A   R   T
(II)


L'un, sans toit, sans abri.
L'autre, la panse pleine,
Le corps déjà flétri,
Il ressemble à la hyène.

Tous deux disparaîtront
Sans plus laisser de traces.
En enfer ils iront
Y brûler leurs deux faces.

La vie déculturise
La vie se footbalise
La vie cannibalise
La vie déshumanise.

Van Gogh, dans sa folie,
A peint des tournesols
Mais, dans cette écurie,
Où nous sommes des guignols

Il peindrait, aujourd'hui,
Contraint, forcé, malade,
Pour un non, pour un oui,
Un pot de marmelade.

L'artiste est en sursis
Enfermé dans son art,
Quotidien, son souci :
Qu'on lui donne sa part.

Maradona, Papin,
Ces nouveaux philosophes,
Transforment, ô baratin !
Nos rêves en catastrophes.

La vie se populise
La vie se gargarise
La vie s'épouvantise
La vie s'époumonise.


©  Jean-Claude Koutchouk, octobre 1994