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Du jeudi 19 avril 2007



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Sommaire

Article 1 : CITOYENS FRANÇAIS

par Jean-Jacques REY

Article 2 : LETTRE OUVERTE

par Sandrine FERAUD (envoi de Zorica SENTIC)

Article 3 : 600 SALARIES DE PSA-CITROEN, A AULNAY, SONT EN GREVE

par "La RISPOSTE" (envoi de Cristina CASTELLO)

Article 4 : SOCIETE BASEE SUR LA COMPETITION ET SUR LE FRIC

par Murielle MESSORI (dite Myrabelle)

Article 5 : MONDE OUBLIE

par Marie LOHRER

Article 6 : ECOUTE-TOI, ECOUTEZ-VOUS, ECOUTER LE MONDE

par Isabelle COSTA

Article 7 : ESPERANCE

par Jack HARRIS

Article 8 : LES DROITS DE L'HOMME

par Guy CREQUIE

Article 9 : NOUVELLE ALERTE DE LA REALITE DU TERRORISME

par Guy CREQUIE

Article 10 : GAUCHE ANTILIBERALE : L'ADDITION, PAS LA FACTURE !

par Clémentine AUTAIN & copains (envoi de Jean GONNY)

Article 11 : CONTRE LE LIBÉRALISME, UN AUTRE ÉTAT

par François RIETHER (ATTAC 17) (envoi d'Avenir d'Attac)

Article 12 : OU VONT LES RETRAITES ?

par ATTAC-France et Fondation COPERNIC



Article 1


CITOYENS FRANÇAIS



Citoyens français, quelle que soit votre nature et votre identité, je m’adresse à vous car l’heure est grave, et ceci dit sans vouloir parodier ni dramatiser. La France est un vieux pays, civilisé, qui tire sa richesse des trésors de son humanité, celle-ci étant irriguée par son métissage autant que son héritage, culturel entre autres. Même si certains individus, malveillants et partiaux, veulent nous culpabiliser sur nos soi-disant travers, nous sommes encore une référence dans le monde entier par les valeurs qui ont fondé notre République. Le modèle d’organisation sociale qui en découle, est reconnu comme un des plus avancé sur Terre, et il a plutôt bien servi notre développement. Etc. Je ne vais pas vous pondre présentement une dissertation de potache.

 

L’heure est grave car nous revenons en arrière, vers des années sombres où le prestige de la France a été englouti, où la République Française a été roulé dans la boue, pire qu’une fille de joie, plus par les veuleries et incompétences de ses dirigeants que par un « ennemi supérieur en armes et en nombre ». Vous voyez où je veux en venir ! La France à Pétain, elle est de retour et elle s’exhibe sans complexe. Elle vient de nous assassiner pendant cinq ans, en foulant aux pieds des acquis sociaux, obtenus après des décennies de lutte. Je dirai même par boutade que De Gaulle doit s’en retourner dans sa tombe, car c’est un garnement « supranationaliste », présenté comme son héritier spirituel, qui mène le cortège des français néo-conservateurs : néocons pour les affranchis ! En sus d’une restauration déguisée de la monarchie, les néocons ne le cachent pas, ils s’en vantent même, ils veulent nous vendre à l’empire américain ; car ces damnés sont inféodés aux multinationales. L’UMP est devenue une usine à fabriquer des barons d’empire, à la sauce américaine ! La France traîne comme un boulet, ces répugnants personnages qui n’ont aucun respect pour son identité.

 

Citoyens français, nous avons un combat à mener qui s’inscrit dans une guerre mondiale par et pour l’économie. il faut que nous sortions de cette ère de provocation et de manque de respect pour la Vie. IL faut éviter que le monde devienne un cauchemar, telle une arène où triomphe le plus fort et meurt le faible quand ce n’est pas l’innocent, sous prétexte que c’est « naturel » ! Plus précisément pour nous autres, il est vital de refuser le type de société que veulent nous imposer les adeptes de Mussolini complété par Berlusconi, en France… (hé oui ! les italiens ne sont pas les seuls à souffrir de ce genre de plaie). Comme je dis souvent, nous avons plus besoin de justice sociale que de charité, et dans la population de ce pays, c’est devenu un cri depuis le labourage en profondeur des néocons ! N’oubliez surtout pas : en définitive, on va vous demander bientôt qui êtes-vous, citoyens ou esclaves ? … Et vous pourrez toujours répondre, je suis un soldat de la République de l’an 218 (à compter de 1789) et pas un sujet du roi, il y a assez de bulletins de vote pour ça !

 

Mais nous ne devons pas nous tromper de médecin ! La meilleure façon de soulager sa conscience, c’est de respecter celle des autres ; incidemment on aurait peut-être moins de problème d’identité, mais allez leur dire ça aux libéraux, ils n’en n’ont cure ; ce qu’ils veulent, c’est justement que les humains n’en aient pas d’identité : des bêtes, c’est plus facile à dresser ! … On nous parle de réalités à prendre en compte, mais lesquelles ? Celles dont on afflige artificiellement et par artifice les sociétés, au détriment même du sens de l’existence ? D’une manière générale, les libéraux sont la chienlit du monde, car ils vivent par et pour l’économie financière : un château de cartes qui n’a rien de fondamental pour la nature, à commencer par celle des humains. L’économie financière est une superstructure dans l’activité humaine, elle n’a d’autres buts que de s’entretenir elle-même pour satisfaire des volontés de domination. Ce phénomène aspire toute richesse sur la Terre, au sens propre et au sens figuré. Regardez bien ! Il y en a qui se donnent des airs policés, mais sous le vernis, c’est des ordures, non recyclables et cosmétiques ! Ces libéraux, ce sont eux, les vrais fachos !

 

Les français ne doivent pas êtres dupes, on nous prépare encore une grande escroquerie. Monsieur Bayrou, la nouvelle mascotte des médias, a anticipé sur l’incertitude et la peur du lendemain qui rongent beaucoup de français au vu d’une politique totalitaire, et les maîtres du monde comptaient bien là-dessus. Il faut dire que ni monsieur Sarkosy ni madame Royal ne pouvaient rassurer la majorité des français et croyez-moi, je l’ai lu et entendu de multiples sources… A mon avis, si demain l’un ou l’autre, de Bayrou ou Sarkosy, devait accéder à la présidence, cela ne changerait pas grand chose, ils sont tous les deux au service des puissances de l’argent. Bayrou apparaît peut-être moins autocrate que son rival, mais c’est un fait, il y en a marre de voter « utilement » pour des nullards qui se mettent à plat ventre devant les banquiers, ces derniers qui deviennent riches en produisant du vent ! Ceux qui ont l’esprit comme le cœur à Gauche, voteront pour la Gauche anti-libérale, quoi qu’on leur dise, même si elle est pénalisée par sa division (ce n’est guère différent au PS !) Les tièdes, les mous, les calculateurs à la mode Rocard qui se disent à Gauche voteront pour Bayrou, il y a des chances. Cela ne changera guère leur posture. Ils torpillent la Gauche depuis des décennies et rêvent d’un grand Centre qui repousserait les extrêmes, mais c’est un marécage qu’ils nous proposent !

 


En faisant un peu de politique fiction, si Bayrou est présent au second tour, il n’aura pas de mal à l’emporter. Personnellement, depuis 25 ans que je suis inscrit sur les listes électorales, je ne me suis jamais abstenu, mais je suis bien décidé à le faire si certains choix (non choix ?) s’imposent. On ne me refera pas le coup de 2002 et je suis prêt à assumer mes convictions, comme certains imbéciles locaux n’ont pas eu l’air de le croire ! Par contre pour continuer la fiction, je vois d’un bon œil que le « nounours » pyrénéen soit élu, car on peut espérer que cet événement hâte la recomposition de la Gauche comme le souhaitent certains, mais rien n’est moins sûr ! La Gauche a beaucoup perdu sous le poids des appareils… Au final, Bayrou aura joué sur l’atavisme paysan des français qui n’est pas sans perspicacité, n’en déplaise aux infatués et autres « experts » de l’establishment ! Cet atavisme a toujours été pour le juste milieu qui sert l’instinct de conservation. Corrélativement, les choses seront claires, à commencer pour les législatives… Car Bayrou, avec une majorité de députés à Gauche : la vraie Gauche, il ne pourra pas nous conduire où il veut, à savoir dans les enclos de l’oligarchie libérale, comme Merkel le fait pour le peuple allemand.

 


Jean-Jacques REY



Article 2

Envoi de Zorica Sentic : http://www.zorica.net/
pour
Sandrine Féraud


 


 


LETTRE OUVERTE

 


J'écris la rage au ventre un mois avant les présidentielles. Où sont les français ? Qui sont-ils ces habitants aux yeux glauques et aux habitudes robotisées ? Dans la crainte sous-jacente de voir leur petit monde s'écrouler à la première fatalité, prête à surgir, mais il faut savoir…

 

Savoir que travailler et payer ses impôts, ça n'est rien ! Il faut acheter, foncer, embrasser les crédits, et en faire, en faire toujours plus, c'est si facile…

 

Il faut aussi faire des enfants, mais au moins deux parce qu'un seul ne mange pas, à moins que les parents ne divorcent… il ne faut pas gagner « trop » d'argent, ne pas dépasser un certain seuil, non, puisque qu'en perçant tous les plafonds, le français n'a droit à rien. Il faut avant tout mener sa petite vie tranquille et prier le ciel que n'intervienne pas la maladie. La maladie, parlons-en, un arrêt maladie parce qu'en travaillant, on ne se met pas à l'écart de ce fléau. Alors, on cueille au passage un cancer, et puis pour l'autre, on grappille des séquelles opératoires, voilà pour un couple.

 

Le résultat est le suivant, l'arrêt maladie ! On vous propose tant de solutions que votre tête chancelle, mais vous faites tout, les démarches, les courbettes, les attentes, la dignité peu à peu reprend sa liberté au mépris des aides que vous demandez vous qui ne travaillez plus. Alors, vous écrivez à la Présidence, et là on vous affirme qu'il y a des solutions. C'est vrai, vous êtes convoqué de nouveau à ces mêmes rendez-vous et des solutions au lointain apparaissent. La caisse d'allocations familiales reçoit votre dossier et après quinze jours de réflexion renvoie une feuille blanche avec un numéro d'allocataire signalant que vos ressources sont trop élevées. Aucune signature, juste en bas de page, « Votre caisse d'allocations familiales. »

 

Puis vous ripostez par un mail, en état d'urgence, vous recevez un mail de » votre technicien-conseil » qui vous écrit : « je ne peut [sic] que vous confirmer »

 

L'ANPE vous demande un CV par mail, vous l'envoyez,  vous recevez le même jour à savoir le 26 mars un message répondeur « en congé du 05.03.07 au 12.03.07 inclus »[sic]

 

Vous comptez alors sur d'autres organismes, une prévoyance par exemple, mais quelle administration ou organisation a donc la promptitude lorsqu'elle -même, n'est pas demandeuse. L'assistance sociale, sympathique, diplomate, vous propose des solutions tant que c'en est désespérant. « Avez-vous des dettes » ? « Des crédits » ? Non, nous n'avons jamais vécu au-delà de nos moyens. « Dommage, dans votre cas, ils auraient été pris en cause et auraient été payés » Et puis la phrase magique, « vous vivez dans un appartement trop élevé pour vos ressources actuelles, vous ne pourrez pas payer votre loyer, mais… vous n'avez pas droit non plus à un HLM, vos ressources demeurent trop élevées et puis il y a trois ans d'attente. Vous n'avez plus non plus la ressource de déménager, le prix des locations, la caution… Quelle est la solution, puisque nous sommes en maladie, n'avons qu'une seule enfant, ne pouvons plus payer notre loyer ? Il n'y a rien ! Pour finir, je reçois il y a trois jours un courrier de la CPAM m'informant de l'arrêt de mes indemnités journalières au mois d'août puisque j'aurai atteint le seuil des trois ans de maladie. Mais j'ai repris mon emploi pourtant plusieurs mois entre-temps, ça ne compte pas. On emprunte de l'argent aux proches, les banques ne prêtent pas quand on n'a pas d'argent. Sans argent, les prélèvements sont refusés et pour quatre erreurs de la CPAM qui bloque les versements, les frais bancaires sont énormes, mais là non plus on ne dit rien.  Il me faut donc passer par la médecine du travail en vue d'une inaptitude à mon poste de travail, attendre quinze jours que mon employeur réfléchisse à une place éventuelle pour remplacer la précédente, puis la médecine du travail, détermine durant quinze jours si la réponse de mon employeur est correcte. Après quoi mon employeur a un mois pour me verser mes indemnités de licenciement, ainsi que celle de mon ancienneté, et durant ce temps là, RIEN ! Ainsi, je me pose la question suivante. Nous ne sommes certainement pas les seuls à être dans ce cas, et pourtant rien ne bouge, ces français qui ont la larme à l'œil lorsqu'ils regardent une émission de télé réalité, ces français endormis qui s'agitent pour le football, ces français alanguis devant une belle histoire d'amour, où donc ont ils mis leurs valeurs, leur sens de responsabilité, leur honneur ! Ces français qui ne parlent même plus français, et qui pratiquent la politique de l'autruche, parce qu'après tout, qu'est ce qu'on peut faire ? Dans ces conditions,  oui ! abrégeons, le vocabulaire, abrégeons les prises de conscience, oublions qu'il n'y a pas que dans les pays voisins qu'il y a des choses énormes, et puis en vedette, Les Enfants de Don Quichotte en décembre, n'en parlons plus non plus,  sans doute sont-ils tous relogés puisqu'ils ne sont plus sous les feux de l'actualité. La rage au ventre, mais rien d'autre, qu'un pays qui s'éteindra si son propre peuple ne réagit pas, un pays qui devient si profondément désespérant qu'il annihilera tous ces français qui ont cru en leur pays et arborait leur fierté au sourire de leur visage, un pays si triste et si endetté que jamais rien ne pourra plus l'en sortir, et si le fait d'avoir douze candidats aux présidentielles doit donner un brin d'espoir à tous les français, si ces hommes et ces femmes qui s'abritent sous les discours empâtés de tous ces candidats veulent y croire, qu'ils prennent conscience dès maintenant que la France a besoin de citoyens solidaires, courageux, qui osent s'exprimer pour le bien de leur pays, qui ne renient pas leur propre langue pour adopter celles de nos adolescents et qu'ils doivent dès maintenant défendre leurs droits, leurs vies, leur pays, contre l'état d'hypnose qui saisit la France et la laissera inerte. 

 

 

Sandrine FERAUD



Article 3

Envoi de Cristina Castello : http://www.cristinacastello.com/
pour
LA RIPOSTE

 



 


Depuis le 28 février,

600 SALARIES DE PSA-CITROEN, A AULNAY, SONT EN GREVE

 


Les grévistes revendiquent : 300 euros net d’augmentation, avec un salaire d’embauche minimum de 1525 euros net ; l’embauche des 700 intérimaires travaillant sur le site ; la baisse des cadences et des charges de travail ; la suppression des critères de classification ; le départ en retraite des 600 salariés âgés de plus de 55 ans ; la suppression du travail du samedi ; le paiement intégral des heures de grève.

 

Entre 2001 et 2006, le groupe PSA a réalisé près de 8 milliards d’euros de profits. Dans le même temps, de nombreux salariés ne touchent que 1150 euros par mois. Ces 25 dernières années, les cadences n’ont cessé d’augmenter, et les conditions de travail de se dégrader.

 

La direction de PSA recourt à toutes sortes de manœuvres pour briser la grève. Elle « communique » auprès des non-grévistes, sous forme de menaces et d’intimidation. Elle embauche des salariés d’autres sites pour remplacer les grévistes sur les chaînes de production.

 

Cependant, la grève a sérieusement perturbé la production. Depuis qu’elle a commencé, PSA perd chaque jour 1000 voitures, sur les 1400 produites habituellement.

 

Lors du meeting de campagne de Marie-George Buffet, le 1er avril, à Bercy, des grévistes diffusaient un appel à la solidarité, notamment financière. Après plus de quatre semaines de grève, la détermination est grande, mais le sacrifice financier des grévistes exige notre solidarité.

 

La Riposte appelle ses lecteurs et sympathisants à :

 

1- Envoyer des dons à : CGT PSA-Citroën, boulevard André-Citroën, 93600 Aulnay-sous-Bois. Chèques à l’ordre de « CGT PSA Aulnay ». Inscrire au dos du chèque : solidarité Citroën Aulnay.

 

2- Envoyer des messages de solidarité à : fabouk(mettre arobase)hotmail.fr

 

 

La RIPOSTE
Publication : mercredi 4 avril 2007






Article 4

Envoi par Myrabelle : http://myrabelle.chez-alice.fr/





 

Vérité des situations :

SOCIETE BASEE SUR LA COMPETITION ET SUR LE FRIC

 

 

Ce que je vais dire est peut-être étonnant : mais j'aime la vérité des situations, et c'est à partir de là que l'on peut avancer... sur quelque chose que l'on sait...

 

Vivre est très dur dans une société basée sur la compétition et sur l'argent...  et donc faite pour se dépasser (hélas) seulement en apparence... car en soi on n'a pas le temps de le faire car ça va trop vite, on fait ça pour se donner bonne conscience, mais sans avoir une possibilité d'avoir une vraie bonne conscience... !!!!! Pourquoi ? car ainsi on n'a pas le temps d'analyser toutes nos erreurs, de se dire que l'on se gâche sa vie, et celle des autres par-dessus le marché, que l'on ne sait même pas pourquoi on le fait... mais on le fait tout de même ainsi !!!! quelle tristesse !!! et on se demande ensuite pourquoi on n'est pas heureux ! parce que l'on n'a écouté que "nos dirigeants", sans s'écouter soi !!!!

 

Alors que souvent on a plus envie de vivre pour soi, de se connaître, de savoir ce que l'on veut, et d'avancer à son rythme... cette société nous demande d'aller vite, toujours plus vite... jusqu'à où ?.... et se demande ensuite pourquoi nous allons si mal !!!!

 

Voilà pourquoi en ce qui me concerne, je vis le plus possible à mon rythme, même si ce n'est pas celui de la société... car ainsi je suis libre et heureuse ! et joyeuse de vivre !

 

 

MYRABELLE
(Murielle Messori)




Article 5

Envoi de Marie Lohrer :

http://www.jj-pat-rey.com/FEUXDELAMER/PROSE/oeuvresamies/m-lohrer/index.html
http://www.jj-pat-rey.com/FEUXDELAMER/POESIE/oeuvresamies/m-lohrer/index.html


 



 

MONDE OUBLIE

 

 

Dans un monde oublié de sens, de sentiments
Dans un monde désolé par le non sens
Dans un monde où la nuisance de l'autre permet toutes interprétations
Dans un monde où ce même autre apaise notre conscience
Dans ce monde sans monde
Sans nom et en désamour
Comme toi, comme vous, nous le combattrons
Pour que ce monde soit le vert de nos espoirs
Le rouge de nos colères
De ces non couleurs du blanc et du noir
Qui font renaître
Nos peinture d'antan
Pour abolir nos douleurs
Dans un monde de rêveurs
A toi amicalement
Et à celles et ceux qui se retrouvent dans les horizons
Dans nos horizons, dans leurs horizons



Marie LOHRER



 

Article 6

Envoi par Isabelle Costa : http://costa.songs.free.fr/ et http://comp-ani.chez-alice.fr/





 

ECOUTE-TOI, ECOUTEZ-VOUS, ECOUTER LE MONDE




Ecouter est peut-être le plus beau cadeau que nous puissions faire à quelqu'un...
C'est lui dire, non pas avec des mots, mais avec nos yeux, notre visage, notre sourire et tout notre corps :


tu es important pour moi, tu es intéressant, je suis heureux que tu sois là ...
Ecouter, c'est commencer par se taire…
Ecouter, c'est accueillir l'autre avec reconnaissance tel qu'il se définit lui-même, sans se substituer à lui pour dire ce qu'il doit être…
Ecouter, ce n'est pas vouloir que quelqu'un soit comme ceci ou comme cela, c'est apprendre à découvrir les qualités qui lui sont spécifiques…
C'est être ouvert positivement à toutes les idées, à tous les sujets, à toutes les expériences, à toutes les solutions, sans interpréter, sans juger, laissant à l'autre son espace et le temps de trouver la voie qui est la sienne…
Etre attentif à quelqu'un qui souffre, ce n'est pas donner une solution ou une explication à sa souffrance, c'est lui permettre de la dire, l’exprimer et de trouver lui-même son propre chemin pour se libérer...
Ecouter, c'est donner à l'autre ce que l'on ne nous a peut-être jamais donné : de l'attention, du temps, une présence affectueuse…

 

Ecouter !!!



Isabelle COSTA




Article 7

Envoi par Jack Harris : http://harris.jack.monsite.wanadoo.fr/





ESPERANCE


 


Quand la désillusion s’installe au fond de notre cœur

 

Il est fort malaisé d’accorder sa confiance

 

A tout individu qui se prétend sauveur,

 

Prêt à distribuer bonheur en abondance.

 


 
Comment ne point douter que les belles promesses

 

Pourront être tenues dans un proche avenir

 

N’est-ce pas-comme aux chiens accorder des caresses

 

Pour les abandonner en les faisant souffrir ?

 

 

 

Pouvons-nous adhérer à la moindre parole

 

De ces ambitieux convoitant le pouvoir

 

Puisqu’à mon humble avis c’est de la faribole,

 

Du vide enrubanné dans du papier mouchoir ?

 

 

 

Je rêve cependant qu’un grand homme se dresse

 

Pour servir le pays en toute intégrité,

 

Puis diriger nos pas avec une sagesse

 

Qui nous rendrait du coup un peu de dignité.

 

 

 

Extrait "De jadis à demain"

 

© Jack HARRIS, 2007



 

Article 8

Envoi par Guy Crequie : http://guy.crequie.perso.orange.fr/ et http://guycrequie.blogspot.com/






LES DROITS DE L'HOMME

 

 

[dans le cadre]
2000 - 2010. Décennie internationale de la Promotion d'une culture de la non violence et de la paix au profit des enfants du monde

 


Les guerres prennent naissance dans l'esprit des hommes....
( Constitution de l'UNESCO, Londres le 16/11/1945 ).

 

 

 

La paix se gagne dans le cœur

 

De chaque être humain

 

Femme ou homme

 

D'ethnie, de nationalité, de culture,

 

De confession, de philosophie variées.

 

 

 

Violence ou guerre entre peuples

 

Fondamentalisme aveugle et insensé

 

Terroristes cruels et aveuglés

 

Par la haine de l'autre

 

Personne, pays, ....ou conception de la vie

 

Manipulations mentales

 

Au profit de quelques gourous

 

Qui exploitent les peurs

 

Le vide spirituel

 

D'êtres en quête de repères

 

Ou de certitudes délivrées

 

Sont des fléaux qui menacent nos sociétés

 

Faute d'assumer les défis de l'humanité.

 

 

 

Droits de l'homme et culture de la paix

 

sont complémentaires

 

Pouvoir de la force sans dialogue

 

Refus des minorités

 

Ou supériorité des plus meurtriers

 

Avec le fanatisme forcené

 

II ne peut être édicté

 

Des droits de l'homme réalité

 

Aux êtres divers de nos contrées.

 

 

 

Droits de l'homme respectés

 

Culture de la paix dispensée

 

Motivent en faveur de quelques principes clés :

 

 

 

Liberté, intelligence de la nécessité

 

Fraternité, message de nos altérités

 

Egalité, preuve concrète du respect des identités

 

Dans leur dignité.

 

 

 

La prise en considération de la spécificité

 

De toutes les composantes de l'humanité

 

La démocratie reliant les civilisations

 

Afin que les peuples choisissent, décident, communiquent

 

Au service de personnes décidées

 

A perpétuer l'espèce humaine et son défi

 

De citoyens du monde unis

 

Pour affronter les maux de l'humanité

 

( pauvreté, lutte contre la drogue, les maladies, ...
L'aide au développement des pays qui en ont besoin, la protection de forêts, ses sites naturels , peut contribuer à la justice sociale par l'égalité devant l'éducation, une meilleure répartition des biens et services produits, en facilitant la liberté de l'information, l'accès de tous aux nouvelles technologies ... ).

 

 

 

Autant de nécessités

 

Sans lesquelles, les droits de l'homme ne seront qu'utopie déclamée.

 

 

 

Pour contribuer à l'harmonie

 

Entre les pays du Nord et ceux du Sud

 

Le respect de la vie ( de chaque vie )

 

A commencer par les droits de l'enfant

 

Sa dignité psychologique et physique

 

Fait partie des obligations de chaque pays.

 

 

 

L'éducation est le pilier

 

De la transmission de valeurs

 

Refuser l'intolérance liée à :

 

L'opinion, la culture, la couleur de la peau,

 

La région ou le continent

 

Chaque enfant peut-être éveillé

 

Aux rêves et beauté de l'humanité

 

Par un vécu socialisé

 

Qui développe toute personnalité

 

 

 

Le troisième millénaire

 

Peut-être rempli de la gloire

 

De personnes pétries d'humanité

 

Qui témoignent leur solidarité

 

Leur coopération et leur amitié

 

Par le dialogue entre civilisations

 

Et la découverte des 5 continents

 

Par le sport, la culture, l'éducation

 

Et la communication

 

Afin que les femmes et les hommes de ce millénaire

 

 

 

Citoyens du monde

 

Contribuent à une planète terre

 

Où chaque individu sera un frère.

 

 

 

© Guy CREQUIE, 2007



N. B. Pour ma part, j'ai proposé de substituer à l'appellation « droits de l'homme » dite générique celle de : « droits de la personne humaine » plus respectueuse de l'existence des 2 sexes.
En effet, sous couvert de l'appellation «
droits de l'homme » certaines pratiques continuent à considérer la femme comme non égale de l'homme dans diverses sphères de la société.




 

Article 9

Envoi par Guy Crequie : http://guy.crequie.perso.orange.fr/ et http://guycrequie.blogspot.com/






NOUVELLE ALERTE DE LA REALITE DU TERRORISME

 

GSPC…..AL QAIDA, au-delà des appellations, le récent attentat terroriste en Algérie et l’intervention de la police marocaine auprès de groupes armés, nous rappelle la réalité du terrorisme.

 

L’objectif semble celui de déstabiliser l’Europe et la France en particulier à partir du bassin méditerranéen  et le Maroc est le maillon faible qui  intéresse particulièrement les groupes terroristes compte tenu de sa pauvreté ( il n’a pas de pétrole ) et compte tenu de son régime avec un souverain qui est aussi une autorité de représentation religieuse.

 

Lorsque je me suis rendu au Maroc, à côté de la grande place des touristes à Marrakech, en me rendant dans des ruelles avoisinantes, j’ai  découvert des enfants de 10 ans travaillant pour de l’artisanat à touristes.

 

La pauvreté est le fléau qui nourrit le terrorisme. Ceci, alors que des grandes firmes internationales connaissent des profits record, la communauté internationale est rappelée à ses devoirs et ambitions proposées lors du sommet du millénaire de septembre 2000.

 

A trois jours du scrutin présidentiel en France, la mondialisation (et ses enjeux) est peu présente dans les déclarations des candidats. Il est ce constat que la médiatisation accélérée avec des phrases choc lapidaires véhiculées  par l’image ampute le fond des débats qui seraient nécessaires.

 

Que les peuples prennent en main leur destin pour plus de justice sociale et de dialogues entre civilisations, tel est l’enjeu de notre devenir commun.
 

 

Guy CREQUIE



 

Article 10

Envoi de Jean Gonny
pour
Claude Debons : http://www.alternativeunitaire2007.org/spip/





GAUCHE ANTILIBERALE

L'ADDITION, PAS LA FACTURE

!!!

 


Nous avons rêvé d'une gauche antilibérale, rassemblée et rénovée, qui fasse irruption en 2007 pour donner de la voix à l'alternative et changer les conditions d'existence du plus grand nombre. Au lieu de cette unité qui a tant mobilisé et enthousiasmé depuis la victoire du « non » au référendum européen, la « concurrence libre et non faussée » s'organise entre les « 3B ». Nous voulions Besancenot-Buffet-Bové sur la même tribune, nous aurons le choix entre trois bulletins de vote. Dès lors, le discours et le poids de la gauche antilibérale dans la campagne sont marginalisés et le score total crédité à la gauche est préoccupant . Le débat politique se centre à droite et Sarkozy en profite pour distiller ses attaques contre les conquêtes sociales et les libertés démocratiques. Contribuant à brouiller le clivage droite/gauche, le pacte présidentiel de Ségolène Royal accentue le cours social-libéral du Parti Socialiste et ne répond pas aux attentes populaires. Résultat : des millions d'hommes et de femmes se retrouvent orphelins d'une gauche digne de ce nom. Et c'est François Bayrou, déguisé en candidat « anti-système », qui voudrait capter l'aspiration au changement. Prétendre que la droite molle est la mieux à même de battre la droite dure, fallait y penser ! Non, Bayrou n'est pas le plan B anti-Sarkozy ! Nous souhaitons, sans ambiguïté aucune, le recul de l'extrême droite et la défaite de toute la droite. Mais après ?

 

Nous aurions pu lancer un numéro vert pour les déprimés de la gauche d'alternative…Nous avons choisi le chemin de la reconstruction, seul moyen de faire vivre un espace politique large, crédible, utile Les calculs d'organisation de court terme, la non résolution de nœuds de discordes, le piège de la Ve République qui oblige à s'entendre sur « qui » et non seulement sur « quoi » ou encore les limites des méthodes démocratiques d'un espace ouvert et en construction ont eu raison de l'unité. S'il faut analyser les sources de l'échec, c'est pour mieux rebondir. La division est mortifère. Comment ne pas constater qu'aujourd'hui, les réponses communes apportées par Marie-George, Olivier et José sont peu audibles ? Alors que la mobilisation des salariés d'Airbus, d'Alcatel ou de Peugeot bat son plein, nos propositions concrètes en matière de lutte contre les délocalisations, d'augmentation des salaires, de droits des salariés, de sécurisation des parcours professionnels et de politique industrielle auraient dû être au cœur du débat public. Alors que l'on fête le 50 e anniversaire du Traité de Rome, les « nonistes » de gauche auraient dû faire entendre leur voix, positivement. Alors qu'un mouvement citoyen s'oppose à la traque des sans-papiers, notre parti pris de régularisation massive et d'une citoyenneté ouverte et généreuse auraient dû être au cœur de l'actualité. Bref !

 

Nous résistons ensemble dans les luttes, depuis l'hiver 1995 et de plus en plus à l'échelle européenne et mondiale. Toutes ces résistances doivent converger vers la définition en positif d'un projet transformateur. C'est ce que nous avons expérimenté dans les collectifs unitaires antilibéraux : si l'issue – la multiplicité des candidatures – apparaît comme un échec, la pratique et l'élaboration commune de communistes, militants d'extrême gauche, écolos, républicains, socialistes de gauche, alter-mondialistes, féministes,antiracistes, etc., a créé des passerelles sérieuses et produit de réelles dynamiques. Qui peut nier le chemin parcouru en profondeur pour dépasser les clivages… dépassés ?

 

Les tragiques expériences dites socialistes à travers le monde ne peuvent enterrer l'espoir et l'exigence d'un dépassement de toutes les formes d'exploitation et de domination. Et ce d'autant que la social-démocratie européenne a surtout fait la démonstration de son renoncement face à la mondialisation capitaliste. Seule une remise en cause des logiques libérales et capitalistes peut modifier la donne en profondeur, en France et à travers le monde - le réalisme est de ce côté. Seule l'ambition déterminée de répartir autrement les richesses, les pouvoirs, les savoirs et les temps de la vie est susceptible de répondre aux aspirations populaires. Seule une articulation entre le meilleur de la tradition du mouvement ouvrier et démocratique et les apports récents des mouvements sociaux peut être porteuse de novation à gauche. Seule une nouvelle équation entre social et politique peut produire des changements durables et offrir un débouché aux mobilisations populaires. Seule une rupture avec notre système de monarchie présidentielle peut redonner du sens à l'action politique, à l'avenir commun. Seule une cohérence de choix de société permettra de battre celle de la droite sur le fond et dans la durée. Dans cette perspective, les 125 propositions élaborées par les collectifs unitaires ouvraient des pistes. La pensée critique, qui s'est largement développée ces dernières années chez les intellectuels et les acteurs sociaux, doit alimenter ces alternatives en construction. Notre espace est en chantier.

 

Si nous voulons tirer dès maintenant les leçons de la dernière période, il n'y a qu'une voie raisonnable : renouer aux législatives le fil rompu à la présidentielle. Des candidatures réellement unitaires de la gauche de transformation sont déjà en construction. Partout où cela est possible, il faut renforcer les dynamiques locales existantes. Les décisions du PCF, de la LCR et des collectifs seront de ce point de vue déterminantes. L'expérience l'a montré : dès que l'on est ensemble, on réussit ; quand on est séparés, on ne pèse plus. C'est pourquoi les ponts et passerelles devront être reconstruits après les échéances électorales 2007, la raison et la responsabilité devront l'emporter sur les rancœurs et les rancunes. D'ici là, nous souhaitons que l'addition des scores des candidats qui se réclament de la gauche antilibérale soit la meilleure possible. La mobilisation de cet électorat est nécessaire pour battre la droite. Pour l'avenir, ce qui est en jeu, c'est que change à l'intérieur de la gauche le rapport de force entre accompagnement et rupture , pour que l'alternative prenne enfin le pas sur les alternances sans changements.

 


Le 28 mars 2007
Clémentine Autain (féministe et élue app.PCF)
Eric Coquerel (Mars-Gauche Républicaine)
Claude Debons (syndicaliste)
François Labroille (militant Alternative Citoyenne)
Roger Martelli (PCF-communistes unitaires)
Claude Michel (syndicaliste)
Christian Piquet (LCR Unitaire)
Catherine Tricot (Communistes unitaires)


 

Article 11

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CONTRE LE LIBÉRALISME, UN AUTRE ÉTAT
Par François Riether, Attac 17, Le 9 avril 2007




page web :
http://www.avenirdattac.net/spip.php?article248



Résumé

 

Quels seraient les principaux traits d'un État véritablement social et solidaire ? Il n'est pas question ici d'entrer dans le détail de ce que pourrait être un tel État. Contentons-nous d'ébaucher quelques grandes lignes, dont chacune appelle de vastes développements :
 droit du travail (par la loi et non par le contrat)
 protection sociale
 services publics
 espace public protégé des croyances (laïcité)
 préservation des conditions qui permettent la reproduction de la vie (écologie)
 politiques économiques intérieures et extérieures, maîtrise de la monnaie et des tarifs douaniers

 

Ne sont-ce pas là des domaines où seul le pouvoir d'un État fort et démocratique est en mesure d'assurer à chacune et à chacun la « sécurité sociale » en impulsant des changements structurels ?

 

Encore faut-il que des intérêts catégoriels ou des logiques d'appareils ne se substituent pas à l'intérêt général, tant au niveau des administrations qu'à celui des organisations du mouvement social !

 


Texte intégral

 

Ce libéralisme que nous combattons...

 

« Quelque chose doit remplacer les gouvernements et le pouvoir privé me semble l'entité adéquate » (David Rockefeller, Newsweek International, 1999).

 

Le terme « anti-libéral » est beaucoup employé ces temps-ci : espace politique pour une « gauche anti-libérale » suite à la victoire du « NON » au référendum sur le traité constitutionnel européen, « collectifs unitaires de la gauche anti-libérale » à la recherche d'un consensus introuvable, le tout sur fond de brouillage par les ambitions personnelles et partisanes qui empêchent l'expression politique d'un réel et profond mécontentement.

 

Le rôle d'Attac n'est-il pas précisément de clarifier les concepts, de rendre les enjeux intelligibles, afin de comprendre pour mieux agir ? Le moment est peut-être venu de préciser ce que nous entendons par « libéralisme ».

 

1.- Le libéralisme s'est construit contre l'État

 

- Du libéralisme des Lumières, philosophie optimiste de la tolérance...

 

Guerres de religion, instabilité politique et insécurité, puis arbitraire des monarchies absolues et des despotismes même « éclairés », ont nourri le besoin de se protéger - soi et le fruit de son travail - des abus et des caprices des princes. La Grande-Bretagne du XVIIième siècle, marquée par les luttes entre anglicans, catholiques, puritains et protestants, en est l'exemple le plus précoce. Le philosophe anglais John Locke (1632 - 1704), exilé en Hollande par l'absolutisme catholique des Stuarts est considéré comme l'un des fondateurs du libéralisme. Il théorisa la limitation du droit d'intervention de l'État dans le domaine religieux, en faisant de la propriété privée un « droit naturel » opposable au pouvoir politique (Lettres sur la tolérance, 1689). Simultanément, et également dans le but de contrôler le pouvoir royal, la Grande Révolution anglaise de 1688 instaura le parlementarisme, qui se révéla favorable au développement d'une bourgeoisie industrielle et marchande et servit de modèle à nos philosophes des Lumières.

 

Au siècle suivant, les économistes Turgot (« laisser faire, laisser passer ») et Adam Smith (division du travail et « main invisible du marché ») complétèrent ce corpus de base du libéralisme :

 

+ puisqu' « il n'est de pouvoir dont on ne soit tenté d'abuser » (Montesquieu, De l'esprit des lois, 1748), il convient d'y mettre des limites, juridico-philosophiques (les droits naturels), politiques (Constitution, Parlement et séparation des pouvoirs) et économiques (autonomisation de la « science » économique par la fiction de lois naturelles surplombant les choix humains).

 

+ puisque la diversité des intérêts particuliers produit spontanément l'intérêt collectif grâce à « la main invisible du marché », un « gouvernement frugal » (expression de Benjamin Franklin) se gardera de troubler l'harmonie naturelle qui fait de la division du travail le moyen le plus efficace d'accroître la « richesse des nations ».

 

Libéralisme politique et libéralisme économique ont donc en commun dès leur naissance la volonté d'imposer des limites à l'absolutisme du Prince qui affirmait alors « L'État, c'est moi ».

 

- au libéralisme de la marchandisation, idéologie du profit maximum

 

Si le sujet de Droit issu des Lumières se contentait de limiter l'exercice du pouvoir souverain, l'homo œconomicus, qui apparaît avec l'utilitarisme et le primat de la rationalité économique, le déchoit, en affirmant la supériorité du « laisser faire » sur l'intervention politique considérée comme incapable de maîtriser toute la complexité du champ économique.

 

Le capitalisme en développement a tout de suite vu le parti qu'il pouvait tirer de ce discours, qui lui permettait à la fois de délégitimer l'ancien régime féodal et de naturaliser les bases de sa domination. Il a donc fait de la propriété privée sa valeur centrale, de la compétition le moteur de l'économie et de l'intervention publique le principal obstacle à une liberté conçue exclusivement comme individuelle et utilitariste. Le renard libre dans le poulailler libre.

 

David Ricardo (1772 - 1823) a théorisé la suite du « déshabillage » de l'État par sa critique du monopole étatique de la création monétaire, pour le plus grand profit des banquiers, et par sa célèbre théorie des « avantages comparatifs » et du libre-échange, pour le plus grand profit des fabricants de chemises de Manchester : importer le coton et exporter leurs produits manufacturés sans droits de douane augmentait leur compétitivité et leurs débouchés. Les États étaient privés de précieuses recettes. Surtout, ils ne pouvaient pas protéger leurs producteurs de matières premières et leurs industries émergentes, ni compenser les différentiels de développement et de salaires. L'OMC n'a eu qu'à reprendre la formule !

 

À la fin de la deuxième guerre mondiale, après un siècle de nationalismes exacerbés jusqu'à la boucherie de 14-18 et la naissance d'États totalitaires, et en réaction aux économies de guerre dirigistes et planifiées, Friedrich Hayek a eu beau jeu de convoquer Erasme, Montaigne et les Lumières pour diaboliser toute « tendance moderne vers le socialisme ». Dans La route de la servitude (1944), qui fut plus tard le livre de chevet de Mme Thatcher, Hayek explique que toute intervention de l'État dans le domaine économique est non seulement inefficiente, mais conduit forcément au totalitarisme. Il oublie simplement de mentionner le risque de dérive militaro-policière d'un État qui ne défend plus que le droit des propriétaires. L'ultralibéralisme monétariste de son collègue Milton Friedman fera très bon ménage avec la sanglante dictature de Pinochet !

 

2.- De l'État confisqué à l'État social

 

« Il y a deux vérités qu'il ne faut jamais séparer en ce monde : que la souveraineté réside dans le peuple, que le peuple ne doit jamais l'exercer », écrivait en 1791 le marquis de Rivarol.

 

Cette affirmation cynique, bien que formulée par un royaliste farouche adversaire de la Révolution, pourrait être la devise de notre Union Européenne ! Elle résume à elle seule toute l'ambiguïté de la relation entre libéralisme économique et libéralisme politique : un « moindre État » amputé de toute possibilité d'action économique, une « autolimitation du gouvernement » au profit du marché conçu comme « lieu de nature » (ces expressions sont de Michel Foucault, « Naissance de la biopolitique », cours au Collège de France 1978-79), et une souveraineté confisquée par une classe politique au service des propriétaires. « Qu'aurons-nous gagné à réduire l'aristocratie des nobles si elle doit être remplacée par l'aristocratie des riches ? » s'écriait Marat dès 1790...

 

Ainsi s'explique plus d'un siècle de méfiance totale entre le mouvement social en construction et une représentation politique vécue comme forcément au service de ces « beaux messieurs ». C'est la monarchie bourgeoise des libéraux de la Restauration - La Fayette, Guizot et le suffrage censitaire -, tandis que Tocqueville renvoyait la vie démocratique à la société civile (De la démocratie en Amérique, à partir de 1835), puis dénonçait la tendance continue depuis la Renaissance au renforcement de l'État par delà les changements de régime (L'Ancien Régime et la Révolution, 1856).

 

C'est ensuite la difficile consolidation de la République face aux monarchistes, la lente émergence d'un État qui n'aurait pas qu'une main droite au service de l'ordre des dominants, mais aussi une main gauche veillant aux droits économiques et sociaux.

 

C'est la Charte d'Amiens (1906), par laquelle les syndicalistes révolutionnaires, majoritaires dans la CGT d'alors, indiquaient leur méfiance vis-à-vis de la sphère politique et des partis naissants, jugés trop soucieux de notabilité pour mettre en oeuvre la transformation sociale que seule la grève générale était censée déclencher.

 

Mais c'est aussi Jaurès affirmant à la même époque que le mouvement ouvrier devait agir dans trois directions complémentaires : l'action syndicale, l'action politique et les coopératives. Le Front Populaire et la mise en œuvre, à la Libération, d'une partie du programme du Conseil National de la Résistance, moments fondateurs de l'État social, lui ont donné raison au moins sur les deux premiers points, le premier aiguillonnant le second.

 

3.- Un État opérateur et régulateur, qui contrôle les changes et les échanges...

 

On ne peut se dire « anti-libéral » et faire de l'État son adversaire privilégié. Mais tout dépend de quel État l'on parle :

 

 l'État libéral réduit à ses fonctions régaliennes (justice, police, armée), c'est-à-dire chargé uniquement de protéger la propriété privée, de veiller aux conditions permettant le fonctionnement du marché et de gommer les dysfonctionnements les plus flagrants ?

 

 l'Etat hypertrophié et totalitaire, phagocyté par un parti unique, duquel tout contrôle démocratique et toute diversité ont été éradiquées, et qui sert encore aujourd'hui d'épouvantail ?

 

 l'État de conception marxienne, confisqué par la bourgeoisie et les fournisseurs des commandes publiques (Dassault, Lagardère, Bouygues...), ou de conception communautariste, colonialiste et répressif vis-à-vis des minorités ?

 

Quels seraient les principaux traits d'un État véritablement social et solidaire ? Il n'est pas question ici d'entrer dans le détail de ce que pourrait être un tel État. Contentons-nous d'ébaucher quelques grandes lignes, dont chacune appelle de vastes développements :
 droit du travail (par la loi et non par le contrat)
 protection sociale
 services publics
 espace public protégé des croyances (laïcité)
 préservation des conditions qui permettent la reproduction de la vie (écologie)
 politiques économiques intérieures et extérieures, maîtrise de la monnaie et des tarifs douaniers

 

Ne sont-ce pas là des domaines où seul le pouvoir d'un État fort et démocratique est en mesure d'assurer à chacune et à chacun la « sécurité sociale » en impulsant des changements structurels ?

 

Encore faut-il que des intérêts catégoriels ou des logiques d'appareils ne se substituent pas à l'intérêt général, tant au niveau des administrations qu'à celui des organisations du mouvement social !

 

4.-... et contrôlé par les citoyens

 

L'État, comme le marché, est totalitaire lorsqu'il prétend tout régenter. Le point central à partir duquel se déterminer - y compris au sein de la gauche et de l'extrême gauche - est donc la manière dont se conçoit et se gère la « res publica », la chose commune.

 

Si l'on admet que le pouvoir citoyen ne se réduit pas au pouvoir d'achat, que l'économique n'est qu'une petite partie du vivant et que l'économie marchande ne représente qu'une petite partie des activités et des échanges humains, reste à déterminer où s'arrête la sphère marchande, où commence le domaine des biens publics, et comment les gérer. Des choix d'une telle importance ne peuvent être laissés à l'utopie d'un « marché pur » et d'une « concurrence libre et non faussée », notions abstraites sans aucune existence réelle, euphémismes conceptuels désignant la loi du mieux informé, du plus compétitif, du mieux né, bref la loi du plus fort dans toute sa férocité, et dont la principale utilité est de fournir de la matière à quelques économistes serviles. Ces choix doivent au contraire être l'objet de délibérations collectives au niveau pertinent, associant toutes les parties prenantes, en recherchant toujours l'échelon le plus approprié à l'exercice des solidarités et à l'efficacité des péréquations, du quartier à l'Europe et au monde, sans oublier la Nation.

 

Parallèlement, chacune et chacun doivent être en mesure d'exercer activement leur pouvoir citoyen (s'informer / s'impliquer / intervenir), d'où le rôle central de l'éducation populaire.

 

Viser la dictature des marchés, les transactions spéculatives et les paradis fiscaux était une manière de dénoncer les dysfonctionnements de l'économie financiarisée et d'y mettre un « grain de sable ». Mais le but était surtout la réappropriation démocratique d'un monde abandonné à l'économisme et au profit. L'objet d'Attac (article 1 des statuts) et la plate-forme du mouvement international Attac (11 et 12 décembre 1998) sont très clairs sur ce point.

 

La révolte de la « génération 68 » contre le vieux monde poussiéreux et les disciplines exercées sur les corps par le « biopouvoir », contre la société de consommation, contre les guerres - en particulier coloniales (Algérie, Vietnam, Prague) - et contre les impérialismes, était évidemment nécessaire et salutaire. Mais elle prit trop souvent la forme d'une haine indistincte de l'État, faisant d'un individualisme émancipateur par certains aspects, le destructeur des solidarités, et oubliant qu' « entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit » (Henri Lacordaire).

 

Son erreur est d'avoir en quelque sorte jeté le bébé avec l'eau du bain, ouvrant un boulevard au libéralisme que nous combattons aujourd'hui.

 


François RIETHER

 

(Ce texte n'engage que son auteur, il n'engage pas Attac ni le réseau Avenir d'Attac.)

 

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Article 12

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OU VONT LES RETRAITES

???




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Le fondement de nos analyses reste actuel et pertinent : la retraite est un droit fondamental et il est satisfait parce que la société décide d'affecter à cette fin une partie du fruit du travail ; le vieillissement démographique exige une juste répartition des revenus ; le système par répartition est seul à même d'y répondre, au contraire du système par capitalisation, lequel n'a d'autres buts que de privatiser un pan entier de la protection sociale et de drainer une épargne plus abondante vers les marchés financiers. Mais nous devons réactualiser notre argumentaire au vu de la situation créée par les contre-réformes mises en oeuvre.

 



Le Conseil d'Orientation des retraites (COR) vient de publier son rapport 2007 : « Retraites : questions et orientations pour 2008 » ( http://www.cor-retraites.fr/IMG/pdf/doc-723.pdf ). On y trouve de nouvelles prévisions et des recommandations, certaines allant dans la bonne direction, d'autres empruntant de fausses pistes, pourtant déjà explorées sans résultats. Dans la foulée, le point devrait être fait en 2008 sur l'état du système de retraites. Il était donc temps, après les batailles menées à l'occasion du rapport Charpin et de la loi Fillon, de revenir sur la question.



Les principales mesures de la loi Fillon

 

Dans son exposé des motifs, la loi Fillon de 2003 se fixe à l'horizon 2020 l'objectif d'une retraite égale aux deux tiers du revenu d'activité, avec un plancher de pension égal en 2008 à 85 % du Smic net - objectif toutefois limité à ceux justifiant d'une carrière complète. Elle ouvre la possibilité, pour les salariés ayant effectué des carrières longues, de partir à la retraite avant 60 ans.

 

La réforme Fillon ne revient pas formellement sur le droit à prendre sa retraite à 60 ans, mais programme un allongement de la durée d'assurance requise pour bénéficier d'une pension à taux plein. Ce recul de l'âge de la retraite baigne dans une idéologie du prétendu « libre choix » qui généralise les mécanismes de décote et de surcote. L'assuré pourra partir plus tôt, avec une retraite moindre (décote), mais il pourra aussi travailler plus longtemps et bénéficier d'une surcote.

 

De 2004 à 2008, la durée d'assurance des fonctionnaires passe ainsi de 37,5 ans à 40 ans pour s'aligner sur celle du régime général. De 2009 à 2012, la durée d'assurance devrait augmenter d'un trimestre par an, jusqu'à 41 ans en 2012 mais cette feuille de route peut être réévaluée en 2008, soit par un rendez-vous avec les « partenaires sociaux », soit par décret du gouvernement. A terme, l'objectif est de stabiliser le ratio entre durée d'assurance et durée de retraite en partageant les gains d'espérance de vie après 60 ans selon la règle suivante : 2/3 sous forme d'un allongement de durée d'assurance et 1/3 sous la forme d'un allongement de la durée de la retraite.

 

Les réformes Balladur (1993) et Fillon (2003) dégradent les retraites de deux manières. Elles modifient profondément le mode de calcul des pensions et leur règle de progression : les droits à la retraite sont calculés sur les 25 meilleures années, et les salaires portés au compte ne sont pas revalorisés selon la progression du pouvoir d'achat. La pension n'est plus indexée que sur les prix et ne profite donc plus de la progression des revenus d'activité. L'allongement de la durée de cotisation, compte tenu de l'état du marché du travail, réduit les droits à la retraite et introduit de profondes inégalités qui frappent les carrières heurtées (femmes, précaires, chômeurs) et, à terme, les jeunes générations qui arrivent plus tard sur le marché du travail.

 


La nouvelle donne du financement

 

Le gouvernement, suivi par la majorité des médias, a commencé à préparer l'opinion à un nouveau recul de l'âge de la retraite qui serait décidé au point d'étape prévu en 2008. Mais cela ne correspond en rien à l'état des lieux dressé par le rapport du COR dont la présentation a été biaisée en faveur de préconisations qui ne se déduisent pas logiquement de ses analyses. Le rapport établit au contraire qu'il n'y a plus de problème de financement à l'horizon 2020 : cela ne représente qu'un déplacement de 0,7 point de PIB vers les retraites, ce qui est la marge d'erreur de l'évaluation et moins que le déficit courant. A l'horizon 2050, le besoin de financement est évalué « entre un peu moins de 2 points et près de 5 points de PIB ». C'est peu, et il serait absurde de mettre en place aujourd'hui des mesures visant un horizon aussi éloigné et imprécis.

 

Ces évaluations sont considérablement réduites par rapport aux données sur lesquelles on raisonnait en 2003. La raison en est que les projections de population active ont été modifiées par l'Insee l'année dernière. Le taux de fécondité passe à 1,9 enfants par femme (au lieu de 1,8) ; l'hypothèse de solde migratoire est désormais de 100 000 personnes par an (au lieu de 50 000) ; enfin, l'allongement de l'espérance de vie est moins rapide que ce qui avait été escompté.

 

Sur tous ces points, le COR donne raison à tous ceux qui avaient dénoncé et critiqué les évaluations catastrophistes mises en avant depuis le rapport Charpin pour convaincre la population de l'urgence de « réformes » : elles sous-estimaient les facteurs démographiques et le rôle-clé du chômage.

 

Certes, le déficit prévisible de la CNAV serait de 1,9 milliards d'euros en 2005, de 2,4 en 2006 et de 3,5 en 2007. Mais le COR souligne que ces « perspectives dégradées » résultent d'une « évolution de la masse salariale moins favorable » que prévu, et de la seule mesure progressiste de la réforme Fillon qui permet le départ anticipé en retraite des personnes ayant eu une carrière longue. Ce phénomène est par nature transitoire et ne saurait justifier de nouvelles mesures modifiant durablement le système de retraites. En revanche, on vérifie à nouveau que le meilleur moyen d'assurer le financement des retraites est de revaloriser les salaires.
Dans le principal scénario du COR, le taux de remplacement (pension sur revenu d'activité) serait en 2020 inférieur de 10 % par rapport au niveau constaté en 2003 (pourtant lui-même déjà dégradé par rapport à la situation antérieure à 1993 en raison des premiers effets des réformes intervenues depuis 1993), mais il pourrait être maintenu en augmentant de 4 points les cotisations. Cela veut dire que « l'examen d'hypothèses alternatives de financement avant 2020, y compris des hausses de cotisations, est rendu nécessaire ». Nous partageons ce point de vue, dont le COR ne tire pas vraiment les conclusions, et nous proposons une augmentation des ressources qui permettrait d'effacer la dégradation d'ores et déjà programmée par les réformes successives.

 


Encadré 1

 


Les complémentaires : une dégradation encore plus rapide

 

Les régimes complémentaires (AGIRC et ARRCO) représentent une partie importante de la retraite dans le privé : entre un tiers pour les petits salaires et deux tiers pour les cadres supérieurs. Or ces retraites complémentaires subissent aussi une dégradation qui sera encore plus marquée que pour les retraites du régime général. Les « partenaires sociaux » sont allés plus loin que les réformes Balladur-Fillon. Le taux de rendement a perdu plus de 30 % depuis 1993 (Les Echos du 9 mars 2007). Cela veut dire que, pour un même montant de cotisations, les pensions versées vont baisser d'autant. Tels sont les risques d'un système à points qui rend le montant de la retraite peu prévisible pour les futurs retraités. Il a permis de faire passer discrètement les décisions prises hors de tout débat public en 1996, 2001, 2003 et encore récemment en mars 2007 dans le cadre d'un paritarisme déséquilibré où le Medef impose des accords défavorables avec le soutien de syndicats minoritaires.



L'allongement de la durée d'activité : une fausse piste

 

La réforme Fillon privilégie le recul de l'âge de la retraite comme moyen d'assurer le financement des retraites. Le raisonnement paraît logique : si on est actif plus longtemps, on est retraité moins longtemps et l'augmentation du ratio retraités/actifs est ainsi freinée. Seulement, les choses ne se passent pas ainsi : l'accroissement des cessations anticipées d'activité montre en effet que les employeurs continuent à se séparer des salariés âgés, perçus comme moins « productifs ». La présidente (CFDT) de l'Unedic, Annie Thomas, a dénoncé le « double langage du patronat, qui négocie un accord (en faveur de l'emploi des seniors) d'un côté, mais agit différemment dans les entreprises ». Le gouvernement – qui ne fait rien pour les fins de carrière dans le public – mène une politique contradictoire en laissant le Parlement mettre en place de nouvelles incitations à un départ anticipé des seniors. Le président du COR, Raphaël Hadas-Lebel, a mis les points sur les i en déclarant : « Nous n'avons pas été très contents de certaines décisions prises par le Parlement, à la demande sans doute du patronat, sur des mesures touchant à l'emploi des seniors » (Le Monde du 11 janvier 2007). Et ce n'est pas le contrat précaire « dernière embauche », ciblé sur les salariés âgés, qui peut relever le taux d'emploi des plus de 55 ans tant que perdure un chômage de masse.

 

Alors que le Medef bloque la négociation sur la pénibilité dans le privé, le succès des départs pour carrières longues et l'avancement de l'âge moyen du départ en retraite dans le privé démontrent une profonde aspiration des salariés à jouir de leur retraite à 60 ans après une vie de travail usante. A cela s'ajoute l'incertitude créée sciemment par un processus de réforme permanente : inquiets à juste titre des mauvais coups en préparation, un nombre croissant de salariés prennent leur retraite le plus tôt possible.

 

En préconisant de remettre en cause l'âge d'ouverture des droits à 60 ans, d'accroître la décote voire de la prolonger au-delà de 65 ans, le COR ne tient aucun compte de ses propres constats. Il observe en effet que « l'allongement de la durée d'assurance, conjugué au système de décote et de surcote, ne se traduit pas par un décalage de même ampleur de l'âge moyen de départ en retraite. Entre 2003 et 2020, le recul supplémentaire de

l'âge moyen de départ en retraite dû à la réforme de 2003 serait limité à 0,2 an dans le secteur privé et à 1 an 1/2 pour les fonctionnaires, pour des allongements de durée d'assurance de respectivement 1 an 3/4 et 4 ans 1/4 ».

 

La prolongation d'activité n'est donc un « libre choix » que pour une minorité de salariés encore en emploi, et disposant de conditions de travail favorables. Pour la majorité, la contrainte sera de partir en retraite avec des pensions moins élevées, ou de cumuler la pension avec des petits boulots mal payés. Le COR relève que seulement 40 % des salariés qui liquident leur retraite étaient en emploi l'année précédente (contre 60 % en 1983) : la majorité d'entre eux se trouvaient au chômage, en préretraite ou dispensés de recherche d'emploi. Le véritable objectif de la réforme de 2003 n'est pas en réalité que les salariés travaillent plus longtemps, mais qu'ils partent en retraite à peu près au même âge, avec une pension réduite.

 


Les discriminations envers les femmes

 

Les pensions de droit direct sont en moyenne deux fois moins élevées pour les femmes (732 e par mois en 2004) que pour les hommes (1 532 e). Même en intégrant les droits dérivés (la réversion), les pensions des femmes restent inférieures de 38 % à celles des hommes. Ces inégalités de pensions reproduisent les inégalités constatées sur le marché du travail : salaires inférieurs, carrières moins longues et discontinues. Mais les réformes de 1993 et 2003 ont considérablement accru ces inégalités, parce que l'allongement de la durée de cotisation et la prise en compte des « 25 meilleures années » dans le privé pénalisent les carrières courtes, le recours au temps partiel, les contrats précaires, les fins de carrière au chômage ou à temps incomplet, et dévalorisent davantage les pensions féminines.

 

Le rapport du COR montre que ces inégalités sont appelées à perdurer, malgré la forte montée de l'activité féminine et des droits à pension qui y sont associés. En effet, l'accroissement de l'activité féminine est dû au temps partiel (en équivalent temps plein les taux d'activité des femmes stagnent, voire baissent pour les générations nées en 1960), et les différences de salaire entre hommes et femmes ont cessé de se réduire.

 

Les risques de paupérisation des femmes retraitées concernent en premier lieu les femmes qui ne vivent pas en couple au moment de leur retraite, et dont le nombre progresse fortement du fait de l'évolution des modèles conjugaux (montée des divorces et du célibat). Ce phénomène est mis en valeur par l'arrivée à l'âge de la retraite de générations qui ont été affectées par ces évolutions, et qui le seront de plus en plus.

 

Les dispositifs familiaux et conjugaux (droits liés aux enfants et pensions de réversion) sont-ils la solution pour réduire les inégalités de pension entre les femmes et les hommes ?
Ces droits sont associés à une place subordonnée des femmes dans la famille et la société. Il ne peut pas être question de les supprimer par ce biais puisque les inégalités dans le travail sont toujours là. Pour autant, leur existence même entérine une situation où ce sont essentiellement les femmes qui interrompent leur activité ou travaillent à temps partiel pour s'occuper des enfants. Il est indispensable de s'attaquer aux causes de cette situation et de mettre en œuvre une politique volontariste visant au partage réel des responsabilités parentales, que la réduction du temps de travail peut favoriser. Les dispositifs familiaux pourront alors être repensés dans un cadre égalitaire, et non comme une compensation – bien insuffisante – des inégalités actuelles. Il s'agit de passer d'une logique de dépendance à une logique d'égalité.

 

On a vu que la suppression de fait de la plupart des bonifications pour enfants dans la Fonction publique a dramatiquement réduit les droits de nombreuses femmes. Or, la majoration de durée d'assurance (2 ans/enfant) dans le régime général est aujourd'hui dans le collimateur, au nom de l'égalité, alors que dans le privé les inégalités de pensions entre les deux sexes sont très élevées. La notion d'égalité ne doit pas être utilisée pour tirer vers le bas les acquis sociaux.

 


Encadré 2

 


Un nouveau bouc émissaire : les régimes spéciaux

 

Leur alignement sur les régressions du régime général et de celui de la fonction publique, est présenté comme la solution au problème de financement des régimes de retraites. Mais ils ne représentent que 6 % de la masse des pensions versées en 2003 !
Il faut beaucoup de cynisme pour invoquer l'équité afin de justifier l'alignement par le bas de l'ensemble des salariés sur les plus durement frappés par les réformes de 1993 et 2003 : femmes, carrières courtes et précaires, chômeurs, salariés virés avant l'âge ou usés par le travail, jeunes qui s'insèrent plus difficilement dans l'emploi ou y entrent plus tardivement du fait de l'allongement des études.
L'équité passe au contraire par un alignement vers le haut et par la possibilité de baisser l'âge de la retraite pour les métiers les plus pénibles.


 

 

Nos propositions

 

Le supposé « choc démographique » et les problèmes de financement ne sont que des prétextes pour justifier un choix de société qui revient à programmer la paupérisation de la majorité des retraités. Nous refusons ce choix et nous défendons, comme nous l'avions fait lors du mouvement de 2003, la perspective de maintenir la parité globale de niveau de vie entre actifs et retraités, ce grand acquis de la répartition qui, seule, peut assurer la solidarité entre les générations. Et le dernier rapport du COR nous montre que cette perspective est plus que jamais réalisable.

 

La réforme des retraites qu'Attac et la Fondation Copernic préconisent passe donc d'abord par l'abrogation des mesures régressives prises ces dernières années, avec les réformes Balladur de 1993 ou la loi Fillon de 2003, et par un réexamen des mesures régressives contre les retraites complémentaires. Elle repose sur cinq propositions qui, en augmentant les niveaux de pensions les plus faibles, concernent majoritairement les femmes.

 

Âge du départ à la retraite à taux plein à 60 ans. Un départ plus précoce est possible pour les salariés ayant effectué des travaux pénibles ou pour ceux qui ont les annuités requises parce qu'ils ont commencé tôt à travailler.

 

Indexation des pensions sur les salaires et non pas sur les prix afin d'assurer la parité d'évolution de revenu entre actifs et retraités. Cette indexation doit non seulement concerner les retraites déjà liquidées mais aussi les « salaires portés au compte » pour le calcul du salaire de référence qui permet de fixer le montant de la retraite.

 

Garantie d'un taux de remplacement moyen de 75 % du salaire. Dans le secteur privé, le salaire de référence pour calculer le montant de la pension est actuellement basé sur les 25 meilleures années, ce qui a un effet dévastateur sur le niveau de la pension. Il doit être calculé sur la base des six meilleurs mois. Ce taux pourrait être modulé de façon à respecter une certaine équité. Ainsi il pourrait varier de 100 % du salaire net pour les salaires de référence égaux au Smic à 60 % pour les très hauts salaires.

 

Retour aux 37,5 annuités de cotisation pour avoir une retraite à taux plein. Pour le secteur privé, le premier rapport du COR en décembre 2001 a montré que l'impact financier d'une telle mesure serait faible, 0,3 point de PIB.

 

Pas de pension inférieure au Smic : tout retraité doit pouvoir bénéficier d'un revenu décent pour vivre. Or, le dernier rapport du COR note que « depuis le milieu des années 1980, la situation relative des bénéficiaires du minimum vieillesse a eu tendance à se dégrader » et que « l'ensemble des indicateurs de pauvreté monétaire fait apparaître une augmentation de la pauvreté des personnes âgées en 2002 ».

 

Sur cette base doit être discutée la question de la convergence des régimes entre le secteur privé, le secteur public et les régimes spéciaux. Si un régime de retraite commun à tous les salariés peut être une perspective, elle ne peut se concrétiser que sur une convergence par le haut et non pas par un alignement par le bas.

 


Quel financement ?

 

Comment financer une telle réforme ? Certainement pas en comptant sur l'épargne qui soumet le destin des retraités aux aléas financiers et creuse les inégalités, en tournant le dos à la solidarité. Certainement pas non plus en introduisant une TVA sociale qui dédouanerait les entreprises de toute contribution supplémentaire et serait une ponction supplémentaire sur le pouvoir d'achat des salariés, ou un système à points, dont l'évolution des régimes complémentaires souligne les dangers (voir encadré).

 

Le premier rapport du COR, avant donc la loi Fillon, avait indiqué que, si on voulait maintenir le niveau des pensions par rapport aux salaires, et donc revenir sur les mesures Balladur de 1993 et les accords Arrco/Agirc de 1996, une augmentation de 15 points du taux de cotisation lissée sur 40 ans, soit 0,37 point par an, serait nécessaire. Il est difficile de croire qu'une telle augmentation aurait un impact catastrophique pour l'économie. Or, depuis cette évaluation, les perspectives démographiques se sont notablement améliorées. Les besoins de financement en seront diminués d'autant. De plus, l'intégration dans l'assiette de prélèvement de tous les éléments de rémunération, dont les stock-options (en attendant de les supprimer par ailleurs) et l'intéressement, permettrait de dégager de nouvelles sources de financement. Une telle réforme est d'autant plus réalisable que la part de la masse salariale (salaires directs et cotisations sociales) dans la valeur ajoutée des sociétés non financières a baissé de près de 10 points en 20 ans. Un rééquilibrage est tout à fait concevable par une augmentation de la part patronale de la cotisation sociale, que celle-ci soit obtenue par une augmentation du taux de cotisation sur l'assiette actuelle ou bien par un élargissement de l'assiette à l'ensemble de la valeur ajoutée.

 

Des marges de manœuvres existent donc qui seraient d'autant plus grandes qu'une politique économique tournée résolument vers le plein emploi serait mise en œuvre. Cela signifie lutter contre le chômage, contre le temps partiel contraint (en instaurant par exemple une majoration du taux de cotisation pour les employeurs qui l'imposent), mais aussi mener des politiques volontaristes pour permettre la pleine participation des femmes au marché du travail.

 


Encadré 3

 

Et l'activité des femmes ?

 

C'est un paramètre décisif pour le financement des retraites qui dépend étroitement des politiques publiques menées. La disponibilité et le coût des modes de gardes d'enfants et de services aux personnes âgées sont en effet des déterminants majeurs de la décision d'activité des femmes. Ces services sont eux-mêmes des sources d'emplois, qui devront être qualifiés et rendus mixtes. Avoir un emploi correspond au désir d'une majorité de femmes et est indispensable pour assurer leur autonomie. Pourtant, le COR néglige ce paramètre. Il se limite à préconiser un taux d'emploi supérieur pour les 55-64 ans, alors que l'emploi des seniors ne correspond ni au souhait des entreprises, ni à celui des intéressés, et ne contribue pas à la résorption du chômage.


 

 

Au-delà, un certain nombre de débats restent à mener. Faut-il changer les modalités de financement des retraites ? Un débat existe dans le mouvement syndical, et plus largement dans le mouvement social, sur cette question : lien avec le salaire, poids de la CSG, assiette élargie à l'ensemble de la valeur ajoutée, modulation de la cotisation sociale suivant le type d'entreprise, etc. Autre débat nécessaire, alors que les conditions de travail se dégradent, que des pathologies inédites apparaissent, comment prendre en compte les nouvelles pénibilités au travail ? Ou encore comment repenser le système de retraite dans une logique égalitaire. Et, de façon plus globale, comment construire un système de protection sociale de haut niveau pour tous dans le cadre d'un modèle de développement non productiviste ? Nous continuerons à mener ces débats légitimes et un nouveau document leur sera consacré. Mais ils ne doivent pas cacher l'essentiel qui est ici la nécessaire mobilisation citoyenne et sociale pour qu'un des droits fondamentaux de la personne humaine, le droit à la retraite, ne soit pas détruit par le néolibéralisme.

 


texte commun par

ATTAC et Fondation COPERNIC

 

 

pages de réf. pour compléter son info :
http://www.france.attac.org/a1751  &  http://www.france.attac.org/a2032






Dernière modification : 20.04.07, 16:49:24