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symbole_chene-et-roseau, enfant au milieu des ruines à Jenine
Crédit photo : Abed Omar QUSINI, photographe palestinien.




Reçu le mercredi 16 janvier 2008



LE CHENE ET LE ROSEAU 


PROLOGUE A " VOIX DE ... REFUS "



Une peur sans précédent me prend à la gorge. Un nœud coulant est entouré de mon cou. Des mains rachitiques s'accrochent à mon être, m'empoignent. Tirent sans ménagement vers une destination inconnue. Je ne marque aucune résistance. Docile, je me laisse emporter...

Je me réveille en sursaut, essuie la sueur qui perle à mon front, ramasse les débris de mon corps délabré. Je sors de ce long naufrage à travers les mers déchaînées. Je sors indemne de ce périple et j'ouvre ma croisée longtemps cloisonnée. La scène est changeante, le décor mouvant, les hommes continuent à véhiculer devant mes yeux embrumés.

J'aère ma chambre où moisissent un monde de paperasse, des notes griffonnées par-ci , par-là, des vers dont la rime tombe en friche, des livres vieillis qu'il faut passer au pilon...Je m'accroche tant que je peux à ces choses hétéroclites qui jonchent chaque coin de ma chambre. J'y tiens à conserver tous les liens, tous les rapports et communiquer avec ce ramassis de revues, de journaux. J'y cherche toujours à puiser ce souffle poétique et je tombe inlassablement sur des sujets controversés. Titres à la portée fulgurante à la Une, des photos qui portent atteinte à la dignité de l'homme, informations macabres, visions apocalyptiques. Chaque jour qui vient apporte son lot d'événements qui nous fait oublier ceux d'auparavant... La scène : partout et nulle part. Des scènes quotidiennes qui se passent de tout commentaire. L'œuvre de l'homme n'a d'égale que la puissance de se mesurer avec l'autre, de lancer et de lever le défi, s'avancer tête baissée dans les nasses d'une tragédie sans cesse renouvelée et de plus en plus sanguinaire...

J'ai HONTE de moi-même, honte de me voir, de me regarder à travers une glace sans tain, de suive la débâcle, la mort lente d'un PEUPLE. La domination, l'asservissement, La FAMINE, La DESERTIFICATION qui avance sans répit, Le DELUGE des GUERRES FRATRICIDES ...
J'ai HONTE de MOI-MEME et des AUTRES, de cette INDUSTRIALISATION de LA MACHINE DE LA MORT, de ces expériences qui vont au-delà des normes du bon sens, HOMMES/COBAYES, HOMMES EN LIBERTE PROVISOIRE crucifiés au pilori des inventions codifiées, programmées, DESHUMANISEES, CRISE DE CONSCIENCE, CRISE D'IDENTIFICATION, CONSCIENCE MALHEUREUSE : une MALEDICTION sans NOM, sans MEMOIRE qui fauche tout sur son passage. Bref ! nulle chose n'est épargnée...

J'ai pris du recul pour mieux sauter, les yeux bandés, les mains liées, les pieds enchaînés, pris d'un vertige sans équivoque, je tombe dans le COMA d'une CIVILISATION en EMIETTEMENT. Les Gardiens des VESTIGES, des VALEURS HUMAINES se font de plus en plus rares. Quelques CONTESTATAIRES subsistent encore pour remettre en question la fuite en avant de cette PIEUVRE à visage HUMAIN, aux mille tentacules qui avance INEXORABLEMENT et détruit tout sur son passage.

Accusé de PORTER ATTEINTE à la SECURITE de la CITOYENNETE de L'HOMME, d'être un rétrograde... Je m'élève...

Je n'ai qu'une PLUME ROUILLEE et non UN OBUS pour récuser le DELIT. Je déclare après LECTURE de L'ACCUSATION A MON ENCONTRE ... : J'ACCUSE LES AUTRES de leur silence, de leurs décisions irréfléchies, de leurs ACTES BARBARES, de chercher à faire PROSTERNER et " LE CHÊNE ET LE ROSEAU ". J'ACCUSE et ma VOIX turbulente n'est autre que celles des AUTRES VOIX... UNE VOIX conjuguée et qui se fait l'écho de TOUS CEUX qui le disent par...chuchotements... Un REFUS chargé de TOUS LES REFUS...pour que triomphent : LA LUCIDITE, LA VRAIE PAROLE devant LA TYRANNIE et le MASSACRE DES INNOCENTS...


KHENIFRA : Jeudi 12 Février 1987
Publié par ALBAYANE CULTURE
le mardi 5 mai 1987 ; page 8
MAROC
 
© Kacem LOUBAY





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