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Du mardi 4 décembre 2007



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Sommaire

Article 1 : AGIR ET NE PAS SEULEMENT SUBIR

par Jean-Jacques REY

Article 2 : “OSER L'EXODE” DE LA SOCIETE DE TRAVAIL : Vers la production de soi

par Yovan GILLES : entretien avec André GORZ (envoi de Benoist MAGNAT)

Article 3 : LETTRE A GUY MOCQUET

par ""Andy VEROL"

Article 4 : NATIONAL SARKOZYSME : Du grand guignol dans son pur jus de coups de bâtons...

par Cathy DUTRUCH (envoi de Cristina CASTELLO)

Article 5 : PROPOS SUR LA CULTURE DE LA PAIX

par Marie ROBERT (envoi de Guy CREQUIE)

Article 6 : UN BRIN DE REFLEXION, TRISTE CONSTATATION, PRISE EN OTAGE

par Jack HARRIS

Article 7 : ELYSEE, LIEU D'AISANCES

par Ariel BOUCHER

Article 8 : SUPPRIMER LE CHOMAGE ET LA PRÉCARITÉ POUR TRANSFORMER LE MONDE !

par Gérard LALOT, militant d'ATTAC LILLE (envoi d'Avenir d'Attac)



Article 1



AGIR ET NE PAS SEULEMENT SUBIR

 



Les peuples ont les dirigeants qu’ils méritent, il faut avouer que pour les Français, ce n’est pas terrible… Personnellement, je m'irrite de plus en plus de la comédie «
démocratique » que constitue une élection dans ce pays : la France, dont les dirigeants, tous bords confondus, ridiculisent et manipulent la confiance que l’on peut apporter à ses institutions. Cherchez bien, ce n’est pas les exemples qui manquent dans l’actualité française en ce moment. En outre notre système de représentation est déficient : 

 

- Je m'explique et j'illustre avec cet exemple concret : en juin dernier, le député de ma circonscription a été élu (au premier tour) avec 53,51 % des voix exprimées pour  60,52 % de votants (dont 2 % de blancs ou nuls) parmi les inscrits aux listes électorales :

 

RESULTATS DES ELECTIONS LEGISLATIVES, JUIN 2007

http://www.interieur.gouv.fr/sections/a_votre_service/resultats-elections/LG2007/017/circons05.html

 

Que représente-t-il en vérité, ce monsieur ? Hé bien ! de facto, il représente une minorité : soit grosso modo, un tiers des gens inscrits sur les listes électorales et encore je suis généreux ! Je bénéficierai d'un tel siège à la représentation nationale, je démissionne tout de suite par décence, pour provoquer des élections anticipées. Ce n'est certainement pas le seul cas.

 

- Et maintenant, voici une considération plus générale pour mettre en doute la qualité de la représentation citoyenne ; tout en étant précis :  l' Union pour un Mouvement Populaire  (UMP)  bénéficiant des voix de  23,44 % des inscrits (sur les listes électorales de toute la France et outremer) ont obtenu 313 sièges (sur 577 à pourvoir) ; et ; encore plus fort de café :  la Majorité présidentielle  (le "nouveau Centre") avec  1,40  % des inscrits ont obtenu 22 sièges, tandis que l'UDF-Mouvement démocrate (MODEM) avec  4,52 % des inscrits ont obtenu 3 sièges... A noter que le Parti Socialiste (PS) avec 14,66 % des inscrits ont obtenu 186 sièges, CQFD !


Page de référence :

http://www.vraisresultatsdeselections.fr/leg2007.html

 

Et après il y a des trou-du-cul qui se gargarisent d'être une majorité et se félicitent d'assister à la mise en coupe réglée du pays, en ayant l'illusion d'y participer, les pauvres gens ! 

 

Alors dorénavant, c'est sans moi, je n’accorderai plus aucune délégation de pouvoir qui ne puisse être remise en cause dans les plus brefs délais, et cela, dans un système électoral, assaini ; parce qu'il y a d'autres sujet "d'émerveillement" en la matière. Je ne fais pas partie des résignés et des moutons. Je précise que depuis trente ans environ, je ne me suis jamais abstenu, donc je ne prends pas cette décision à la légère. Mais je ne veux plus continuer à cautionner un système politique, inique, qui crée des castes aux commandes de l'Etat et perpétue des rentes de situation, tout en méprisant les citoyens, ramenés au rang d'utilités.

 

***

 

En parallèle, j’ai l’impression que mes concitoyens sont plus préoccupés par leur ventre ou ce qu’il y a dans leur porte-monnaie que par un projet de société quelconque ou même l’avenir du pays ; du moins, c’est ce que l’on voudrait nous faire croire… Parce qu’alors, pardon ! la désinformation est frénétique… Toujours est-il, que les dirigeants français, fussent-ils archéo ou néocons, sont toujours en retard d’une guerre, et, le peuple tombe régulièrement dans le panneau. Certains esprits fascisants, à travers toute l’Europe, sont en train de nous concocter une nouvelle ligne Maginot qui irait de Gibraltar au Bosphore, histoire de contenir les nouveaux « sarrasins ». Je ne m’étendrai pas sur le sujet présentement, mais on sait que l’aide au développement, dans les pays pauvres, est mille fois plus utile (et économique) que de bâtir une superforteresse ; certes les gardiens de la "Civilisation" trouvent sans doute plus profitable de jouer sur les peurs et les préjugés pour conforter leurs vues…

 

Ainsi, il faut reconnaître que monsieur Sarkozy de Nagy Bocsa, nouveau président de la R.F. aura réussi un tour de force, en si peu de temps : nous faire perdre notre honneur national et la générosité de nos sentiments universels. Du jamais vu depuis Pétain ! … Ses ruptures sont comme d’abattre le vieux chêne de la République. Car il ne faut pas se leurrer, malgré ses pantomimes et les médias à sa botte, le nouvel « empereur » des Français, en paquet cadeau, fait de ses sujets, la risée du monde entier. Avant, sur la scène internationale,  nous n’avions guère que le pouvoir de nous faire entendre, mais au moins nous avions cela, et on nous respectait pour ça, même dans les pays anglo-saxons – si, si ! il ne faut pas s'en référer aux seuls idéologues – maintenant on n’entend plus que les clapotis dans un égout à ciel ouvert, où se déversent toutes les frustrations des ego ; ce n’est pas très bon pour le baptême républicain ! Ce pays est en train de devenir un stalag où les dirigeants de l'heure veulent tout formater et surveiller, et une majorité de citoyens, leurs élus en tête, laissent faire, en serrant les fesses ou con-vaincus ? … M'est avis que nous n'allons pas soigner les maux de société ainsi, la France s'achemine vers une crise majeure, et l'aveuglement du gouvernement Sarkozy nous y précipite !

 

Il y a pourtant des moyens, parfaitement légaux, outre les mouvements sociaux, pour mettre en difficulté ce gouvernement et les intérêts qu'il représente : par exemple, l’exode, le boycott, la solidarité ; et puis ; ne consommer que le strict nécessaire, refuser l'endettement, partager le savoir et la culture, etc. Je propose même d'entreprendre, chacun avec ses nécessités, la grève de la consommation dans les ménages. Le système financier, capitaliste, qui ronge la société mondiale et concomitamment, détruit la planète, est en train de partir en fumée, hâtons sa fin pour rebâtir un monde plus vivable, libéré du carcan des utilitaristes : adorateurs du veau d'or ! On peut appeler cela, la résistance passive aux "impératifs" réducteurs ; voir par exemple cette initiative québécoise :


Journée mondiale sans achat, au Québec !
http://quebec.indymedia.org/fr/node/28599
 


La liste peut s’allonger à l'infini, les actes individuels s’additionnaient, et même une minorité peut être influente par ce biais, il suffit de se prendre en charge et de le vouloir : acteurs et non plus simplement, marionnettes des ambitieux ; et ainsi ; pourrions-nous illustrer, tous ensemble, un véritable progrès de l’humanité, que certains entendent maintenir assujettie à leurs seuls intérêts de domination.

 


Jean-Jacques  REY








Article 2

Envoi de Benoist Magnat : http://perso.wanadoo.fr/benoist.magnat/ 

pour

"Les périphériques vous parlent " : http://www.lesperipheriques.org/rubrique.php3?id_rubrique=23 
Pages de référence :
http://www.lesperipheriques.org/  &  http://www.lesperipheriques.org/ancien-site/








OSER L'EXODE” DE LA SOCIETE DE TRAVAIL
Vers la production de soi 

entretien avec André Gorz

 

 

 

Pages d'origine :
- choix des journaux en ligne :
http://www.lesperipheriques.org/ancien-site/journal/frpejournal.html
- sommaire du numéro concerné :
http://www.lesperipheriques.org/ancien-site/journal/10/index.html
- article :
http://www.lesperipheriques.org/ancien-site/journal/10/fr1043.html

 

 

Les périphériques vous parlent : Dans votre dernier ouvrage "Misères du Présent, Richesses du Possible" faisant allusion au livre de J. Rifkin La Fin du Travail, vous affirmez quant à vous : « Il ne s'agit pas du travail au sens anthropologique ou au sens philosophique. (...) Il s'agit sans équivoque du travail spécifique propre au capitalisme industriel » Pouvez-vous développer pour nous cet argument ?

 

André Gorz : Au sens anthropologique, on appelle habituellement « travail » l'activité par laquelle les humains façonnent et transforment leur milieu de vie. C'est d'abord la malédiction biblique : le monde n'est pas naturellement propice à la survie des humains, il n'est pas « un jardin planté pour eux », disait Hegel. La vie humaine est « improbable », écrivait Sartre, elle rencontre cette improbabilité comme un ensemble d'adversités, de maladies, de raretés. Au sens philosophique, le concept de travail englobe les dimensions multiples de l'activité humaine. La philosophie grecque distinguait le travail-corvée - ponos - qu'il faut accomplir jour après jour pour entretenir le milieu de vie et produire sa subsistance. C'est aussi bien le travail ménager que le travail agricole, dont les hommes, dans les sociétés traditionnelles, se déchargent sur les femmes et les esclaves. Après le ponos, il y a la poiesis : le travail de l'artisan, de l'artiste, du « producteur ». Le travail comme poiesis n'est plus, à la différence du ponos, asservi complètement aux nécessités et aux contraintes matérielles de la subsistance. Il peut s'en émanciper en devenant création, invention, expression, réalisation de soi. C'est cette dimension du travail qui intéresse avant tout Hegel et ensuite Marx : le travail par lequel je m'individualise, me fais personne, inscris dans la matérialité du monde l'idée que je me fais de ce qui doit être.

 

Enfin, il y a le travail comme praxis, que Hannah Arendt appelle « l'agir » (Handeln). La praxis est essentiellement l'activité non utilitaire qui tend à définir les conditions et les normes de la « bonne vie ». Cela comprend le débat politique et philosophique, la réflexion, l'enseignement, une grande partie de ce qu'on appelle aujourd'hui le « relationnel » et la « production de sens », l'Eros.

 

Il peut sans doute y avoir des chevauchements et des interpénétrations entre ces dimensions de l'activité humaine. Elles se distinguent par leur sens, leur intentionnalité beaucoup plus que par leur contenu. Élever un ou des enfants par exemple comporte du ponos - des besognes fastidieuses continuellement à refaire - mais n'est pas réductible à cela ; ou alors la finalité, le sens du travail éducatif en tant que praxis a été perdu.

 

L'important, c'est que, dans ces définitions, le travail est quelque chose qu'on fait dans un but dont on est conscient. Or le capitalisme n'a pu se développer qu'en abstrayant le travail de la personne qui le fait, de son intention, de ses besoins, pour le définir en soi comme une dépense d'énergie mesurable, échangeable contre n'importe quelle autre et dont les prestataires, les « travailleurs », sont à beaucoup d'égards interchangeables. Le « travail abstrait », « travail sans plus », inventé par le capitalisme, est une marchandise que le patron achète et dont il détermine souverainement la finalité, le contenu, les heures et le prix. C'est un travail qu'il donne à faire à un travailleur qu'il paie. Le salariat est donc la complète dépossession de la personne active : elle est dépossédée du résultat ou produit de son activité, de son emploi du temps, du choix des finalités et contenus du travail, et des moyens de travail que les employeurs, à la fin du 18ème siècle, ont commencé à monopoliser pour pouvoir contraindre les gens - les tisserands en premier - à travailler pour un patron et pour tuer toute possibilité d'auto-production, d'auto-activité.

 

C'est en ce sens que le travail dont nous parlons quand nous disons que nous « avons » et « n'avons pas » un travail, est une invention du capitalisme. Longtemps, le salariat a été perçu comme une forme d'esclavage, et « l'abolition du salariat » était encore au programme de la CGT il y a une trentaine d'années. Pendant le récent mouvement des chômeurs, j'ai entendu un militant CGT dire : « C'est vrai, demander du travail, c'est aussi demander à être exploité. »

 

Si nous prenons « travail » au sens propre de faire, réaliser, agir, créer, peiner, le travail ne peut jamais manquer. Contre le chômage, ce qu'il faut alors exiger, c'est non pas qu'on nous « donne » du travail à faire, mais qu'on abolisse la monopolisation des moyens de travail, des moyens de production par le capital, en sorte que nous puissions nous rapproprier le travail, ses moyens et son résultat. Nous les rapproprier collectivement et aussi, pour partie, individuellement. C'est de cette réappropriation qu'il est question chez le jeune Marx quand il écrit que le communisme, c'est l'élimination du travail (salarié) et sa « transformation en auto-activité ». Cette réappropriation a été pratiquement impossible jusqu'ici en raison de la subdivision du travail productif en spécialités cloisonnées. Elle devient techniquement possible avec l'informatisation et l'automatisation. Par celles-ci, la création de richesses demande de moins en moins de travail (salarié), distribue de moins en moins de salaires. Ce qui est produit de manière pleinement automatique ne pourra finalement être distribué, vendu, acheté, que si le pouvoir d'achat distribué n'est plus le salaire d'un travail. L'idée d'un « revenu social » ou de minima sociaux garantis inconditionnellement va dans ce sens. La revendication par le mouvement des chômeurs et précaires d'un minimum garanti égal aux trois quarts du SMIC est un pas très important dans cette direction.

 

P.V.P. : La lutte contre un chômage endémique aboutit au contraire à renforcer la place du travail-emploi dans la société. Bien plus qu'un paradoxe, il s'agit d'une contradiction que vous soulignez lorsque vous écrivez qu'un nouveau système se met en place « contraignant tous à se battre pour obtenir ce travail que par ailleurs il abolit ». Selon vous quel est le sens de cette contradiction : la peur de décrocher d'un avenir qui s'éternise - vous dites « oser l'exode » - ou bien une résignation générale à une nouvelle organisation mondiale du travail, vouée à sacrifier des pans entiers de populations dans le cadre d'incessantes restructurations industrielles ?

 

A.G. : Je ne vois pas les choses de cette façon. Je pense que dans une société où l'emploi devient de plus en plus précaire, de plus en plus discontinu, où le travail salarié stable et à plein temps cesse d'être la norme - ce qui est le cas pour 45 % des Allemands, pour 55 % des Britanniques et des Italiens, pour environ 40 % des Français - et où, à l'échelle d'une vie, le travail ne représente plus qu'un septième ou un huitième du temps de vie éveillé après l'âge de 18 ans, les détenteurs du pouvoir économique et politique craignent par-dessus tout une chose : que le temps hors travail salarié puisse devenir le temps dominant du point de vue social et culturel ; que les gens puissent s'aviser de s'emparer de ce temps pour « s'employer » à y faire eux-mêmes ce qu'eux-mêmes jugent bon et utile de faire. Avec le recul du poids du travail salarié dans la vie de tous et de chacun, le capital risque de perdre le pouvoir sur les orientations culturelles de la société. Il fait donc tout pour que les gens, et principalement les plus ou moins jeunes, demeurent culturellement incapables d'imaginer qu'ils pourraient s'approprier le temps libéré du travail, les intermittences de plus en plus fréquentes et étendues de l'emploi pour déployer des auto-activités qui n'ont pas besoin du capital et ne le valorisent pas.

 

Nous avons donc affaire, en France plus encore que dans les pays voisins, à une campagne idéologique très soutenue pour verrouiller, pour tuer l'imagination sociale, pour accréditer l'idée que le travail salarié est la seule base possible de la société et de la « cohésion sociale », que sans emploi, on ne peut rien faire, ne peut disposer d'aucun moyen de vivre « dignement » et activement. Nos minima sociaux sont misérables. On accrédite l'idée qu'un droit à un revenu découplé d'un emploi est de l'assistanat, comme si les centaines de milliers d'emplois partiels à salaire partiel, créés tout exprès pour « insérer » des chômeurs - les insérer dans quoi ? s'il vous plaît - n'étaient pas de l'assistanat sous une autre forme tout aussi humiliante, puisqu'on dit en quelque sorte aux plus ou moins jeunes chômeurs : « En vérité, on n'a aucun besoin de vous, de votre force de travail ; on va vous rendre service, on va vous occuper un peu en vous payant un peu. » C'est quoi, un travail qu'on vous donne à faire pour vous rendre service ?

 

En réalité, c'est le capitalisme qui se rend service de cette façon. Il fait subventionner des employeurs pour qu'ils aient la bonté d'employer des gens au rabais. Il veille à ce que les gens se conçoivent comme ne pouvant être que de la force de travail sur un marché de l'emploi, et que, s'ils ne trouvent pas d'employeur, ils n'ont qu'à s'en prendre à eux-mêmes, c'est-à-dire au fait qu'ils ne sont pas assez « employables ». Tout le discours dominant fait comme s'il n'y avait pas des causes systémiques, structurelles à la contraction du volume de travail rémunéré, comme si les stages formation, les stages en entreprise etc. allaient, en rendant les gens plus employables, leur assurer un emploi.

 

En réalité, ces stages ont une fonction idéologique inavouée : ils consolident et développent l'aptitude à l'emploi au détriment de l'aptitude au temps libre, et cela dans un contexte où il y a de moins en moins de travail-emploi et de plus en plus de temps libéré. On fabrique méthodiquement des gens incapables de se concevoir comme les sujets de leur existence, de leur activité et de leurs liens sociaux, des gens qui dépendent totalement de ce que des employeurs privés ou publics leur donnent à faire. Et puis on ne leur donne rien à faire de consistant, rien que des boulots d'assistés. Il y a de quoi les rendre enragés.

 

« Oser l'exode », ça veut dire d'abord percer à jour cette stratégie de domination qui jette les gens dans une dépendance à l'égard de l'emploi plus totale que jamais, alors que l'emploi devient totalement aléatoire ; et qui veut dire ensuite exiger non pas de l'emploi - « du travail » - mais la possibilité de vivre en l'absence d'un emploi, pendant les intermittences de l'emploi, grâce à un revenu de base inconditionnellement garanti. J'ajoute : ce revenu de base doit être compris non pas comme ce qui vous dispense de rien faire, mais au contraire comme ce qui vous permet de faire plein de choses bonnes, belles et utiles qui ne sont pas rentables du point de vue de l'économie capitaliste de marché, ni susceptibles d'être homologuées, standardisées, professionnalisées.

 

P.V.P. : Il s'agit aujourd'hui de sortir d'une notion du travail dont la norme est celle du salariat, unique source de statut social. Vous proposez le projet d'une société où « la production de soi » occuperait une place prépondérante. Le passage du travail « aliéné » à une réappropriation par l'homme de son propre travail dans un cadre social, implique donc un changement de mentalité radical. Ce dernier nécessite pour les individus l'apprentissage d'un savoir-être alors que dans le cadre du taylorisme, l'homme en tant que simple utilité de la production, était réduit à son savoir-faire. À votre avis, ce changement se fera-t-il « naturellement », au prix d'une adaptation peut-être douloureuse ou, au contraire, dépend-il d'une volonté politique, d'une réflexion très large à l'échelle de la société, voire encore de la mise en œuvre par les citoyens eux-mêmes d'une pédagogie adaptée ?

 

A.G. : Ce ne peut pas être l'un ou l'autre ; ce ne peut être que l'un et l'autre. Le changement de mentalité, la mutation culturelle s'opèrent déjà depuis pas mal de temps. C'est un cheminement d'abord souterrain sur lequel il existe des enquêtes et témoignages passionnants chez les Anglais, les Allemands, les Nord-Américains. Le retrait vis-à-vis du travail-emploi, le refus de s'y investir, l'aspiration à d'autres modes de vie d'activité, de rapports sociaux, de priorités dans la vie, tout ça est très répandu en France aussi, chez les plus ou moins jeunes surtout, mais il n'y a pas chez nous un journal comme The Idler en Angleterre qui reflète l'énorme mouvement multiforme des gens qui refusent de « s'insérer » dans une société qu'ils vomissent et qui (avec la devise “fuck work”) refusent le « travail de merde ».

 

Ceux qu'on appelle « les exclus » ne sont pas tous des victimes qui ne demandent qu'à être « réinsérées », ce sont aussi des gens qui choisissent une vie alternative, en marge de la société. Mais s'ils sont marginaux, c'est parce qu'ils sont condamnés à n'être que des individus, donc impuissants à rien changer. Si vous avez cinq millions de personnes qui refusent cette société à titre individuel, ça ne va pas la changer. Mais si vous avez un mouvement qui regroupe tous ceux qui entendent travailler moins et consommer et vivre autrement, et qui les regroupe dans le but politique de militer pratiquement pour un changement de la façon de vivre, de produire et d'être ensemble, alors vous avez une traduction des choix individuels en choix collectifs dont l'énoncé va déclencher des débats, des conflits, s'inscrire dans l'espace public, obliger à la prise en compte de questions jusque-là négligées et faire évoluer le niveau de conscience.

 

Notre tâche, la vôtre, la mienne, celle des intellectuels, c'est de proposer cette traduction en projet collectif d'une multiplicité de choix, de rébellions, de tâtonnements, d'expérimentations, et de stimuler par cette traduction la prise de conscience de ce qu'un autre monde, une autre société sont possibles et désirables. C'est ce que Guattari, les Italiens, appellent « la production de subjectivité ». Il s'agit de faire prendre conscience de possibilités que le discours dominant cache. Il s'agit de libérer l'imagination, le désir. La parole, l'écrit, les activités culturelles, la musique, le théâtre, le cinéma sont essentiels à cette libération, à cette fécondation. Si nous ne savons pas exprimer ce que nous sentons, nous sommes incapables aussi de vouloir et d'agir en conséquence.

 

Cette libération de l'imagination et du désir est à la fois nécessaire au capitalisme dans l'actuelle phase de mutation et potentiellement mortelle pour lui. Son problème, c'est de stimuler l'autonomie, la créativité des gens et, en même temps, de la contrôler, de se l'asservir. En somme, d'obtenir que les gens se produisent librement mais qu'ils effectuent cette libre production d'eux-mêmes sur ordre, dans les limites qui leur sont tracées, pour maximiser le profit de « leur » entreprise.

 

Nous entrons dans une ère où le savoir, la connaissance sont les principales forces productives et la forme principale du capital fixe. L'accumulation, la concurrence sur les marchés, se font principalement par le capital-savoir. À l'échelle de la société, nous passons beaucoup plus de temps à produire du savoir qu'à le mettre en œuvre de façon productive. Nous passons beaucoup plus de temps à nous produire, c'est-à-dire à développer nos capacités et compétences, qu'à produire nos productions. Ce sont les capacités communicationnelles, relationnelles, cognitives, affectives, imaginatives que nous développons en dehors de notre temps de travail immédiat qui nous permettent de réaliser en deux heures de travail direct davantage que nos grands-parents en 20 ou 40 heures.

 

Il devient donc de plus en plus absurde de ne payer les gens que pour le temps passé à mettre en œuvre leurs compétences. Et si les détenteurs du savoir - virtuellement nous tous - s'apercevaient finalement que la forme principale du capital, c'est eux qui la détiennent, mieux : qu'ils sont le capital, la nécessité de rentabiliser ce capital au maximum n'aura plus aucun sens. En effet rien ne m'oblige à m'exploiter, à « m'autovaloriser » au maximum. La production de soi pourra cesser d'être le moyen de l'accumulation et de l'enrichissement monétaire pour devenir fin en elle-même.

 

P.V.P. : Le consommateur est aujourd'hui le sujet-objet du marché. Parler du temps libre, du loisir, c'est faire référence le plus souvent à un temps vide consacré à la réparation de la force de travail ou au divertissement. Aussi le citoyen est-il la plupart du temps « programmé » pour se conduire avant tout en consommateur dans un espace de vie complètement cloisonné. La transformation du temps libre en temps libéré, c'est-à-dire en un temps employé à autre chose qu'à perdre sa vie à la gagner, exprime donc un changement qualitatif au plan culturel. Chaque citoyen pourrait disposer de ce temps libéré comme d'une opportunité pour construire un nouvel espace de vie. Mais, la plupart du temps ce temps libre est ressenti comme une source d'angoisse et de dénuement, en premier lieu par les chômeurs eux-mêmes.

 

A.G. : Oui, en effet, parce que la construction de nouveaux espaces de vie serait, dans les conditions politiques actuelles, une aventure solitaire, une soustraction de soi à la collectivité, et non une entreprise collective à mener tous ensemble. Rien ne valide socialement le projet d'une telle construction ; par aucun signe la société ne dit aux gens : faites-le, la collectivité met des lieux, des espaces, des moyens à votre disposition, dans les quartiers, dans les communes. Cette société refuse d'envisager l'existence de chômeurs qui ne soient pas malheureux, qui ne soient pas demandeurs d'emploi, qui ne vivent pas comme une privation d'emploi le fait d'être, ne serait-ce que temporairement, sans un job.

 

 

"Aiguise ton esprit comme un rasoir et rends-le assez vif pour qu'il puisse se saisir de la vérité dans instant, quelle qu'elle soit. L'entendement doit être émancipé des vieilles habitudes, des préjugés, des mécanismes de pensée réducteurs, et même de la pensée ordinaire elle même."

(Bruce Lee)

 

 

P.V.P. : Pierre Gilles de Gennes affirme : « Si nous arrivons à un enseignement qui ne présente pas aux jeunes le monde comme construit mais comme à construire, à ce moment nous marquerons un point considérable ». Selon vous, l'éducation publique a-t-elle un rôle à jouer par rapport à cette perspective ? Nous pensons par exemple à une transformation de la vocation de l'université, surtout préoccupée actuellement de « coller aux besoins des marchés. »

 

A.G. : Cette transformation est de toute évidence nécessaire. La chose a été parfaitement exprimée par les étudiants allemands au cours de leur grève de novembre-décembre 1997. Au départ, cette grève était motivée par la misère croissante des universités, dont les moyens ne cessent d'être rognés sous prétexte qu'elles produisent bon an mal an des centaines de milliers de diplômés « inemployables », au lieu de dispenser du « savoir utile ». Du savoir utile à qui ? À quoi ? À qui ferait-on croire qu'il suffit de fabriquer des masses de gens immédiatement « employables » pour que tout le monde trouve un emploi ? Le problème à résoudre n'est pas celui de l'inadaptation des diplômés au marché du travail, mais comme l'écrit une étudiante berlinoise, Sandra Janssen, celui de « la contraction du marché du travail ». Comment la société doit-elle préparer les jeunes à cette « contraction continuelle du marché du travail » ? En faisant exactement le contraire de ce que font les gouvernements : c'est-à-dire en acceptant que les études, les diplômes ne peuvent déboucher sur des carrières ni garantir un emploi, que leur but ne peut plus être utilitaire et fonctionnel. Leur but doit être de donner aux gens un accès libre inconditionnel, illimité à la « culture » (Bildung, en allemand), c'est-à-dire de leur permettre d'acquérir les moyens qui les rendent capables de s'orienter dans ce monde éclaté, d'y produire et inventer eux-mêmes les repères, les règles, les buts, les liens qui leur soient propres et leur soient communs. Selon la formule du président des étudiants de Bonn, Oliver Schilling : « Nous ne voulons pas être des individus fonctionnellement programmés. Nous devons combattre la réduction des gens en outils aux mains du capital. » Le droit de tous d'accéder « sans restrictions à la culture la plus large possible » est indispensable « à la survie d'une société démocratique à l'ère du sous-emploi permanent. Il faut préparer le citoyen à assumer de façon créative son inutilité économique ». Tout cela implique évidemment aussi un revenu de base garanti inconditionnellement à tout citoyen.

 

P.V.P. : Cette remarque à notre sens pose la question de la « créativité citoyenne » face aux déjà-là s'incarnant aussi bien à travers la gestion bureaucratisée des affaires publiques qu'à travers un cadre de vie obsolète promu par les idéologies du marché. Quelle consistance donneriez-vous à cette créativité citoyenne, c'est-à-dire à une recherche fondamentale à engager par tous les citoyens pour concevoir un autre cadre de société ? Ne pensez-vous pas que des lieux, des espaces devraient être fondés pour permettre une auto-formation des citoyens sur tous les terrains de la vie sociale, de la production de la culture ? Si, oui, comment les voyez-vous ?

 

A.G. : Les universités ne sont pas un espace suffisant ni l'espace idéal pour développer une culture qui permette aux gens de s'émanciper de la logique de l'emploi. L'éducation à l'auto-activité, à l'autonomie, l'épanouissement des facultés artistiques, sensorielles, manuelles, intellectuelles, affectives, communicationnelles doit commencer beaucoup plus tôt - elle commence, en fait, dans les écoles maternelles françaises mais ne continue pas dans la suite de la scolarité. Il y a une coupure de plus en plus profonde entre la culture scolaire et la vie quotidienne. Je veux dire : nous n'avons plus de culture du quotidien, de culture du vivre, faite d'un ensemble de compétences communes à tous et qui permettent à tous de faire face aux situations de la vie de tous les jours. La quasi-totalité des compétences sont monopolisées par des professionnels, par les « professions invalidantes », comme les appelle Ivan Illich, et le dernier truc inventé pour créer de l'emploi consiste, selon un ministre, à inciter les gens qui gagnent convenablement leur vie à ne plus « perdre leur temps » à chercher leurs enfants à l'école, à changer un fusible, à laver leur linge à domicile ou à préparer leur petit déjeuner : il y a des services professionnels pour ça.

 

La révolution informationnelle porte en elle la mort programmée des spécialisations professionnelles et de la transmission de savoir formalisés. Elle ouvre sur l'auto-formation, l'auto-apprentissage, sur « l'apprendre en faisant », sur la déprofessionnalisation, sur la possibilité pour tous d'acquérir les compétences communes qui vous permettent de vous prendre en charge, de vous auto-produire dans le contexte matériel, technique, social, politique où vous vivez, et même de subvertir ce contexte. Elle ouvre sur la possibilité d'une culture commune beaucoup plus intuitive que les cultures professionnelles homologuées, sur la possibilité de ne pas dépendre des marchands et des spécialistes pour la satisfaction de vos besoins et désirs.

 

Pour que ces possibilités deviennent réalité, il faut que l'éducation sorte des écoles et lieux d'apprentissage, que la ville, le quartier, le bloc d'immeuble soient un espace éducatif parsemé de lieux pour l'auto-activité, l'auto-production, l'auto-apprentissage. Un germano-américain, Bergmann, est en train de créer ce genre de lieux aux États-Unis et en Allemagne. Il les conçoit comme des espaces où les gens sont sollicités, entraînés par l'offre d'une gamme qui devra être illimitée d'activités épanouissantes, des lieux qui donnent envie, avec des gens qui vous incitent à vous demander ce que vous rêvez depuis toujours de pouvoir faire mais n'avez jamais eu le temps, l'occasion, le courage de commencer.

 

En même temps, ces espaces, les « centres pour le nouveau travail » offrent une gamme aussi étendue que possible de moyens d'auto-production à technologie avancée. N'importe qui peut apprendre en très peu de temps à y fabriquer ses vêtements, ses chaussures, ses meubles, à produire des aliments selon les méthodes mises au point il y a vingt ans dans les « maisons autonomes » nord-américaines. Bergmann estime que 70 à 80 % des besoins peuvent être couverts en deux jours de travail d'auto-production par semaine et que la multiplication de ces centres devrait faire naître une économie populaire parallèle, émancipée de la logique de l'emploi et de la domination des rapports d'argent. L'intérêt de la chose, c'est que ce projet est tout aussi valable et réalisable à Madagascar ou au Bangla Desh qu'à Berlin ou à Saint-Denis. Les Centres pour le Nouveau Travail permettent à une population à la fois de résister à la dictature du marché et au pouvoir du capital et à anticiper l'au-delà d'un capitalisme de plus en plus fragile, incapable d'assurer la survie d'une société et l'appartenance citoyenne des gens.

 

P.V.P. : L'année prochaine nous co-organisons avec la ville de Saint-Denis les premiers Fora des Villages du Monde. Il s'agit de voir comment, au plan mondial, une culture plurielle peut constituer une alternative à la pensée unique, un « faire mouvement » que nous plaçons sous le signe du cum petere, « chercher ensemble », qui est le sens étymologique du mot compétition. Vous dites quant à vous : « seuls seront finalement entendus ceux qui veulent changer la face du monde ». À votre avis quel rôle les citoyens ont-ils à jouer dans ce changement ? Quelles sont, d'autre part, les contraintes qu'ils devraient se donner pour ne pas retomber ni dans une autre pensée unique, ni dans de vieilles manières de faire de la politique.

 

A.G. : Je trouve très remarquable vos propositions pour la création d'Espaces Publics Citoyens, dans votre n° 9. Je pense comme vous. La « créativité citoyenne » s'épanouira plus ou moins vite selon le nombre, la visibilité, la qualité, l'accessibilité des espaces publics offerts aux expérimentations sociales, artistiques, culturelles, techniques à grande échelle. La garantie à tout résident d'un revenu social de base, dont il est de plus en plus question dans toute l'Europe, n'a de sens qu'accompagnée d'une prolifération des lieux d'auto-activité. Il faudra que chacun, chacune, soit sollicité et entraîné dans le foisonnement tout autour de lui de groupes, groupements, équipes, clubs, ateliers qui cherchent à le gagner à leurs activités écosophiques, politiques, artisanales, éducatives, etc. ; des espaces où se côtoient des ateliers de danse, des salles de musique, des gymnases, des « boutiques d'enfants », des « boutiques de santé » etc.. La ville comme laboratoire social, comme vous dites, et les espaces sociaux comme formes de la compétition coopérative (votre cum petere) que vous trouvez par exemple dans les clubs de judo, les orchestres, les troupes théâtrales : l'excellence de chacun est le but et le souci de tous - et inversement. « Le plein épanouissement de chacun est la condition du plein épanouissement de tous », disait le Manifeste du Parti Communiste. Vous retrouvez dans le concept d'intelligence collective, chez Pierre Lévy, une actualisation de la même idée.

 

P.V.P. : Patrick Braouezec, dans une interview accordée aux Périphériques dans le dernier numéro affirmait : « Si les partis politiques ne réussissent pas à faire leur révolution interne, alors cela veut dire que la forme parti est dépassée. » Comment voyez-vous l'émergence d'une nouvelle gauche aujourd'hui capable de se tourner résolument vers le devenir et « oser l'exode » ?

 

A.G. : Qu'est-ce qui peut agréger en un grand mouvement et dans une perspective commune les « révolutions moléculaires », comme les appelait Guattari, qui sont en cours dans tous les domaines ? Je vois trois aspects : La compréhension théorique de la mutation que nous vivons, de sa portée à long terme, des impasses et des crises vers lesquelles elle se dirige. Une vision des contours de la société post-capitaliste et post-marchande susceptible de succéder aux débris de la société salariale dont nous sortons. La capacité de concrétiser cette vision par des actions, des exigences, des propositions politiques à la fois anticipatrices et plausibles, réalisables actuellement par des objectifs intermédiaires. Il y a un quatrième facteur : les pannes, les échecs, les risques d'implosion de plus en plus évidents auxquels conduit la mise en œuvre de l'idéologie économiste dominante. Les États-Unis et la Grande-Bretagne sont à la veille d'une récession, l'Extrême-Orient est en état de collapsus, en Europe le rejet de la « pensée unique » et de la politique unique imposée par le pouvoir financier mondialisé a gagné beaucoup de terrain en deux ans. Je crois qu'une nouvelle gauche ne peut être qu'une nouvelle extrême gauche, mais plurielle, non dogmatique, transnationale, écologique, porteuse d'un projet de civilisation.

 

 

entretien réalisé par
Yovan GILLES








Article 3

Envoi par "Andy Verol" : http://andy-verol.blogg.org/









LETTRE A GUY MÔQUET

 



Salut à toi Guy,

 

Si je t'écris aujourd'hui, c'est un peu pour profiter de ta notoriété fraîchement réactualisée par mon cher Président de la République de France... Enfin, tu dois être au courant mon garçon, si quelque chose existe, si la vie après la mort est possible... Ou bien, bon, cette lettre, elle fait un peu mal au cœur, un peu comme les complaintes de ces enfants enfermés dans des placards, qui "chuintent" fort, mais que personne ne libérera.
Je t'écris aussi pour te transmettre mon désarroi. Tu ne connaissais pas ça, à ton époque, mais nous vivons aujourd'hui, pour une bonne partie de la population, dans la télévision. C'est un peu là, au fond, que l'on est censé comprendre le monde, qu'on s'abreuve aussi de tout un tas de cochonneries humaines parfois pas désagréables (Hier j'ai regardé Spiderman 2. C'est vrai, c'est doux, et les femmes n'arrêtent pas de hurler dès qu'il y a un danger, je pense que tu aurais apprécié du haut de tes 17 ans). Dans cette télévision, on a beaucoup parlé de toi. Vraiment beaucoup. Mais finalement, je n'ai pas tellement compris pourquoi les jeunes de maintenant se doivent d'entendre cette lettre que tu avais écrite à ta maman...
Bon, je t'explique. Je sais que notre président t'aurait sans nul doute, dressé les cheveux sur la tête. Il gesticule en tous sens, vient d'un milieu ultra-privilégié, donne des milliards d'argent public à ses amis bourgeois (nos bourgeois d'aujourd'hui sont beaucoup plus riches que ceux de ton époque. Et en plus, ils roulent dans des 4x4 hyper-confortables qui anéantissent toute la planète Terre. Mais ça, je t'en parlerai plus tard, étant donné que tu n'étais pas fortiche à l'école, j'ai bien peur que tu n'y comprennes rien), veut sucrer, tout du moins amenuiser les conquêtes sociales, et surtout celles issues du Front Populaire, et des compromis acceptés au sein du Comité Nationale de la Résistance. Il est aussi très amoureux des Etats-Unis. Sans doute cela ne te choque-t-il pas plus que ça, mais sache que les Etats-Unis, maintenant, c'est la première puissance mondiale, un Empire qui nous a englouti... Ce président n'hésite jamais à citer, dans un même discours le Général de Gaulle, Jean Jaurès, Léon Blum tout en prenant une posture napoléonienne... Ce type est tout de même un anti-communiste forcené, un homme de droite tout ce qu'il y a de plus triomphant... Bon bref, tu dois te dire que finalement, ben le monde des puissants n'a pas changé, qu'il use toujours de façon infecte, lucide et efficace de la crédulité et de la faiblesse du Peuple tout entier.
Aujourd'hui, très franchement, je n'ai pas saisi la raison de la lecture de ta lettre dans nos écoles... Il est vrai que c'est très beau, ce que tu as écrit. C'est très fort. C'est plein de la fougue d'un p'tit gars qui va passer l'arme à gauche. Mais, très honnêtement, je ne crois pas que les jeunes, les lycéens d'aujourd'hui, ont besoin de tes mots pour saisir le monde.
Si tu avais vécu aujourd'hui, tu aurais sans doute un look pourri, à base de gel fixant tes cheveux en crête, des pantalons stretchs, des tee-shirts criards et tu danserais quelque chose du genre la "Techtonik" avec la zic hurlante de ton MP3. Tu irais dans des festivals de rock, tu gueulerais que la "jeunesse emmerde le Front National", tu dirais à tes cons de grands-parents, que le communisme c'est de la merde... Bref. Tu végéterais sur un canapé, à bouffer des chips, à regarder des films américains pour ados... Tu traînerais dans les centres commerciaux, tu te branlerais en permanence sur des sites pornos sur Internet (Je t'en parlerai plus tard de tout ça. J'ai peur que cette fois, tu sois totalement dépassé par ce que je dis). Bref, tu serais un petit con de maintenant, un incapable, un merdeux, un bourrin qui fouette la chaussette et le stupre.
Ton risque absolu, ce serait de te faire virer du lycée parce que tu sèches les cours. Tu ferais le nonchalant devant le CPE. La police (Celle d'aujourd'hui est essentiellement là pour protéger les biens des privilégiés) te choperait dans la rue, dans le métro, par exemple et te ferait une fouille au corps. « C'est quoi ça ? C'est pas du shit ? » Tu t'en sortirais pas si mal, au fond. Tu serais plutôt comptant de rentrer chez toi, vivant, pas résistant, pour te faire engueuler par ta mère.
Mon désarroi, il est là. Tu ne le sais pas, mais j'ai une passion réelle pour l'Histoire, son étude, son analyse. J'ai même obtenu un diplôme d'Histoire (A ton époque, ça l'aurait fait auprès de tes contemporains, mais aujourd'hui une licence, ça ne vaut strictement plus rien). Et je doute que la lecture de ta lettre dans nos salles de classe atteigne l'objectif que s'est fixé le nain qui nous gouverne... C'est un peu comme si l'on t'avait lu la lettre d'un autre ado, des années 1890, pour te dire que tu n'es qu'une merde de ton époque, un abruti sans courage ni cervelle qui ferait bien de se ressaisir (Encore que toi, tu n'aurais pas eu à subir une telle lecture, puisque tu ne cessais pas de sécher les cours).
Ma vision, mon regard, et mon intuition, c'est que tu devais te pisser dessus, que tu devais avoir une peur bleue de mourir... Je pense que quelques adolescents des années 2000, seraient comme toi, alors qu'une immense majorité, comme à ton époque, fermerait sa gueule et se ferait toute petite.
Inversement, je pense que tu aurais aimé être un jeune merdeux d'aujourd'hui, tu aurais trouvé ça émouvant d'entendre un jeune homme écrivant à sa maman juste avant de mourir... Je pense pourtant que ce n'est pas ça qui t'aurait permis de prendre conscience des souffrances du monde... Je pense simplement que ta lettre a servi un message contraire au combat que tu menas à ton époque...
Alors, je te le dis tout net, gamin : la lutte continue, camarade !

 

 

Andy VEROL

 

A voir, des collaborations de l'auteur :

 

Avec Barfly: c'est ici http://www.blogg.org/blog-50803-themes-barfly___andy_verol-147707.html 

 

Avec Arturo B. (Quand il roupille pas la feignasse de proprio à la con): c'est ici http://arturob.hautetfort.com/ 

 

Avec Ar/fol lol. Je bosse sur ses photos pour constituer le Catalogue de Mode n°1 qui a, pour thème, "Plaire, une nécessité impérieuse". Ici : http://www.blogg.org/blog-50803-themes-catalogue_de_mode-153194.html 

 









Article 4

Envoi de Cristina Castello : http://www.cristinacastello.com

pour

Cathy Dutruch : « là haut dans la montagne »  URL :  http://montagnes25.blog.mongenie.com/








NATIONAL SARKOZYSME
Du grand guignol dans son pur jus de coups de bâtons...

 

 



(texte émis le jeudi 29 mars 2007)


La France aurait donc besoin de Viagra, impuissante qu'elle est !  la France devrait voter "Résistance" dont vous êtes évidemment le représentant, Monsieur Sarkozy ! Remettez votre petite moustache, on vous a reconnu ! Vous, devant une foule "galvanisée", que ces mots me font peur ! A quand la marée d'uniformes et la main levée !

 

La France enfermée dans son "carcan" de résignation ! La France enfermée dans sa camisole de fou, oui ! Et vous seriez l'infirmier, celui qui distribuera les anti-dépresseurs à cette nation d'immobiles !!!!

 

Récupération sans bornes ! sans limites ! L'appel du 28 mars sous le patronage de Salengro !!!!!!! Depuis ma camisole, j’hallucine ! J'ai, oui, des hallucinations auditives et visuelles !!! Tous les discours sont bons à prendre, vous n'hésitez pas une seconde à secouer ce peuple de veaux, n’est- ce pas ? Qui n'a plus envie de rien !!! ???????

 

La pensée unique !!!!!!!!! Celle là est bien bonne, puisque c'est vous, monsieur Sarkozy qui, entre autres, véhiculez cette pensée unique !! La pensée unique, raciste ; la pensée unique, répressive ; la pensée unique, sécuritaire ; la pensée unique, moraliste ; alors oui, la pensée unique est en marche ! Finis, les Coluche ! Finis, les hara-kiris !! La pensée unique bienséante et politiquement correcte est déjà en place !


Quant à nous, dans cette ère nouvelle de la résignation, cette ère nouvelle des repentis, qui après avoir frôlé l'idéologie en 68, nous sommes enfermés dans la culpabilité ! Nous, les sans papiers, les sans ticket de transport, les sans respect, les sans boulot, les sans désir, les sans avenir, nous restons SANS VOIX !

 

 

Cathy DUTRUCH







 

Article 5

Envoi de Guy Crequie : http://guycrequie.blogspot.com/

pour
Marie Robert :
http://www.marierobert.com/index.htm



 





PROPOS SUR LA CULTURE DE LA PAIX

 



Il me parait opportun d'écrire ceci :
 
Dans la culture de la paix, chacun doit pouvoir dire, exprimer,
FAIRE ENTENDRE sa vérité (qui n'est jamais LA vérité), être entendu, être écouté sans jugement, être respecté dans ses meurtrissures et ses blessures, pas dans son arrogance.
Personne ne détient la vérité.
La paix n'est pas une vérité.
Elle est un consensus entre deux personnes qui se feraient la guerre si elles n'avaient décidé, sous le poids et l'action de leur propre conscience, sous leur propre responsabilité, d'entendre le point de vue de l'autre et de le comprendre. Ce n'est pas une action d'écoute unilatérale, mais multilatérale... autant de sujets d'opposition POTENTIELLE que d'individus concernés. 
 
Vouloir imposer à l'autre son point de vue, ce n'est pas la culture de la paix. C'est provoquer la guerre.
Refuser de franchir les murs qui, pense t'on, protègent d'un ennemi, ce n'est pas la culture de la paix. C'est la culture de l'ignorance.
Décider  d'ignorer que de l'autre côté du mur, un autre être comme moi a les mêmes droits de vivre et d'être digne que moi. Ce refus d'existence que je conçois pour l'autre, c'est aussi à moi-même que je le fais. C'est une projection de nos esprits, née de nos peurs inconscientes.  Ce n'est pas la Réalité.
La réalité est que chacun a le droit d'avoir une opinion, de la dire et qu'elle soit entendue, surtout si elle dérange. Une proposition a la vocation d'être discutée, appréciée, partagée ou non, étudiée, etc.
 
L'autoritarisme est dangereux. Il est la base de toutes les dictatures. Méfions-nous  de la dictature de la pensée, de l'esprit.
Il est important que chacun d'entre nous regarde dans son jardin pour voir quelles sortes de plantes y sont cultivées.
Nous avons fait pousser toutes les plantes de la création, et certaines sont des poisons.
 
Il faut du courage et de l'humilité  pour être un vrai ouvrier, une vraie ouvrière de la paix.
 
CORDIALEMENT A TOUS,


 

Marie ROBERT

 







Article 6

Envoi de Jack Harris : http://harris.jack.monsite.wanadoo.fr/








UN BRIN DE REFLEXION

 



Malgré moi, je tempête en constatant les réactions que peuvent avoir les individus à l’occasion des grèves qui affectent les transports en général, mais plus particuliè-rement les transports urbains.

 

J’en prends pour exemple la grève déclenchée le 14 novembre 2007, à la suite de la décision prise par le gouvernement de Sarkozy, pour supprimer les régimes spéciaux, afin d’aligner l’âge des retraites.

 

La méthode gouvernementale est pourtant suffisamment connue mais elle porte à chaque fois ses fruits. L’on divise les catégories sociales du monde ouvrier, l’on culpabilise les unes devant les autres jusqu’à ce qu’il se crée un fossé d’incompréhensions, en arguant de mensonges, de fausses vérités qui vont venir pourrir le climat social et dresser les gens du peuple les uns contre les autres.

 

Si des travailleurs se mettent en grève, ce n’est pas uniquement par simple fantaisie ou pour leur faire plaisir. Chaque journée de grève creuse une profonde cicatrice dans le salaire des familles des grévistes alors que les responsables gouvernementaux martèlent sans fausse honte à qui mieux-mieux que les heures de grèves ne seront pas rétribuées. Voilà le type d’insinuations perverses qui vient jeter le discrédit dans l’esprit des travailleurs qui supportent les inconvénients provoqués par le manque de transport.

 

Depuis l’élection du président Sarkozy à la tête de l’Etat, jamais notre pays a connu autant de mécontentements et cela dans les rangs même de la majorité parlementaire. En effet, avoir nommé des ministres socialistes, donc du camp opposé, fut un véritable affront pour les gens des partis de droite. Ce même affront fut ressenti par les gens de la gauche qui, avec raison d’ailleurs, se sentirent trahis par leurs représentants qui acceptèrent de servir le chef du clan adverse.

 

A cela vint s’ajouter un flot de réformes qui s’appliquent aussi bien aux universités, à la justice, à la défense de la santé, aux retraites, pour ne citer que les principales. Des réformes souvent iniques et agressives qui provoque la colère, mais avant tout qui fait sombrer de nombreuses familles dans la détresse en raison d’un pouvoir d’achat qui, déjà faible, ne fait qu’endurer une diminution de plus en plus importante alors que, dans le même temps, le président qui gouverne le pays se fait octroyer une augmentation de salaire de 140%.

 

Les injustices sociales se développent entre deux mondes : les riches et les pauvres. Notre société régresse tant en moralité qu’en pouvoir de réflexion. Lentement et sournoisement renaissent les principes moyenâgeux. Les nouveaux seigneurs considèrent le peuple comme de la valetaille et ils disposent des moyens de communications du dernier cri pour parvenir à influencer des esprits qui, au lieu de se révolter pour renverser leurs oppresseurs, finiront par se mettre à genoux devant eux, puis s’aplatiront jusqu’à leur servir de marchepied afin qu’ils ne salissent pas leurs chaussures.

 

Pour cette élite qui se dresse fière comme un paon, la corruption est devenue le sport en vogue, mais il faut dire que les nombreux courtisans tournent autour du roi comme les papillons le font auprès de la lumière. Or, cette lumière humaine est loin de briller par son humaniste, son sens de la justice, son humilité, son sens de l’honneur et du respect d’autrui, contrairement à ce qu’elle voudrait laisser croire.

 

En vérité, possédant un ego totalement disproportionné en rapport de son physique, le phare qui éclaire le pays fait planer son ombre sur ses serviteurs craintifs qui lui obéissent au doigt et à l’œil ; puis qui se tiennent prêts à satisfaire avec empressement ses moindres caprices par crainte de se voir rejetés brutalement dans les ténèbres. Lorsque le roi dit : "JE veux", aucune force ne doit lui résister. Il est le monarque, le décideur, à lui la puissance et la force !... Il n’hésitera donc pas à se servir de cette dernière pour ramener à sa botte quiconque refusera de se plier à sa volonté.

 

Grand enfant capricieux qui dispose de ses petits soldats, qui ne sont malheureusement pas en plomb, il est à redouté que prit d’une lubie soudaine, il ressente le besoin de les éprouver ainsi que tout l’arsenal militaire dont il dispose. Si un tel cas venait à se produire demain, le pire serait à redouter.

 

Au lieu de se diviser suite aux inconvénients que génère une grève, le peuple ferait mieux de s’unir afin de mettre un terme aux oppressions que leur fait subir une classe d’individus méprisants, hautains, dénués du moindre scrupule, qui vivent des fruits récoltés grâce à un esclavagisme moderne tellement sournois qu’il est plus aisé de prétendre que pour gagner plus il faut travailler plus.

 

Le peuple est-il abêti au point de manquer de la plus infime parcelle de lucidité, de témérité, de, courage pour défendre ses droits les plus élémentaires qui sont ceux de vivre dans la dignité et dans le respect d’autrui ?

 


Jack HARRIS

 

 


 
TRISTE CONSTATATION
 


 

Quand je le vois passer comme un petit garçon

 

En agitant les mains, je le dis sans façon,

 

J’ai l’impression de voir non pas un président

 

Mais un gosse qui joue et se prend pour un grand.

 

-
 
Quand je l’entends parler d’un ton autoritaire

 

Pour que chacun se plie à tout son arbitraire,

 

Je me sens mal à l’aise puisqu’il est dangereux

 

De supporter le joug d’un tyran coléreux.

 

-
 
Quand je vois tous ces gens qui cirent ses chaussures,

 

Qui trahissent les leurs, usent des impostures,

 

Serviles courtisans d’un despote inconscient,

 

Je vois dans mon pays qu’un état décadent.

 

 

 ~*~

 


EN OTAGE
 


 

J’enrage quand j’entends à l’occasion de grèves

 

Des gens qui, mécontents, braillent comme des chèvres

 

Et qui pour la raison de la gêne causée

 

Se prétendent otages devant une corvée.

 

-

 

Car tout à leur fureur et leur indignation

 

De ce qu’est un otage ils n’ont point la notion

 

Sont-ils prisonniers d’une force brutale

 

Qui menace leur vie ? De façon générale

 

-

 

L’otage n’a pas droit à ouvrir son clapet,

 

Ce qui vaut mieux pour lui sinon, par ricochet,

 

Il pourrait payer cher le fruit de sa rancœur

 

En prenant simplement une balle en plein cœur.

 

-

 

Alors, je vous en prie, changer votre verbiage

 

Car la grève subie n’est pas vous mettre en cage,

 

C’est à vous qu’il revient d’user de précautions

 

Non d’accuser autrui aux moindres occasions.

 

-

 

Les causes de conflits proviennent du pouvoir

 

Qui institue des lois et ne veut rien savoir

 

Indifférent qu’il est aux drames qu’il provoque

 

Car l’homme politique au fond de lui s’en moque.

 

-

 

Pour se tenir en place il cherche à diviser

 

S’il parvient à son but il pourra mieux régner.

 

Réfléchissez un peu car toute division

 

Est la première entrave à la révolution.
 

 

 

© Jack Harris, 2007
Extraits de "A travers bois et champs"








Article 7

Envoi de Ariel Boucher : http://revoltes.free.fr/rubrique.php?id_rubrique=61








ELYSÉE, LIEU D'AISANCES

 

 


Voyons la politique

 

Comme un lieu d’aisances

 

Où des hommes impudiques

 

Déversent en abondance

 

Leurs grands discours merdiques

 

En messes en offices

 

Nous, flattant nos orifices

 

 *

 

Tous ces faux Spartacus

 

Sur leur fauteuil bidet

 

A force de trôner

 

Ont tous mal à l’anus

 

De défécations messianiques

 

En lois puantes iniques

 

Pour un monde dit asepti’que

 

Nous à la fosse sceptique

 

 *

 

Politique de chiottes

 

De leurs culs tricolores

 

Aux prouts puants sonores

 

Bien aise sur la faïence

 

Se foutent de la France

 

D’un long jet patriote

 

Pissent sur nos belles valeurs

 

Nous promettant le bonheur

 

 *

 

L’Elysée lieu d’aisances

 

Se dispute la concurrence

 

Des députés qui chient debout

 

Des lois. Nous voici à genoux

 

Trop bref en est le séjour

 

Qu’ils sèment sur leurs parcours

 

De la…en boulets de canons

 

Réduisant notre belle France

 

Dans un merdier nauséabond

 

 *

 

Ces hommes qui gesticulent

 

Résidus de testicules

 

Rêvent des cours de la bourse

 

Capital’e pas la génital’e

 

Porteuses de ces spéculateurs

 

Qui nous plongent dans le malheur

 

Leurs pères auraient dû se la b…

 

A bout de souffle hors course

 

La France, vache à traire

 

S’étiole au soleil de misère

 

 *

 

L’œil humide, bouch’e en cœur

 

Nous pren’nent pour des enfants chœur

 

Content des vessies pour  lanternes

 

Oublient nos morts à la poterne

 

Voulant asseoir leurs parties honteuses

 

En bel’s promesses tortueuses

 

Et nous pauvres gueux sans vrais droits

 

Quel qui soit. Accroupis sous leurs lois

 

 

 

© Ariel BOUCHER, 2007









Article 8

Envoi d'Avenir d'Attac : http://www.avenirdattac.net/









SUPPRIMER LE CHOMAGE ET LA PRÉCARITÉ

 

POUR TRANSFORMER LE MONDE !

 

Par Gérard Lalot, Attac Lille

 

 

 

Vouloir supprimer le chômage et la précarité, c'est travailler à élaborer des outils intellectuels pour contrer l'idéologie néolibérale, dominante depuis près d'un quart de siècle.

 

Le chômage est un cancer pour les sociétés et les peuples. Il coûte cher, plonge des millions d'hommes et de femmes dans la misère financière et psychologique, dans ce terrible repos qui est celui de la mort sociale . Outre les effets catastrophiques du chômage sur les individus, atteints dans leur vie quotidienne (baisse du pouvoir d'achat, pauvreté, dévalorisation symbolique, fragilisation personnelle sur le plan psychologique, etc.), il a des conséquences directes et indirectes sur ceux qui occupent un emploi, la vie sociale et politique à l'échelle du collectif : conditions de travail dégradées, stress, pression sur les rémunérations, désyndicalisation, diminution de la conflictualité, sentiments fatalistes, dégradation des conditions de vie dans les cités populaires, progression du racisme et montée du Front national, etc.

 

C'est pourquoi il apparaît incontournable de reprendre la question du chômage à la racine, comme objet, bien entendu, mais également comme une question qui permet de travailler l'ensemble des thématiques auxquelles sont confrontés les acteurs du monde politique et du mouvement social. Un monde sans chômage, c'est un autre monde.

 

Pour engager une lutte efficace contre le chômage et la précarité, et pour cela proposer des alternatives, il convient tout d'abord de faire un bon diagnostic en répondant à une question majeure : quelles sont les raisons qui ont conduit l'ensemble des pays occidentaux à une situation de chômage massif dès la fin des années 70 après avoir connu durant une longue période le plein emploi, ce que l'on a appelé « les trente glorieuses » ?

 

Il existe de nombreuses réponses à cette question. Il ne s'agit pas, bien entendu, de traiter dans cet article l'ensemble de celles-ci. Néanmoins nous pouvons avancer l'idée que deux hypothèses fondamentales dominent. La première repose sur l'idée que le chômage massif est la conséquence de problèmes économiques, de la « mondialisation », du progrès technologique, etc. Cette hypothèse trouve des adeptes à droite comme à gauche. La deuxième consiste à formuler l'idée que le chômage serait le résultat d'une volonté politique. Cette hypothèse-ci, en revanche, ne trouve aucun écho à droite et chez les libéraux et néo-libéraux. Elle est difficilement admise à gauche.

 

Pour les premiers, ceux qui pensent que le chômage est avant tout d'ordre ou de désordre économique, cette situation serait consécutive aux « rigidités » du marché du travail qui empêcheraient la concurrence pure et parfaite nécessaire, selon les néolibéraux, à l'équilibre de tout marché. Les libéraux expliquent le chômage de cette façon. D'autres, encore, pensent qu'il s'agit de la crise du système capitaliste, crise qui perdure depuis trente ans, due à ses propres contradictions.

 

La deuxième hypothèse, beaucoup moins connue et admise, consiste à avancer l'idée que le chômage est, avant tout, d'ordre politique. Autrement dit, le chômage serait un outil au service du capital, construit et entretenu. Dans cet article, nous ne traiterons que de cette approche, considérant d'une part que le chômage n'est pas le résultat d'un marché du travail trop contraint, et d'autre part, que le système capitaliste n'est pas à proprement parler en crise durable et structurelle. En effet, depuis son apparition, il ne cesse de s'adapter, de changer . Dans cet esprit et dans le cadre de cette approche, nous examinerons, tout d'abord le contexte politique et social qui conduit les libéraux à vouloir reprendre les choses en mains, situation devenue insupportable pour eux à la fin des années 60, pour ensuite traiter des décisions politiques prises au cours des années 70, reprises et amplifiées par les gouvernements sociaux-démocrates en Europe, pour enfin exposer quelques pistes de réflexion et des propositions.

 

 

 

I- LA FIN DES ANNÉES 60 EST MARQUÉE PAR UN CONTEXTE POLITIQUE ET SOCIAL INSUPPORTABLE POUR LES LIBÉRAUX

 

Rappelons que les années dites des Trente glorieuses ont été marquées par une longue période de plein emploi et d'avancées sociales structurantes. En 1960 le taux de chômage se situe autour de 1,4 % au sens du BIT. Cette période est marquée par les conceptions keynésiennes qui se sont affirmées après la crise des années 30, dans un contexte de soutien et d'une certaine réussite économique de l'URSS, dans un rapport de force, depuis la Libération, défavorable au patronat.

 

Après la seconde guerre mondiale, dans le monde industrialisé, le rapport des forces entre le capital et le travail est devenu très favorable au monde du travail ainsi qu'aux mouvements de libération et mouvements progressistes dans les pays colonisés et en voie de développement. En France c'est la mise en place de la Sécurité sociale, la nationalisation de l'énergie électrique et de la production de charbon, des usines Renault, c'est la création du statut des fonctionnaires, etc. C'est, dans le monde capitaliste, la mise en œuvre des politiques keynésiennes qui privilégient la croissance soutenue par une demande forte (politique salariale soutenue, grands travaux, une certaine maîtrise de l'Etat). Les politiques keynésiennes seront couronnées de succès dans l'ensemble des pays industrialisés. Le chômage est au plus bas, le fort niveau de conflictualité sociale permet une amélioration sensible et permanente des conditions de vie et de travail du monde salarié, le partage de la valeur ajoutée se rééquilibre. L'idée que les enfants vivront mieux que leurs parents est dominante et se vérifie dans les faits.

 

Au plan mondial, c'est la naissance et le développement des pays « non alignés », c'est la période de décolonisation qui s'amorce.

 

C'est dans ce contexte et donc dans une période de plein emploi, qu'en France particulièrement, un des plus grand mouvement social se produit en mai 1968.

 

68, ne se produit pas seulement en France. Ce mouvement est international, même s'il prend des formes différentes, même si ce qui domine est également différent tant du point de vue des acteurs que de l'esprit qui marque la fin des années 60. Ces évènements sont vécus par le patronat, vingt ans après la Libération, période importante de progrès social, comme une menace très sérieuse. 68 fait trembler les libéraux. Dès lors un certain nombre de décisions politiques seront prises pour « remettre au pas » le monde du travail et la jeunesse.

 

68 fait trembler les libéraux

 

1968 continue d'être une date de référence pour beaucoup. Cependant ces « évènements » restent pour beaucoup dans les mémoires comme étant des manifestations essentiellement estudiantines, comme une sorte de « révolution culturelle ». Or, si cet aspect est indiscutable, et important, il convient de rappeler qu'il s'agit aussi, et peut-être avant tout, d'un très grand mouvement social, d'affrontement de classes, marqué par plusieurs semaines de grèves dans les entreprises du secteur privé et public. Les usines sont occupées, les grands magasins, les théâtres, les ports, les hôpitaux, les administrations, les mines, sont en grève. Le chiffre avancé, concernant le nombre de grévistes, se situe entre huit et dix millions. L'ampleur est plus importante qu'en 1936 ! Une grève comme notre pays n'en avait jamais connu, écrira un des leaders de la CGT dans un article publié en 1998 . D'immenses manifestations se déroulent dans toutes les grandes villes de France. Ce mouvement est marqué également par son extrême diversité. Les étudiants et les salariés, bien sûr, mais parmi ces derniers, les grévistes sont de catégories et de professions très différentes. Ce mouvement social est donc très puissant à plus d'un titre. Il est social, politique et culturel. De façon inconsciente il appelle à la construction d'une autre société.

 

1968 ce n'est pas un mouvement franco-français. Ce vent de révolte, de contestation de l'ordre établi, et pas seulement dans le champ sociétal, souffle très fort dans l'ensemble des pays occidentaux. Le système capitaliste est en danger. On remet en cause la société de consommation, on parle d'autogestion, de droits nouveaux pour les salariés, de répartition plus juste, de révolution, de pouvoir au peuple, etc. Cette période a permis au monde du travail, particulièrement en France, d'obtenir des avancées sociales très importantes.

 

De grandes avancées sociales

 

Les accords de Grenelle , puis ensuite d'autres négociations sont à l'origine d'acquis sociaux, aujourd'hui remis en cause, très importants. Rappelons-en quelques-uns :
 Le droit à l'existence de sections syndicales dans les entreprises, interdites jusqu'alors.
 Augmentation de 35 % du SMIG .
 Suppression des abattements de zone .
 La quatrième semaine de congés payés.
 De nombreux accords de branches sont signés.
 La quasi intégralité des jours de grève est payée.

 

Les quelques années qui vont suivre seront favorables au monde du travail parce que les luttes sociales seront très importantes. 68 agit comme un encouragement et une démonstration que c'est par l'engagement, la lutte, que les choses évoluent. Entre 1971 et 1975 le nombre de journées de grève est évalué à en moyenne 4 millions. En 1997, à moins de 360 000 !

 

Grâce à ces mouvements sociaux, les salariés ont obtenu, par exemple, la mensualisation, la loi sur la durée maximale du travail, la généralisation des retraites complémentaires, le droit à la formation continue, les indemnités journalières de maternité, etc.

 

Notons également que cette nouvelle situation économique, notamment l'augmentation du pouvoir d'achat, a eu immédiatement des conséquences positives pour la croissance et l'emploi. Le chômage reflue dès septembre , confirmant ce que l'on peut lire dans le supplément n° 7 de l'INSEE, en juillet 68, Etudes et Conjoncture : « L'industrie française est littéralement condamné à l'expansion ». Tout cela a un coût pour le capital. En effet, la part des salaires dans la valeur ajoutée qui représente 60 %, progresse de 4 % en un peu plus de 10 ans pour atteindre 64 % en 1970 .

 

Comme on le voit, les années 60 et tout particulièrement mai 68 constituent une étape importante, après la Libération, pour le mouvement ouvrier et social. Cette situation inquiète le patronat français d'autant que des évènements similaires se produisent dans le monde occidental et que d'autres phénomènes internationaux apparaissent, qui contredisent la puissance capitaliste.

 

L'évolution du monde inquiète le patronat

 

Pour cet article nous nous limiterons à un simple rappel du contexte international. Celui-ci est important car il contribuera également à la réaction des libéraux. Face à cette situation ces derniers vont chercher à contenir ce « désordre » et à restaurer les profits. Pour y parvenir, ils vont créer les conditions d'un chômage de masse dans les pays riches et stopper les évolutions des pays en voie de développement.

 

Tout d'abord, notons que la fin des années 60 et le début des années 70 sont marqués par une réelle concurrence des pays dits socialistes avec les pays capitalistes. De très nombreux salariés et étudiants regardent avec beaucoup de sympathie ce qui se passe du côté du « bloc soviétique » ou de le la Chine de Mao Tsé-toung.

 

Dans le même temps, les Etats-Unis connaissent de sérieux problèmes, le mythe américain est contesté à l'intérieur comme à l'extérieur. Des millions d'hommes et de femmes dans le monde et aux USA manifestent pour la paix au Vietnam et le retrait des troupes américaines. Les années 60 sont aussi marquées par des révoltes violentes des populations noires dans les grandes villes des Etats-Unis. Le mouvement Hippies, même s'il est peu structuré remet en cause l'ordre établi par la société capitaliste. Dans le même temps, l'affaiblissement du rayonnement du pays de « l'oncle Sam » profite aux mouvements progressistes.

 

Par ailleurs, ces années sont celles de l'accession à l'indépendance de Cuba, du développement des mouvements de type révolutionnaire en Amérique latine. La gauche au Chili gagne les élections et Salvador Allende est élu Président.

 

Les pays dits « non-alignés » prennent du poids, et imposent une revalorisation du prix du pétrole, ce qui devient insupportable pour les pays capitalistes développés.

 

Cette situation préoccupe le monde des libéraux car, pensent-ils, cela peut remettre en cause le système capitaliste lui-même. Pour enrayer cette montée des idées et des mouvements progressistes, le patronat, la droite et leurs idéologues vont engager une véritable « contre-révolution » néo-libérale. Pour cela ils vont prendre un certain nombre de mesures qui vont littéralement étouffer les pays en voie de développement qui composent l'essentiel du mouvement des « non-alignés », « mater » le monde du travail, en utilisant une arme redoutable qu'est le chômage et mener une puissante guerre idéologique. Nous nous limiterons aux deux dernières questions dans le cadre de cette étude.

 

 

 

II- POUR « MATER » LE MONDE DU TRAVAIL : GUERRE IDÉOLOGIQUE ET CHOMAGE

 

Au début des années 70, le constat est donc amer pour les libéraux occidentaux, tant au plan de la situation politique internationale qu'au plan intérieur. La part des profits dans la valeur ajoutée est en baisse, l'inflation altère les patrimoines. Les peuples manifestent leur volonté de voir changer les choses.

 

Il s'agit donc, pour le patronat, de réagir. Pour cela, les libéraux qui travaillent depuis la fin de la deuxième guerre mondiale à de nouvelles approches idéologiques, vont engager une puissante guerre des idées et prendre des décisions politiques, là où ils en ont le pouvoir politique et économique, visant à créer un chômage de masse durable, puis à développer largement la précarité.

 

Une puissante guerre idéologique

 

Nous le savons, après la deuxième guerre mondiale, le patronat et la droite connaissent une situation difficile. Au plan international, si les Américains sont vécus comme des libérateurs, les Soviétiques apparaissent comme étant ceux qui ont, avec la victoire de Stalingrad, changé le cours de la guerre. Par ailleurs, la voie choisie par ce pays suscite un grand espoir pour les peuples. En France, le patronat s'est fourvoyé avec les nazis en « préférant Hitler au Front populaire ». Le Général De Gaulle lui-même ne fait pas confiance au patronat pour redresser la France anéantie par quatre années de guerre et d'occupation. Ce qui lui fait dire, en s'adressant au patronat à Libération : « Messieurs, on ne vous a pas beaucoup vus à Londres ! » De nombreuses nationalisations auront lieu, c'est l'heure de la planification. A cette époque, personne n'ose remettre en cause cette vision des choses contraire à l'esprit libéral. Le libéralisme est battu, du fait de la position du patronat au cours de la guerre, à cause, également, de l'image très positive de l'URSS. De plus la crise de 29 reste gravée dans les mémoires. Crise du capitalisme financier, qui, rappelons le, crée les conditions d'accession de Hitler au pouvoir en Allemagne en 1933.

 

Seuls quelques « irréductibles », après la Libération, continuent, discrètement, de travailler à reconstruire l'idéologie libérale. Un des chefs de file du mouvement naissant du néolibéralisme, Friedrich Von Hayek , donnera le coup d'envoi avec la publication, en 1944, d'un livre important intitulé : "The road to serfdom" (traduit par La route de la servitude). Il s'agit d'un texte théorique et politique, véhément, contre l'interventionnisme étatique et l'Etat social. Cet ouvrage constitue en quelque sorte la charte fondatrice du néolibéralisme. Margaret Thatcher a fondé son action politique sur les théories développées dans cet ouvrage. Elle confie dans ses mémoires, Les chemins du pouvoir : « Ce ne fut qu'au milieu des années 70 (…), que je saisis réellement les idées qu'il avançait. C'est alors seulement que je considérais ses arguments du point de vue du type d'Etat cher aux conservateurs - un gouvernement limité, sous le règne de la loi - plutôt que du point de vue du type d'Etat à éviter - un Etat socialiste où les bureaucrates gouvernent sans frein. A ce stade, c'étaient les critiques, selon moi irréfutables, du socialisme contenues dans La Route de la servitude qui avaient un impact »

 

En 1947, trois ans après la parution de The road to serfdom, lorsque les fondements de « l'Etat providence » se mettent en place dans l'Europe d'après guerre, Von Hayek organise une réunion avec ceux qui partagent son orientation idéologique. Il les réunit en Suisse, au Mont-Pèlerin . De cette rencontre naîtra un véritable think tank : « La société du Mont Pèlerin ». Milton Friedman, un des participants de la première heure, deviendra quelques trente années plus tard le conseiller de Ronald Reagan. Cette société, comme d'autres clubs et associations vont beaucoup travailler. Une dizaine de thèmes, qui forment aujourd'hui le corps de la doctrine néolibérale peuvent être identifiés.

 

1-   La mondialisation serait inéluctable et profiterait à tous.

 

2-   La libre concurrence pure et parfaite est le seul moyen pour résoudre les problèmes.

 

3-   Le libre-échangisme sans entrave est l'objectif à atteindre pour apporter la prospérité

 

4-   Les chômeurs sont responsables du chômage

 

5-   La baisse des « prélèvements obligatoires » est indispensable au développement économique et à l'emploi.

 

6-   Les déficits publics sont un frein au développement économique et à l'emploi.

 

7-   L'Etat doit réduire son rôle dans tous les domaines.

 

8-   Les entreprises privées offrent une meilleure efficacité que le secteur public.

 

9-   Le pouvoir excessif et néfaste des syndicats est l'origine des difficultés des entreprises.

 

10- La lutte contre l'inflation est la condition d'une bonne santé de l'économie.

 

Ces idées vont être les supports d'une guerre idéologique que les libéraux vont gagner. Cette situation se traduira au plan politique par l'élection de Ronald Reagan en 1979 aux Etats-Unis et en 1980 de Margaret Thatcher en Grande Bretagne. Avant eux, Augusto Pinochet avait mis en œuvre les préceptes néo-libéraux au Chili. José Pinera, jeune ministre du travail de l'époque, confiait à La Tribune « Il était beaucoup plus facile d'instaurer une flexibilité totale du travail, donnant lieu à une envolée du chômage, d'imposer des baisses de salaires et des fonds de pension sous une dictature militaire… »

 

Le tournant pris par la gauche en France en 1983, dans une tout autre situation, bien évidemment, reposera également sur ces concepts néolibéraux. La « guerre idéologique » engagée au plan mondial et portée abondamment par les médias, s'est accompagnée de mesures de rétorsion concrètes aux Etats-Unis, au Royaume Unis, au Chili, tout comme en France. La création, puis le maintien à un haut niveau du chômage a été l'une des mesures majeures de rétorsion.

 

Le chômage a été créé de façon volontaire pour supprimer l'inflation et « remettre de l'ordre ». Le monde capitaliste est donc confronté à plusieurs difficultés : une baisse des profits, une inflation qui ronge le capital financier, une remise en cause de l'ordre établi, de la hiérarchie, des rapports sociaux et de domination.

 

Au cours des années 70, l'inflation atteint des niveaux records. Outre le fait qu'un tel niveau d'inflation risque d'engager le pays dans une crise violente, cette situation est devenue insupportable pour les détenteurs de capitaux. C'est pourquoi il faut combattre à tout prix ce fléau qui, comme la rouille, ronge les patrimoines. Pourquoi existe-t-il un tel acharnement qui vise à supprimer, si cela était possible, toute inflation ? Le raisonnement est simple : quand un détenteur de capitaux place une somme d'argent avec un taux d'intérêt de 5 %, que l'inflation est de 6 % il perd 1 % de sa valeur. En revanche quand l'inflation est réduite à 2 % il gagne 3 %.

 

Nous ne développerons pas, bien entendu, avec cet article, les différentes interprétations structurelles de l'inflation. Cela n'ajouterait rien au raisonnement. Nous simplifierons en disant que, globalement l'augmentation des salaires dans des secteurs à plus faible gain de productivité conduit à une augmentation des prix quand les employeurs veulent conserver leur marge. Autrement dit, dans ce cadre, l'action des salariés pour obtenir des augmentations de salaire est responsable de l'inflation. Dès lors, la réponse pour « supprimer » l'inflation est simple : il faut créer des conditions qui découragent les salariés de revendiquer. Au fond, « Le chômage n'est pas le problème, c'est la solution ».

 

En 1968, Milton Friedman, économiste libéral, dont nous avons déjà parlé, travaille cette question et publie un article extrêmement important intitulé « The Role of Monetary Policy », qui marquera la pensée économique et qui sera à l'origine d'un outil qu'utiliseront les gouvernements et les banques centrales pour maintenir un niveau de chômage élevé : le NAIRU . Avant lui, dans les années 50, un économiste néo-zélandais, Alban William Phillips, avait mis en relation le chômage et l'inflation en publiant la célèbre « Courbe de Phillips. »

 

Une théorie construite pour justifier la contre offensive libérale

 

Pour théoriser cette démarche, Milton Friedman, dans cet article paru en 1968 , avancera l'hypothèse d'un taux de chômage naturel. Ce taux est défini comme le « taux de chômage qui n'accélère pas l'inflation ». C'est ce concept qui sera à l'origine du NAIRU. Il s'agit de fixer un niveau de chômage qui dissuade les salariés de revendiquer des augmentations de salaires qui sont responsables de l'inflation. Pour la France le NAIRU s'établit, en 2000, pour l'OCDE à 9,5 % . Par conséquent, sur la base de cette théorie, si le taux de chômage est inférieur au niveau du NAIRU, il y a un risque inflationniste car les salariés se sentent plus en sécurité pour revendiquer.

 

La lecture d'un rapport d'information du Sénat , publié en 2005, « Les perspectives économiques 2005-2009 : les voies d'une croissance autonome et soutenue » confirme la thèse du NAIRU dans un pays comme la France. On peut y lire : « Depuis les travaux de PHILLIPS en 1958, la liaison entre inflation et baisse du chômage est une des bases de l'analyse macroéconomique. Un demi-siècle plus tard, les débats entre économistes sur la nature et la pertinence de ce dilemme inflation-chômage sont toujours extrêmement nourris, mais finalement assez peu conclusifs. Cette question peut être présentée aujourd'hui dans les termes suivants : il existe un niveau du chômage en dessous duquel apparaissent des tensions sur le marché du travail, des difficultés de recrutement et donc des revendications qui tendent à accélérer l'évolution des salaires et des prix ; ce niveau de chômage « accélérateur d'inflation »12(*) est actuellement estimé pour la France par la plupart des institutions économiques (OCDE ou Direction de la prévision) autour de 9 %. »

 

On ne peut plus éclairant. Autrement dit, cela indique qu'en France, le niveau de chômage doit être maintenu autour des 9 %, pour limiter tout mouvement social d'ampleur, qui pourrait être une source inflationniste.

 

Il est à noter que l'estimation du NAIRU, évolue dans le temps et dans l'espace. L'OCDE, publie régulièrement le niveau souhaité pour chaque pays. Il est plus ou moins élevé, en fonction des conditions de vie des salariés, du niveau de précarité, de la force des syndicats, de la pénétration de l'idéologie néo-libérale. La situation du Royaume Unis n'est pas comparable avec celle de la France. Par exemple, le temps partiel concerne 24 % de l'emploi total contre 13,4 % en France. C'est aussi le pays qui connaît le plus grand nombre de travailleurs pauvres. Cette situation n'est pas sans incidence sur les luttes sociales.

 

L'économie volontairement « refroidie »

 

Nous avons vu qu'à la fin des années 70 le niveau de l'inflation est très élevé. C'est pourquoi la décision a été prise, notamment aux Etats-Unis, en 1979, de « refroidir » l'économie en augmentant de façon sensible et brutale les taux d'intérêt qui grimpèrent jusqu'à 20 % ! Et depuis ces taux sont globalement restés à un niveau anormalement élevé et particulièrement en Europe et en France. Cette décision aura deux grandes conséquences dramatiques. Elle fera d'une pierre deux coups. La première concernera les pays en voie de développement qui sont endettés. Leur situation, nous le savons, est depuis catastrophique. Il convient d'ajouter que cette situation ainsi créée a permis au FMI, d'imposer des politiques, dont on connaît aujourd'hui la nocivité. La deuxième sera la montée en puissance du chômage de masse. Avec des taux d'intérêt élevés, l'épargne est préférée à l'investissement productif. L'épargne, les placements boursiers sont des richesses qui sont en quelque sorte, chloroformées et qui ne participent pas à la croissance C'est ainsi que l'économie a été volontairement « refroidie »

 

En créant une telle situation, à la fin des années 70, le patronat, les financiers, les dirigeants politiques savent que le chômage va augmenter, et ce de façon durable, et qu'ainsi les travailleurs vont cesser de revendiquer des augmentations de salaires, cause, à leurs yeux, d'un niveau élevé d'inflation. C'est donc délibérément que le chômage a été créé afin de « remettre au pas » le monde du travail, condition sine qua non pour à la fois restaurer les profits et garantir la valeur des patrimoines. Le taux élevé de chômage est donc volontairement maintenu et les banques centrales veillent en permanence en prenant les décisions utiles pour maintenir le chômage au niveau fixé par le NAIRU. Rappelons, que l'indépendance de la BCE dont la mission principale est la lutte contre l'inflation, constitue une façon de dessaisir le politique, sensible au mouvement social et d'opinion.

 

Le chômage de masse est donc maintenu de façon permanente C'est ainsi que dans un article paru dans Le Monde on peut y lire : « Le vendredi 8 mars laissera sur les marchés financiers la trace d'une journée noire. La publication de chiffres excellents, mais inattendus sur l'emploi aux Etats-Unis a été reçue comme une douche froide, un paradoxe apparent dont les marchés sont coutumiers… Les marchés, qui craignent surtout la surchauffe et l'inflation, ont été victime d'une véritable panique… A Wall Street, l'indice Dow Jones, qui avait battu un record mardi, a terminé sur une dégringolade de 3 % ; il s'agit de la plus forte baisse en pourcentage depuis le 15 novembre 1991. Les places européennes ont aussi lourdement chuté… Les places financières semblent particulièrement vulnérables à toute mauvaise nouvelle… Et encore : « Les analystes attendent de savoir s'ils voient confirmer le chiffre record ».

 

Il faut constater que cette politique entreprise depuis plus de vingt ans est une pure réussite. Les profits ont été restaurés, l'inflation quasiment supprimée, la productivité décuplée et la « paix sociale » assurée.

 

En France, cette politique a malheureusement été mise en œuvre par la gauche deux ans après la victoire de celle-ci. En effet, en 1983 le gouvernement de Pierre Mauroy adopte une politique de rigueur, dite de désinflation compétitive. Celle-ci comporte trois piliers : le « franc fort », la rigueur budgétaire et la rigueur salariale. Les arguments, pour justifier cette orientation sont simples. Pour que l'économie soit saine, il faut « supprimer l'inflation » et il faut restaurer les profits au nom du fameux « théorème » d'Helmut Schmidt , « les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain et les emplois d'après demain ». Nous savons ce qu'il en est advenu. En effet les profits ont été restaurés, près de dix points supplémentaires en vingt ans , et le chômage s'est envolé. La gauche, avec cette politique, a donc mis en œuvre une démarche libérale qui vise à construire un niveau de chômage suffisant pour empêcher le développement des luttes sociales et préserver le pouvoir du monde de l'argent et de la finance.

 

Voilà l'explication essentielle du chômage.

 

A partir de ce constat, débarrassé des fausses idées sur le chômage, telles que les crises en tout genre (pétrole, capitalisme, etc.), les progrès techniques, la mondialisation, la fin du travail, les rigidités du marché du travail, etc., nous pouvons travailler à la construction de politiques efficaces en terme de lutte visant la suppression du chômage.

 

 

 

III- QUELQUES PISTES DE RÉFLEXION ET PROPOSITIONS VISANT LA SUPPRESSION DU CHOMAGE

 

Cette dernière partie sera nécessairement plus brève du fait que les solutions à apporter pour supprimer le chômage sont à construire et nécessitent un immense effort collectif. Cependant, au regard du diagnostic que nous venons d'établir nous pouvons, sans nous tromper, tracer quelques pistes et formuler des propositions.

 

D'une façon générale, il convient tout d'abord de repenser une véritable contre offensive idéologique sur le terrain du chômage.

 

La situation actuelle n'est pas le résultat d'un marché du travail inadapté, d'un dysfonctionnement de la « main invisible » due à des contraintes imposées par un Code du travail inadapté, etc. Il est l'œuvre de décisions politiques, imaginées par des idéologues, portées par les médias , et mis en œuvre par les institutions politiques, tant au plan national qu'européen concernant ce continent. Par conséquent la lutte pour l'éradication ne dépend pas d'autre chose que du courage et de la volonté politique.

 

Il s'agit, en premier lieu de reconquérir le terrain perdu par les citoyens au profit des institutions financières et du capital. Nous sommes, sur ce plan, dans une situation très grave. En effet, depuis une vingtaine d'années le champ sur lequel pouvait s'exercer la démocratie s'est considérablement réduit avec la construction libérale de l'Europe, avec notamment, le statut d'indépendance de la Banque centrale européenne (ce que les Etats-Unis n'ont d'ailleurs jamais fait). Les gouvernements se sont privés de toute possibilité d'agir sur les politiques monétaires. Autrement dit, les citoyens, les électeurs ne peuvent plus choisir entre une politique monétaire ou une autre. Aujourd'hui, le Premier Ministre peut toujours regretter que l'Euro soit trop fort, et de ce point de vue il a parfaitement raison, mais il ne peut rien faire. Seule la Banque centrale peut décider du taux d'intérêt, c'est-à-dire du prix de l'argent. Or, nous avons vu que la politique monétaire est déterminante. Elle est un instrument qui est passé du champ politique, c'est-à-dire citoyen, à la sphère privée, intouchable. Il faut bien en convenir : la marge de manœuvre pour les peuples s'est considérablement réduite. C'est pourquoi il convient de :

 

1- Remettre en cause l'indépendance de la BCE pour renouer avec une maîtrise politique et démocratique des politiques monétaires. Nous avons vu que, quand le chômage baisse, les banques centrales procèdent à une hausse des taux d'intérêt pour refroidir l'économie. Il convient donc de rompre avec cette logique, quitte à accepter un taux d'inflation supérieur à 2 %. Le chômage ne doit plus être la variable d'ajustement de l'inflation.

 

2- Retrouver de l'autonomie pour les politiques budgétaires. Nous devons pouvoir utiliser les déficits pour relancer la croissance. Par exemple par une politique de grands travaux (logements, écoles, infrastructures) et de relèvement du pouvoir d'achat des salariés du secteur public. Il faut procéder à un réajustement du partage de la valeur ajoutée pour revenir au rapport qui était celui des années 70 pour financer ces grands projets. Autrement dit il faut faire baisser les profits : 30 % de la valeur ajoutée comme part du capital (au lieu de 40 % aujourd'hui) constitue un compromis acceptable.

 

3- Revenir à un secteur public plus important en déprivatisant le secteur bancaire, l'industrie énergétique, les grandes sociétés de transports, ainsi que les grandes industries qui présentent un intérêt général. Il ne s'agit pas d'étatiser mais il faut trouver une forme de propriété qui soit démocratique. La « citoyennisation » pourrait remplacer la nationalisation. Ce concept reste à élaborer. Néanmoins on peut réfléchir à une propriété partagée entre les salariés, des collectivités territoriales, l'Etat et pourquoi pas par des mouvements associatifs.

 

4- Il faut repenser et limiter le libre-échange. L'OMC doit jouer un autre rôle. De nouvelles règles doivent être établies. Il convient, n'ayons pas peur des mots, de prendre des mesures permettant un certain protectionnisme. Une telle démarche permettrait, non seulement de préserver des industries essentielles, mais de limiter la concurrence entre salariés. Rappelons que dans le monde plus de 350 millions d'enfants travaillent . Il s'agit donc, avec des mesures de type protectionniste, à la fois de se protéger des effets dévastateurs du capitalisme à l'égard des salariés des pays concernés par les délocalisations et d'agir, par exemple, pour l'interdiction dans le monde du travail des enfants. Il convient, également de ne pas accepter que des salariés, dans des pays pauvres soient exploités comme ils le sont aujourd'hui. Il faut s'inscrire dans une démarche de solidarité avec les pays en voie de développement, cesser les pillages et refuser la concurrence.

 

5- Il faut opérer une nouvelle réduction du temps de travail pour tous. Il convient dans le même temps d'opérer une revalorisation des salaires les plus bas et moyens. Réindexer les salaires sur les prix. Il s'agit là d'une mesure de justice sociale mais également économique qui permet de développer la croissance. Cette croissance ne doit pas être de type productiviste. Elle doit être repensée, durable, écologiquement et humainement acceptable. Il convient d'ailleurs de travailler sur d'autres critères que le PIB actuel pour évaluer la croissance. Des travaux forts intéressants sont publiés depuis déjà très longtemps. La décroissance n'est pas la seule alternative à la croissance actuelle. Il faut construire une autre croissance.

 

6- Investir et développer la sphère non marchande. L'idée consiste à répondre aux besoins humains. « Ce n‘est pas le travail qui manque, c'est l'emploi ». Il s'agit de partir des besoins exprimés dans les territoires, de les lister et de trouver les financements pour les satisfaire. Le financement de ces emplois se trouve dans les dépenses colossales dues au chômage, ainsi qu'au manque à gagner . En 1998, des dépenses avaient été estimées à 1000 milliards de francs ! En un utilisant ces fonds pour développer l'emploi, on relance l'économie, on réduit les déficits budgétaires.

 

7- La sécurisation de l'emploi doit figurer dans les objectifs de lutte pour la suppression du chômage. Il convient de travailler à l'idée d'un statut de l'actif qui permettrait aux travailleurs de ne pas connaître des périodes de non activité. La formation doit être adaptée et choisie par le salarié. Elle doit être un droit. Par ailleurs, dans le cadre de licenciement qui ne soit pas de caractère économique (il faut faire évoluer le droit du travail à propos de cette la définition), c'est à l'employeur de retrouver une situation équivalente au travailleur licencié. L'employeur devra entre la rupture du contrat et l'accès à un nouveau travail financer le salaire (direct et indirect), non pas sur les fonds propres de l'entreprise, mais sur la part des dividendes versés aux actionnaires.

 

Ces propositions, sont de nature à inverser d'une part la toute puissance du système capitaliste, aujourd'hui financiarisé, et d'autre par à éradiquer le chômage pour revenir à une situation de plein emploi. Ces propositions visent à contrecarrer la volonté du monde de la finance de maintenir un taux de chômage élevé (NAIRU) en les privant des outils qui sont aujourd'hui les leurs, à créer des emplois nouveaux grâce à une croissance nouvelle, écologiquement et humainement acceptable, et, enfin à limiter la possibilité d'utiliser les licenciements comme variable d'ajustement en créant une vraie contrainte financière pour les actionnaires.

 

 

 

Conclusion

 

Comme nous venons de le voir, le chômage de masse résulte, non pas de dysfonctionnements économiques mais de décisions politiques. Le chômage constitue un frein considérable pour le développement des luttes sociales. En ce sens, il est une arme redoutable utilisée par les libéraux. C'est pourquoi cette question ne peut pas être « limitée » aux conditions de vie des hommes et des femmes qui connaissent cette situation dramatique. S'il convient de mener des batailles pour l'augmentation des minima sociaux, tant la vie est difficile pour celles et ceux qui connaissent le chômage, la lutte à engager pour la suppression du chômage suppose de « dépasser ces questions ». Nous avons deux façons de traiter ce problème. La première consiste à considérer que le chômage est une question sociale et nous en restons aux luttes que nous menons pour une solidarité plus grande et pour de nouveaux droits pour les chômeurs. Nous constatons que cette façon de faire atteint rapidement des limites. La deuxième repose sur l'idée que le chômage est une arme intelligemment construite et utilisée contre le monde du travail. Dans ce cas, cette problématique intéresse l'ensemble des salariés ayant un emploi ou non car cette situation à des conséquences dramatiques sur leur vie et celle de la cité. Pour mener des luttes pertinentes dans ce domaine il ne suffit pas de s'indigner devant la montée conjoncturelle du chômage, de dire qu'il faut interdire les licenciements, ou bien encore de dénoncer les délocalisations. Il est indispensable de montrer en quoi le chômage et son maintien à un haut niveau est le résultat de décisions politiques visant à créer une telle situation, il faut commencer à déconstruire le discours néo-libéral qui entoure cette question et dans le même mouvement avancer des propositions alternatives. C'est le sens de cet article. Victor Hugo, dans un magnifique discours contre la- misère, qu'il prononça le 9 juillet 1949 à l'Assemblée nationale, disait : "Remarquez-le bien, Messieurs, je ne dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je dis détruire. Le défi qui est le nôtre aujourd'hui n'est pas de lutter pour diminuer une des sources de la misère, le chômage et de la précarité, il s'agit de le supprimer !"

 

 

Gérard LALOT


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Editeur : Avenir d'Attac
http://www.avenirdattac.net
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Dernière modification : 02.12.07, 17:51:34