Du 15 décembre 2005



TRÊVE ORIGINELLE


De son roc et citadelle
L'insoumise et la reine
Fatiguée de tant de laideur
Enveloppa les survivants
De ses voiles pleines de douceur
Dans les coches de l'aurore
Ils passèrent libres devant Elle
Des petits tas de lueurs roses
Qui allaient s'effilochant à l'horizon
Pâlissant sur ses rondeurs


Apparurent alors au sommet
Chantournés par ses lés de blancheur
Les immenses auvents du soleil
Qui répudièrent les ombres de la mort
Le froid de la nuit qui engourdit
Se retira sur la pointe des pieds
Et la terre rebelle devint belle
Elle s'ouvrit à la Mer, au cœur de l'esprit
Il scintillait des perles du bonheur
Sur le cou de la reine Poésie

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Les féroces des bêtes noires
Des idées et leurs chiens
Qui traquaient les feux de lumière
Au ventre de leur mère
N'ayant plus de raisons
Se retrouvèrent nus
Sous leurs armures
Et l'incertitude les gagna
Par des vagues venues lécher
Toutes leurs ardeurs


De ces voiles dans le ciel
Qui avaient délivré tant d'esprits
Par les mots et les sens
Les corbeaux des féroces
Ne viendraient jamais voler
Le moindre fil des profits
Et c'est là ce vaste piège
Où les becs coupent en vain
La reine Poésie ne donne rien
Qui se lie au déficit humain

[]

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© Jean-Jacques REY, 2005