A QUAND LA PAIX


Quelle est cette rumeur profonde,
A quand la paix…
Ces hurlements de par le monde,
A quand la paix…

Partout l'on rompt, gémit et souffre,
A quand la paix…
Dans les odeurs de feux, de soufre,
A quand la paix…

Depuis jamais les paysages,
A quand la paix…
Ont toujours fait plus que leurs âges,
A quand la paix…

Ils ont pris goût aux maléfices,
A quand la paix…
Ils en célèbrent les offices,
A quand la paix…

Le moindre calme ? Ils sont en manque,
A quand la paix…
L'humanité repart et banque,
A quand la paix …

Foin de tyrans, rois, d'oligarques ?
A quand la paix…
Qu'engendrent à souhait les Parques,
A quand la paix…

*

Mais le vrai germe de la chose,
A quand la paix…
Est une universelle cause,
A quand la paix…

Petits ou grands, noirs ou bien jaunes,
A quand la paix…
Pas moins les blancs, toutes leurs faunes,
A quand la paix…

Sont à la fois bourreaux, victimes,
A quand la paix…
Experts de riens, pas moins en crimes,
A quand la paix…

Pas un pour racheter ses frères,
A quand la paix…
Même le gnome a ses colères,
A quand la paix…

De plus en plus c'est la démence,
A quand la paix…
Et chacun va de son offense,
A quand la paix…

J'ai souvenir lorsqu'en primaire,
A quand la paix…
On se cognait, façon sommaire,
A quand la paix…

Lors surgissait quelque maîtresse,
A quand la paix…
Vilipendant à notre adresse,
A quand la paix…

Notre noire et naissante haine,
A quand la paix…
Déjà la coupe en était pleine,
A quand la paix…

*

Chacun de hurler à tue-tête,
A quand la paix ?
« Madam' c'est elle qui m'embête… »
A quand la paix…

Pas moins « c'est lui ! » Ils sont en selle,
A quand la paix…
Et le garçon, la demoiselle,
A quand la paix…

Pour engendrer d'autres pagaïes,
A quand la paix…
Et bien plus tard d'autres batailles,
A quand la paix…

Toi qui me lis rentre en toi-même,
A quand la paix…
Et si tu veux le bien suprême :
A quand ta paix ?


©Claude Gauthier, juin 2007