De Victoire à Victimes... et qui étaient-ils ?



Le poème, décrit et raconte l'exode d'une race à la poursuite de bonne pâture pour le bétail. Elle arrive dans un pays bien vert où tout lui est favorable et s'y installe. Elle est accueillie par une race «indigène »  Il s'en suit une fraternité nationale, soutenue d'échanges de services ; cela, pendant cinq à six siècles.
Vous savez, le rosier a toujours plus d'épines qu'il a de roses mais toutes les deux, malgré leurs différences si prononcées, cohabitent harmonieusement. L'homme, lui, est intolérant.
Que s'est-il passé dans la tête de X pour éliminer son bon voisin Z de très nombreuses années, sa femme qui appartenait à l'autre race, ses enfants dont le même sang coulait dans les veines, simplement parce que le père ou la mère était de l'autre race et d'origine (ancestralement) étrangère, les bébés, cette innocence même, et les très vieux  qui avaient déjà un pied dans la tombe.
Même si les origines des populations concernées sont vraies, cela ne donne pas l'absolution aux criminels, de quelque bord qu'ils soient…Objectivement, je considère ce conflit du même ordre que tous les massacres organisés de par le monde aujourd'hui, même hier d'ailleurs…Je pense au Kosovo, à l'Iraq, à nos voisins de Timor de l'Est, aux atrocités d'Auschwitz, du Cambodge, etc…etc…
C'est au-delà de l'entendement humain mais à la fois et ironiquement, c'est l'acte de l'être humain ! A y penser, ça me gratte les cicatrices, toujours fraîches, même après 13 ans...



Ils étaient nomades et très peu en nombre
A la recherche d'un futur, à l'époque, sombre
Ils fuyaient les terres arides de leurs ancêtres
Pour découvrir un monde meilleur où  se soumettre

Ils étaient très grands, certains des géants
De cette belle taille qui nargue le néant
Sveltes, beaux, d'une élégance enviable
D'une allure sans élan mais bien agréable
Ils étaient élancés et d'apparence austère
Mais doux et gentils et naguère sévères

D'Abyssinie, de Somalie et du Sud Soudan
Sans contact, sans carte et sans cadran
Se fiant avec espoir aux lointains horizons
Ils côtoyèrent  pendant de nombreuses saisons
Exploitant ses alentours immensément fertiles
Le plus long de nos fleuves que l'on nomme le Nil

Ils étaient libres comme le vent sur leur front
Tout bronzés de sable que barrait leur tronc
Ils trottaient  derrière et au rythme de leur bétail,
Perdant l'un, perdant l'autre de tout âge et taille
Les bêtes ainsi que  les chers membres du clan
Pour qui le cimetière était leur dernier camp

En revanche, ils voyaient naître à tour de rôle
Bien  avant  même  que  le  deuil  s'envole
Bébés, poussins, veaux  et agneaux,
Pour remplacer ceux que le sort avait fait cadeau
Aux montagnes instables ces dunes du Sahara 
Superbes en apparence mais de caractère ingrat.

Mal vêtus, mal chaussés et surtout mal abrités
Le désert ne leur offrait que ce qu'il est pour gîter
Sous la chaleur accablante de ce vaste Sahara
Les nomades s'en tenaient à en voir l'au-delà
Bon gré mal gré,  ils devaient remuer...
L'aventure entamée devait continuer

Certes, leurs repas n'étaient pas à la carte
Mais assez pour pouvoir tendre l'arc
Arme de défense et symbole du pouvoir
Qui servait aussi d'outil d'abattoir.
     
Ils vivaient de la chasse où c'était possible
Et de la cueillette  dans les  oasis libres
Le lait maigre du bétail trayable
Après les jeunes veaux insatiables
Ils se le partageaient en dose minime
Restant toujours de la soif, victimes

Tout était partagé, travail et possessions
Misère et bonheur qui pavaient leur mission
Tout se décidait en commun sans discrimination
Unissant intimement ce peuple en toute action

Pays des Grands Lacs ou Pays des Mille Collines
Surnommé également «   La Suisse Africaine »
Le destin les avait acheminés vers ce Paradis
Où vallées et montagnes et ruisseaux hardis
Les avaient accueillis comme l'on fait un roi
Et les avaient invités à y édifier leur toit

Ses cours d'eau multiples et les pluies en abondance
Donnaient aux pâtures une nouvelle apparence
Les « tondeuses » labourèrent librement
Et s'abreuvèrent de ces eaux amplement
La nouvelle terre joua un rôle majeur
D 'honorer les espoirs de nos pasteurs

Le nouveau beau  pays était déjà peuplé
D'une race indigène ou premiers émigrés ?.....
Un pacte fit des deux de bons voisins et bons amis
Qui pendant des siècles vécurent en harmonie…

Vint alors l'inévitable fléau
Le désir infâme fruit de jalousie :
Éliminer l'autrui pour s'emparer de ses biens…
L'Humanité déclara la guerre contre elle-même
Vice à l'avant, vertu  en dernier
La fraternité nationale d'hier
N'était plus qu'une formule creuse

La conscience avait traversé les frontières
Le goût du mal avait repris sa place
Les amitiés connues s'éteignirent à l'instant
L'animosité inexplicable et dédaigneuse
De tuer, mutiler, violer  et détruire
Salit le beau pays qui me vit naître

Barbarie déchaînée calamité suivirent
La mort étala ses griffes fort aiguisées
N'épargnant personne du jeune au vieil âge
Des nomades d'hier et  hamites de race.

Génocide génocide… un écho qui résonne
Génocide génocide… sans cesse j'en frisonne

Génocide génocide…honni soit qui en fut le guide
Génocide génocide… ma tête ne s'en vide……

Génocide, génocide, le mot même est sordide.


Dédié aux victimes du génocide du Rwanda , 1994


© Marie-Bénédicte HARRISON, juin 2007