Du 9 avril 1997



LE DOL ET L'ARMOIRE


Comme la réalité bassine, médiocre foutoir
Elle enrichit les vendeurs d'armoires
Rangements où le domestique se rassure
Petit engagement des rêves sur mesure.

Pour ne pas dire que le sujet est con,
Que le concitoyen sert de raison
Les malins promènent l'encensoir
Cultivant les fleurs pour leur pouvoir .

La vérité se travestit pour être belle
Ils font l'image virtuelle et le monde modèle
Ils se couvrent d'un sérieux qui tire le jus
Essuient la plèbe comme un trou du cul.

Ils se paient l'esprit simple et ductile
Qui croit la maîtrise de sa vie, inutile
Avec lui, la force d'une pensée libre s'envole
Le roi ou les chefs régissent son école .

Sous l'intérêt collectif, transpire le mépris
Sous l'engagement social fornique l'esprit
Les justes qui demandaient des efforts
Payeront sans doute autant que les butors.

Mais le scandale tourne ses affaires
Dans les chambres de son revolver
Qui éclate au nez de ses utilisateurs
Les embobineurs et les enrégimenteurs.

Eclater pour ne plus subir et mourir
Mourir pour revivre et te nourrir
Homme-plante, prends ton destin en main
Trace de ta faux, les bords du chemin.

Tu jetteras à la décharge les armoires
Où meurt l'esprit, pour sécher sur les étendoirs
Aux courants d'air de la réhabilitation
Pour chasser ainsi le moisi de la conservation.



© Jean-Jacques REY, 1997