Sur une promenade à Barcarès

et un autre poème sans courber la tête devant la routine,
laborieuse et débile du libéralisme ; poutoux et clins d'œils



Des préfets les ont parqués
sur des plages exsangues
eux dont l'esprit est trop vaste.
Le soleil brûlait leur corps
ils se battent pour d'autres lumières.
Il creusaient le sable pour une eau
croupie et saumâtre
eux qui abreuvent les consciences.
Ils mâchaient des cordes
eux qui partagent les festins.
Leurs habits s'éparpillaient en lambeaux
leur peau est de fierté et de courage.
Ils comptaient les pas des vagues aux barbelés
eux qui dénient les frontières.
Ils voyaient les camarades mourir
eux si instruit de la vie.


      Un discret monument des combattants d'Espagne
      sur une promenade à Barcarès.
      Stèle du silence
      de tous les camarades sans noms, ceux de CNT FAI,
      du POUM, des communistes,
      des brigades internationales, des républicains
      et puis d'autres pour le simple fait d'être humain.
      Ces femmes ces hommes à qui je dois
      la joie d'une partie de mon existence,
      la chance de ne pas être de Barbarie
      sont reparties vers d'autres résistances.
      A n'y prendre garde,
      le pire de nous même détruit le plus beau.
      Voilà soixante-dix ans et rien n'est fini.




©  Bruno Toméra, avril 2007