Du 26 novembre 1989


Le débarquement  (part I)


Dans un tintamarre
La ville claquait, la ville murait
Et sur la gare
Volaient des cotons-tiges éplorés

Figée comme l'avant d'un cuirassé
Enlisé au bout d'un spectacle fini
Traînait une valise sur le quai
Parmi la foule, les croquants, et les souris

Sur cet édifice au flanc rebondi
Que longeaient les courants en marée oppressive
Trônait une petite menine au teint candi
Le front haut et le visage en olive

Nous sommes des mutants, passants invétérés
Que déjà elle abandonnait à leurs soucis
Enserrant de ses jambes juvéniles ce carton bouilli
Elle conduisait un char en son pays éthéré

Sous la pancarte Normandie
Venait un vol de canards à l'abreuvoir
Le train allait partir et crachait des sanies
Fumée de nicotine et jets de mouchoir

Dans sa chenille avec les siens baignait Sarah
Au roulement des bogies riait cette amandine
Savait-elle qu'au bout sur la plage, il y aurait l'épine
Ce genre de caprice qu'invente la Moira

Un lourd objet sorti du tréfonds de la Mer
Qu'elle irait regarder comme une statue antique
Mais qui vivait sous son bronze vert
Survivant d'une épopée onirique

…/…
Part II
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