PACIFISTE OU PACIFIQUE : IL FAUT CHOISIR


Souhaiter la Concorde, est-ce un exploit mon ange,
contre la guerre, autant ses indignes forfaits...
le premier prédateur dans le moment qu'il mange,
veut tout pareillement qu'on lui fiche la paix !

Est-ce si novateur de proclamer au monde,
son désir de justice en forme de credos,
allons, tu viens de naître et ta belle faconde,
nous dit que toi si jeune en aurait "plein le dos".

Je vais pourtant souffler à tes tympans, sans rire,
que tu portes en toi d'identiques ferments
et, si jusqu'à ce jour tu n'as rien fait de pire,
c'est que le sort t'ignore en sachant que tu mens.

Eh ! oui, brasseur de mots, éternel don Quichotte,
dérouler des vertus le tapis rouge aidant :
c'est l'instinct prédicat qui ne parle mais rote,
d'autant que ta carpette est d'un rouge sanglant.

Ce que je dis naïf, quand tu chantes ta fresque,
c'est que la guerre est fille avant tout, de quelque art,
à quoi tu dois songer d'opposer "plus que presque",
tel autre en contrepoint, le fils d'aucun hasard.

Alors réponds, phraseur, la question se pose:
que sais-tu donc des lois conduisant à la paix,
que ta claire candeur nous récite, qu'elle ose,
réveiller de leurs vœux tellement de distraits.

Et quand j'aurai compté les traits de ta science,
susceptibles déjà de nous mieux rassurer,
dis-moi ce que tu fais - cela dit sans offense-
pour juguler nos maux et nous en libérer ?

Tu vois ! Il y a loin de la coupe à tes lèvres,
gémir, donner leçon est un aisé combat,
au point que l'argument fera "d'eux tous" des... chèvres,
la vérité du jour est celle du soldat !

Tout n'est pas dit ici, il y manque mon ange,
ma présence, ma main, mon regard, un baiser,
pour que la vérité passe et moins te dérange,
rien ne rend si petit que d'en trop deviser.

La nuit s'achève amie, à nouveau c'est l'aurore,
choisis l'ombre d'ici, où les clartés d'ailleurs,
les mots - ô ! comédie, ô ! chétive pécore-
servant à mieux cacher pas mal de rimailleurs.

Résumons-nous, veux-tu, la paix que l'on désire,
est peut-être après tout affaire de tribuns,
mais la chose étant dite, à peine de délire,
fait les tribuns guerriers et pas forcément Huns !

Nous vivons un moment unique dans l'Histoire,
où se délitent noirs des siècles mensongers,
je veux participer à l'œuvre transitoire...
...j'irai demain t'aimer sous les blancs orangers.


© Claude Gauthier, 22 janvier 2002