, milliardaires et millionnaires, petits porteurs y compris, et leur prodigalité économique leur est sévèrement comptée en profits sonnants et trébuchants. Hors de cette loi d’airain, point de salut capitaliste ! Où est donc le  mystère en la matière ?
 

UN DÉVELOPPEMENT QUI RESPECTE L’ENVIRONNEMENT ?
 
            En effet, ceux-là ne pourront jamais respecter l’environnement écologique et collectif, ou cesser de gâcher la nature pour forger un développement durable, pas plus qu’ils ne savent respecter le peuple, les Premières nations, et les ouvriers qu’ils embauchent et congédient à volonté – selon le bon état de leur portefeuille d’actions spéculatives – tout ceci a déjà été dit et redit. Seul le prolétariat souverain, au nom du peuple libéré, pourra ériger une société fondée sur une autre rationalité, qui ne soit pas « le profit à tout prix » comme il est écrit ici, mais fondé sur le bien-être collaboratif ; car il en sera de l’intérêt général et collectif de ne pas détruire la Terre-mère, ce que nos frères autochtones ont compris depuis des lunes.
 
            L’appui au Plan Nord d’une bande de chefs marguillers-indiens déshonorés ne signifie rien, surtout pas la fin de la résistance amérindienne au génocide culturel et économique dont ces peuples sont victimes à notre plus grande honte communautaire.
 

LA QUESTION POSÉE ET À RÉSOUDRE
 
            La question historique ici posée et à résoudre demeure : Quelle est la classe dominante et dirigeante dans cette société ? Est-ce la classe sociale soumise aux lois inéluctables de la reproduction élargie du capital et donc à l’accumulation accélérée des profits tirés exclusivement de la plus-value ouvrière, est-ce la classe capitaliste qui domine notre société ?  Ou, a contrario, est-ce la classe sociale assujettie aux lois de la propriété collective – publique – des moyens de production, de distribution et d’échanges, ainsi qu’à la propriété collective des ressources naturelles et donc aux lois du développement environnemental respectant rigoureusement les intérêts fondamentaux et durables de la société, est-ce la classe ouvrière qui est au pouvoir dans notre société ?
 
            Comme l’écrivait un célèbre polémiste « Électeur, électrice, croyez-vous que Pierre-Karl Péladeau avec son milliard de dollars d’actifs, et ses milliers d’employés, ses sous-fifres commentateurs télé et ses journalistes dociles bien payés – ses médias et ses lobbies, a le même poids politique que monsieur Cadotte de la rue des Pleurotes, muni de son misérable bulletin de vote ? ».
 
            Hors de la conquête du pouvoir d’État sous la direction du prolétariat  et de son parti politique, point de salut au sein de cette société du pouvoir hégémonique des capitalistes-propriétaires-privés. Voilà votre programme politique, gens de la CLASSÉ.
 

Robert BIBEAU
http://www.robertbibeau.ca/
 
 
________________________________________________________
Notes : 
 
(1)   CLASSÉ.  2012. Nous sommes avenir. Manifeste de la CLASSÉ. http://issuu.com/asse.solidarite/docs/manifeste_classe/1
 
(2)   http://issuu.com/asse.solidarite/docs/manifeste_classe/1
 
(3)   http://issuu.com/asse.solidarite/docs/manifeste_classe/1
 
(4)   http://issuu.com/asse.solidarite/docs/manifeste_classe/1
 
(5)   http://issuu.com/asse.solidarite/docs/manifeste_classe/1
 
(6)   http://issuu.com/asse.solidarite/docs/manifeste_classe/1
 
 
Pour compléter son info :
 
Une contestation sociale intergénérationnelle
http://journal.alternatives.ca/spip.php?article6784
 "Il y a quarante ans, le Québec vivait sa première grande occupation des cégeps en 1968-69 et, en 1972, sa première grande grève générale du mouvement syndical. Autour de cette période, un mouvement s’est engagé pour exprimer largement les aspirations populaires et sociales. Aujourd’hui, force est de reconnaître que la jeunesse mobilisée exprime les mêmes aspirations de l’époque et ne s’oppose pas aux aspirations des générations qui se sont mobilisées dans le passé."
le mouvement social et étudiant chasse Jean Charest et le gouvernement libéral.
http://journal.alternatives.ca/spip.php?article6916 








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Article 9

Envoi de Guy CREQUIE : http://guycrequie.blogspot.com/

 pour
Françoise Marie BERNARD : http://www.jj-pat-rey.com/JJ-REY_NEO/index-publi-2012.html








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SERVITUDE DU XXIème SIECLE
 
 
 
Longtemps, les aigles se sont cachés
Mais le temps s’est nourri de l’impulsion
De notre évolution, et les a démasqués ;
Dévoilant leur jeu néfaste de caméléon…
 
La souveraineté de nos pays les gêne
Et depuis leurs palaces ; bien à l’abri ;
Ils jouent avec nous comme dans une arène ;
Eliminant nos acquis ; ruinant nos vies…
 
Pauvres moutons que nous sommes,
Gouvernés par des fantômes illusoires ;
Nous ne savons jamais en somme
A quelle sauce on nous mangera ce soir !
 
Pauvres gouvernants, pauvres pions
Aux ordres des loups avides de pouvoir ;
Vous n’avez plus d’armes secrètes au fond,
Pour combattre ces cancers du désespoir !
 
L’argent, toujours l’argent !
Que ne feraient-ils pas pour en avoir encore ?
Les rapaces de ce monde répugnant
Aiguisent leurs serres pour amasser l’or…

Ils tuent leurs proies à petit feu,
Promettant de l’aide pour mieux mentir ;
Se montrant vertueux alors qu’ils sont fallacieux ;
Offrant des miracles changés en mirages d’avenir…
 
Nous autres, pauvres agneaux aigris,
Ne savons pas nous défendre ;
Ces oiseaux de malheur règnent à l’envi ;
Sur toutes les nues à prendre…
 
Ils sont là, comme des hyènes,
Toujours prêts à mordre…
Ils sont là pour implanter leur règne
Et répandre ainsi la mort…
 
Pourquoi personne ne peut les arrêter ?
Ces sangsues ont pensé à tout
Et se sont prémunies contre les lois dictées
Par les peuples éculés ; régnant ainsi sur nous !
 
On nous a dit « la loi est la même pour tous ! » ;
Mais c’est un mensonge éhonté
Qu’on nous apprend dès le berceau ; ces loups
Sachant asservir tous les hommes pacifiés…
 
De quel droit nous transforment-ils en esclaves ?
De quel droit nous obligent-ils à la servitude
Quand l’Histoire a tout fait par une slave,
Pour noyer le poison de cette mauvaise habitude ?
 
L’asservissement des états se fait à petit feu ;
Les peuples vivent dans la peine et le travail
Pour nourrir ces gangreneux fallacieux
Qui tuent tout sur la planète ; sale canailles !
 
Monsieur le Président, qui que vous soyez,
Ne laissez-plus ces vipères construire leurs nids
Dans nos draps, dans nos pauvres foyers… !
Combattez-les, s’il le faut, au péril de votre vie !...
 

© Françoise Marie BERNARD, 28 avril 2012  









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