Du 24 septembre 1997


Le Stade Rouge


C'est un stade où je me prélasse
Et tourne en rond de guerre lasse
Que sont les mots, étrons insignifiants
Petits spasmes de l'âme du ruffian
Je vous combattrai, âmes damnées
De la faim-feu que la nature m'a donnée

Sur le stade Rouge vont et reviennent
Les mots qui sont à la vie mienne
Les quasars de mon vrai ciel
Les tzars de ce temps très partiel
Et partant de là, vous n'y comprendrez rien
Je parle de trop loin à vos âmes de terriens

Sur la cendre des terriens qui poudroie
Je trace les runes qui vous dévoient
Révolte, éclats des vagues au ressac
Vous perdez vos têtes à végéter dans le sac
Là où fardent vos pensées de foutriquet
J'exhale un parfum de liesse compliqué

En cette époque de pompiers aux feux des étables
Je le sais bien qu'elle finit au bac à sable
L'intelligence qui dérange et que l'on tait
Est-ce une raison pour ne pas s'arrêter
Et se regarder bloqué en vain sur la piste
Alors que s'en est allée une vie d'artiste

Au stade Rouge, qui bouge, qui se noie
Moi ou vos airs, vos arias et vos lois
Sur ce cercle galope-t-il le cinquième cavalier
Ou le cinquième anneau qui va se délier
Un sixième seul le dirait dans vos aires
Assombries d'une fin qui chute d'un millénaire
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© Jean-Jacques Rey, 1997